« Pas plus qu’un homme, une chrétienté ne se nourrit de confitures. Le bon Dieu n’a pas écrit que nous étions le miel de la terre, mon garçon, mais le sel. Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d’ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir ! (…) Un vrai prêtre n’est jamais aimé, retiens ça. Et veux-tu que je te dise ? L’Église s’en moque que vous soyez aimés, mon garçon. Soyez d’abord respectés, obéis. L’Église a besoin d’ordre. Faites de l’ordre à longueur du jour. Faites de l’ordre en pensant que le désordre va l’emporter encore le lendemain parce qu’il est justement dans l’ordre, hélas ! que la nuit fiche en l’air votre travail de la veille – la nuit appartient au diable » (Georges BERNANOS, « Journal d’un curé de campagne », 1936).
I - RÉVEILLER LES CONSCIENCES OBSCURCIES PAR LE PÉCHÉ :
Dans l’Église actuelle, sous prétexte d’une fausse charité, de bien-pensance et de "pastoralement correct", on cherche tellement à éviter les conflits qu’on met de côté les dogmes qui pourtant sont l’expression des vérités de la foi. On ne garde que ce qui est gentil, agréable, consensuel, qui ne risque surtout pas de poser problème. Par peur ou indifférence coupable, on refuse de "réveiller" les baptisés parfois endormis dans leur foi ; on refuse de remettre en cause avec toute la douceur nécessaire (Galates VI, 1) les nombreuses consciences obscurcies par le péché. Par respect humain, on déconnecte volontairement la Miséricorde (pastorale) de la Vérité (doctrinale). « Qui s'aveugle volontairement sur le prochain sous-prétexte de charité ne fait souvent rien autre chose que de briser le miroir afin de ne pas se voir dedans. Car l'infirmité de notre nature veut que ce soit d'abord en autrui que nous découvrions nos propres misères. Prenez garde de vous laisser gagner par je ne sais quelle bienveillance niaise qui amollit le cœur et fausse l'esprit » (cf : Prieure à Blanche de la Force, Dialogues des carmélites, Bernanos). Relativiser la Vérité Salvatrice sous le fallacieux prétexte d'une fausse charité est malheureusement monnaie courante aujourd'hui. Peut-on laisser une âme s'encrasser dans la boue du péché via une "charité" qui ferme les yeux sur son salut éternel ? Non ! ...car nous sommes tous gardiens de nos frères (Genèse IV, 9).
On rappelle bien volontiers – et c’est fort bien ! – que Jésus n’a pas « condamné » la femme adultère tout en oubliant de mentionner la fin de sa phrase : « ne pèche plus » (Jean VIII, 11). La conversion des pécheurs a complètement été "dynamitée" par une molle charité quiétiste, bisounours, mielleuse, gnangnan. Le relativisme dialoguiste tendant à faire croire que « toutes les religions se valent » a de son côté aussi complètement "dynamité" l’urgence de l’évangélisation, de la mission (cf : Décret « Ad Gentes »). Certains chrétiens préféreront même passer leur temps à « sauver la planète » plutôt que de « sauver les âmes » (Matthieu XVI, 26). Ainsi, de la Personne Divine de Jésus, ne conserve t-on que le récit doucereux de Noël. Du péché et des fins dernières, il n’est plus question d’en parler. Gare au prêtre qui oserait encore rappeler et enseigner la doctrine catholique, parler du péché originel, de la perdition et de l'immortalité des âmes, du purgatoire, du ciel, du jugement particulier ou bien encore de Miséricorde Divine (confession). Gare au prêtre qui oserait combattre et résister – tels Mattathias, le vieillard Éléazar (II Maccabées VI, 18-31) et les Sept-Saints Maccabées – contre des lois sacrilèges, diaboliques (Taubira, Veil, Neuwirth), enjoignant les chrétiens à demeurer coûte que coûte fidèles aux Saintes Lois de Dieu « usque ad effusionem sanguinis » ! Ce dernier serait immédiatement "crossé" par son évêque, persécuté par la meute médiatique, insulté d’intégriste (le mot qui tue !), condamné à l’exil, muté au fin fond de son diocèse !
Aux prêtres-samaritains SOIGNANT AVEC LE BAUME DE LA MISÉRICORDE toutes les âmes blessées par le péché se sont substitués des professionnels de la "tolérance", de la "paix" et de "l’amour" ne tolérant absolument pas la doctrine catholique osant encore condamner – ô sacrilège des sacrilèges ! – la réalité objective du péché (CEC N°1849). Un péché qui peut tuer éternellement une personne. « Passer son chemin », refuser de soigner avec douceur, patience et délicatesse toutes ces âmes meurtries en omettant de condamner non pas la personne mais le péché, voilà le credo de ces professionnels de la bien-pensance, aujourd’hui déguisés en lévites (Luc X, 25-37) ! Il est vrai que « cela peut être difficile dans certaines circonstances, cela peut provoquer des ennuis, des dommages, des dangers ; mais la conscience nous rappelle que la Vérité oblige ; qu’elle a quelque chose d’inconditionnel, qui possède de la hauteur. On ne dit pas d’elle : tu peux la dire quand cela te plait ou quand tu dois arriver à un objectif, mais : Tu dois dire la Vérité quand tu parles ; tu ne dois pas la réduire ni l’altérer. Tu dois toujours la dire, simplement, même quand la situation te pousserait à rester silencieux, ou quand tu peux te soustraire avec désinvolture à une question » (Romano Guardini). À cause de ces propagandistes de la "tolérance", l'Église devient petit-à-petit une banale ONG administrée par des chrétiens eux-mêmes tombés dans une "spiritualité" mièvre, fade, droit-de-l'hommiste, sans saveur... le sel de la Vérité ayant été dilué dans de belles "valeurs" aussi creuses les unes que les autres ; des "valeurs" qui se sont substituées à la Vérité-Salvatrice du Christ. « Comment ne pas éprouver une certaine inquiétude devant la tendance négative qui se manifeste dans l'affaiblissement de l'élan missionnaire à l'égard des non-chrétiens ? Ce déclin est le signe d'une crise de la foi et la conséquence du relativisme qui a envahi l'Église elle-même de manière très profonde (...) Au nom de la Vérité, nous devons proclamer et annoncer Jésus-Christ, unique Sauveur du monde, à toutes les nations (...) La mission est le diamant brut de l'Épouse du Christ » (cf : Cardinal Robert Sarah, "Dieu ou rien").
En chaire, on n’entend plus les évêques et les prêtres parler du "scandale de la croix" qui pourtant est au cœur des enseignements de St Paul (cf : Catéchèse de Benoît XVI). Dans les sermons – pardon ! – dans les homélies bien souvent mielleuses, les mots « péché », « conversion », « sacrifice » sont devenus tabous. Les grandes vérités de foi (Divinité du Christ, Incarnation, Immortalité de l'Âme, Virginité Perpétuelle, Résurrection, Péché Originel, etc.) sont aujourd’hui au meilleur des cas passées sous silence ou bien, au pire des cas, publiquement contestées par de petits soviets diocésains bultmannisés, duquesnisés et bien souvent "sponsorisés" par des évêques ou des vicaires peu soucieux de la première des vertus cardinales ! Quelle souffrance ! Quelle souffrance ! Oui, quelle souffrance et quelle désespérance de constater cela, impuissant ! Que de larmes versées, que de vocations avortées ! En Occident, des pans entiers de l’Église sont en train de s’effondrer sous nos yeux, avec bien souvent la complicité des hommes d’Église, la complicité du Peuple de Dieu !
Aujourd'hui, « nous répétons sans cesse avec des larmes d’impuissance, de paresse et d’orgueil que le monde se déchristianise. Mais (...) c’est de nos cœurs que Dieu se retire, c’est nous qui nous déchristianisons, misérables ! » (cf : Bernanos, "Français, si vous saviez") ...car la Loi de Dieu n’est plus respectée, même chez les baptisés. Son Amour-Miséricordieux n’est plus pris au sérieux. Dieu n’est plus honoré, adoré. La Sainte Liturgie est de son côté démantelée, "prise en otage" par des laïcs ou des curés qui en font un "show" personnel au lieu de s'effacer devant l'action de Dieu. Parallèlement à tout cela, l’enseignement de notre Mère-Église est publiquement contesté, crucifié par l’orgueil de pseudo "grands-prêtres" profondément incultes… et ceci est très très grave car la tunique sans couture du Christ (unité) est déchirée (schisme) par ceux-là même qui se prétendent être disciples du Christ. Ces loups entrés dans la bergerie — qui se reconnaissent à leur contestation du Magistère — sont prêts à tout pour démolir l'Église ! Résultat ? Pendant que les mosquées poussent comme des champignons — transportant avec elles l'idéologie anti-christique d'un faux-prophète (Mahomet) — les églises sont démolies, transformées en skatepark ! (Pays-Bas). .
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II - L'ÉGLISE A BESOIN DE PRÊTRES "PÊCHUS", ÉNERGIQUES ET VIRILS :
Que faudrait-il faire pour que les choses changent ? Pour réveiller les consciences endormies ? Pour sortir les baptisés de leur léthargie ? Que faudrait-il faire pour que l’Église-qui-est-en-France retrouve son dynamisme missionnaire d’antan et sa capacité à entraîner les fidèles à une foi plus fervente, enthousiaste, virile et à jamais idéaliste ? Que faudrait-il faire pour que de jeunes garçons puissent découvrir la beauté du sacerdoce ? Et à d’autres jeunes la splendeur de la vie consacrée ? Il faudrait d’abord des prêtres – de saints prêtres ! – qui sachent enseigner avec conviction et certitude, d’une façon claire et attrayante, le catéchisme de l’Église catholique. Pas Pierres Vivantes ou autres balivernes diocésaines. Le catéchisme, rien que le catéchisme ! Et pas autre chose. Des prêtres "pêchus", énergiques et virils, qui assument parfaitement leur identité sacerdotale, « bien dans leur soutane », et qui sachent, avec l’humilité et la douceur du Cœur de Jésus, dignement célébrer la Liturgie telle qu’elle est déterminée par l’Église et non telle que la souhaite l’EAP locale dirigée par une poignée de mamies-bigoudis surexcitées bien souvent allergiques au sacré, à la prière, au silence, à l'intériorité, à la contemplation. Des prêtres, des religieux et des religieuses assoiffés de sainteté, dévoués de gentillesse et de douceur, accueillant et allant à la rencontre de toutes personnes « là où elles se trouvent », sans juger qui que ce soit ; des prêtres infiniment miséricordieux et missionnaires, passionnés par la Vérité, enracinés dans la prière, rayonnant constamment la joie de Dieu, prêts à se sacrifier pour leurs brebis jusqu’à la pureté du martyre, en union avec Jésus-crucifié, Pasteur suprême des âmes. Et malgré les difficultés rencontrées, l'indifférence du monde et l'ingratitude des paroissiens, toujours se dire : « SEMPER FIDELIS ! ». Et il en existe de ces personnes héroïques ! Elles ne sont peut-être pas les plus nombreuses mais sont la fierté de l’Église, la gloire de la chrétienté, l’honneur de la France éternelle et de nos paroisses !
Il faudrait aussi supprimer ou réduire à son "minimum vital" toutes les « bureaucraties mitrées » (Cardinal Ratzinger) qui "engourdissent" de l’intérieur les diocèses, qui "noyautent" la fraîcheur et la vitalité de l’Évangile. Il n’est pas normal qu’un baptisé, et encore moins un prêtre, passe ses journées à s’épuiser en réunions stériles, s'exposant à un burn-out. Des réunions qui ne servent souvent à rien si ce n’est qu’à brasser du vent dans une novlangue ecclésiastique devenue insupportable ! La priorité des priorités doit être donnée au salut des âmes, à l’évangélisation directe, à la catéchèse, à la vie spirituelle (Office Divin, Messe quotidienne, confession, chapelet, sacrements, etc.), à la visite des malades, des prisonniers, des souffrants et des oubliés de ce monde : « Relisons ensemble l’Évangile : Jésus a toujours confié une charge à une personne, jamais à des institutions. C’est sur la personne de l’évêque que se fonde l’Église et non pas les bureaux diocésains. Il n’y a rien de plus grotesque que de penser que le Christ aurait voulu créer des commissions ! Nous devons redécouvrir une vérité catholique : dans l’Église, tout est personnel, rien ne doit être anonyme. Pourtant, c’est bien derrière des structures anonymes que se cachent aujourd’hui tant d’évêques. Toutes ces commissions, ces sous-commissions, ces groupes et ces bureaux en tous genre... On se plaint que nous manquons de prêtres, et c’est vrai, alors que des milliers d’ecclésiastiques sont préposés à la bureaucratie cléricale. Tous ces documents, ces papiers que personne ne lit et qui n’ont d’ailleurs aucune importance pour l’Église vivante... La foi est bien plus simple que tout cela » (Hans Urs von Balthasar).
Cette lourdeur bureaucratique qui dure depuis 50 ans au moins s’est peu à peu substituée à la vraie vie spirituelle, à la fraîcheur de l’Évangile. On a mis progressivement le Christ, l’étude de la Liturgie et de la doctrine catholique dans la sacristie. Résultat ? Dans les paroisses et les séminaires, on "tue" la pratique religieuse, on étouffe les vocations sacerdotales, on massacre toute forme de vie consacrée (+) (+) (+). Les jeunes qui se posent encore la question de la prêtrise et/ou de la vie religieuse sont rarement orientés dans des endroits où la vie spirituelle est prise au sérieux et se retrouvent bien souvent totalement dégoûtés de Dieu. Quelle tristesse ! Quel gâchis ! De nombreux jeunes sont "brisés" à vie dans leur vocation à cause d’une pastorale "expectative" (on refusera le jeune car pas encore Bac+5) ; à cause de mauvais chrétiens... mais aussi et surtout à cause de formateurs et de prêtres "anti-romains" ne prenant pas au sérieux la Foi, la Liturgie et les dogmes de l’Église. Nombreux sont les jeunes qui se disent : "pourquoi s'engager si plus rien n'est vrai, si tout est relatif et flou, si même nos formateurs ne croient plus en rien ? Pourquoi s'engager si toutes les religions se valent et que le soucis du salut des âmes n'est plus une priorité chez des pasteurs infectés par le relativisme ambiant ? etc."
Bref, très rapidement, le jeune comprendra avec souffrance qu’il n’est pas « pris au sérieux » …et il partira, soit définitivement, soit en espérant trouver un autre Séminaire, Couvent ou Monastère "bien catholique" prenant avec sérieux sa vocation, sa formation théologique, son amour inconditionnel pour le Christ, son soucis pour le salut des âmes (et cela existe de plus en plus en France, rendons grâce à Dieu ! Prions, encourageons et soutenons les jeunes garçons et les jeunes filles qui, de plus en plus, veulent tout quitter pour suivre Jésus). C'est un peu trop facile de pleurer sur le manque de vocations quand on a transformé les séminaires diocésains en "foutoirs liturgiques", squattés par des hérésiarques notoires, allergiques au Magistère de l'Église, bref, en maisons où tout est permis... sauf recevoir et appliquer fidèlement les directives doctrinales et liturgiques de l’Église Mater et Magistra. Dans ce contexte de pensée molle et de religiosité flasque, de nombreux prêtres refusant de « faire face » (Bernanos) se voient malheureusement dans l’obligation d’apprendre aux fidèles assoiffés d'absolu et de sainteté comment être "gentils", "souples" (c'est-à-dire relativistes), "compréhensifs" devant toutes sortes de péchés (au lieu d'appeler à la conversion), de réduire la foi à des "valeurs" aussi creuses les unes que les autres, (cf : avertissement du philosophe Soloviev) et de leur rappeler – en s’appuyant sur une lecture biaisée du Nouveau Testament – que ceux qui tiennent aux vérités de la foi ne peuvent être que des « pharisiens » si ce n’est pas des « intégristes » (le mot qui tue !). « Des jours viendront où, dans la chrétienté, on tentera de réduire le fait du salut à une simple série de valeurs » (Cardinal Biffi, 27/02/2007).
III - POUR LE BIEN DES ÂMES, PRENDRE AU SÉRIEUX LA LITURGIE :
Le manque de sérieux et de révérence pour la Liturgie ("source et sommet de la vie de l'Église !") a bien évidemment aussi joué un rôle majeur dans la crise que nous connaissons aujourd’hui en Occident. Et ce n’est pas "manquer à la charité" d'affirmer que certains évêques y ont une part de responsabilité (Christus Dominus §15). « Je suis convaincu que la crise de l'Église que nous vivons aujourd'hui repose largement sur la désintégration de la Liturgie » (Cardinal Ratzinger). Aujourd'hui, dans la plupart des églises, les messes désacralisées, déritualisées, désinculturisées (latin et grégorien totalement liquidés), infantilisantes (rondes d’enfants autour de l’autel), ont évacué toute gravité et intériorité, le sacrifice de la Croix ayant été remplacé par un culte neutre de l’homme faisant « fuir » les baptisés les uns après les autres. Sous-prétexte d'une participatio actuosa (+) mal-comprise, le nivellement par le bas de la Liturgie a détruit la foi de nombreux baptisés, brisé de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses. L'abaissement du niveau et le refus de toute exigence dans la transmission de la foi (transmission fragilisée par le pédagogisme liturgico-catéchétique "d'experts" bien souvent auto-proclamés) a créé – comme dans l'Éducation Nationale – une génération d'illettrés et d'analphabètes au cœur de l'Église ; une génération de fidèles indisciplinés préférant "sécher" la Sainte Messe dominicale – au vu de la situation catastrophique, on peut les comprendre – alors que leur avenir éternel (Paradis, Enfer) est en jeu !
Comment se fait-il que les services liturgiques des cathédrales françaises soient INCAPABLES d’être au même "niveau" d’excellence et de dignité que celle de Westminster ? (cf : Entrée liturgique, Messe de Minuit, forme ordinaire). Comment se fait-il que les prêtres de nos paroisses – qu'il faut aider et soutenir – soient aussi pour la plupart d'entre eux INCAPABLES de chanter dignement la Sainte Messe (CD-formation) mais aussi de monter – avec quelques personnes et un organiste compétent – des scholæ cantorum (cf : Sacrosanctum Concilium N°114) sachant au moins chanter (en "entraînant" vers le haut l'assemblée) le "minimum vital" liturgique, comme la traditionnelle « Messe des Anges » ? Où sont passées nos saintes Messes de Requiem que nos anciens savaient encore chanter par cœur jusque dans les églises les plus reculées de nos villages, de nos campagnes ?
C’est faire insulte à nos ancêtres dans la foi, insulte au sensus fidei, insulte à la culture, insulte au Peuple de Dieu, que de jeter avec orgueil et du jour au lendemain à la poubelle les richesses d’un patrimoine liturgique plus que millénaire ! « La beauté des rites ne sera, certes, jamais assez recherchée, assez soignée, assez travaillée, puisque rien n'est trop beau pour Dieu, qui est la Beauté infinie. Nos Liturgies de la terre ne seront toujours qu'un pâle reflet de la Liturgie céleste, qui se célèbre dans la Jérusalem d'en haut, objet du terme de notre pèlerinage sur la terre. Puissent, pourtant, nos célébrations s'en approcher le plus possible et la faire pressentir ! » (Benoît XVI, N-D de Paris). L'esprit de ce que certains appellent – depuis Vatican II – "Nouvelle Pentecôte" et qui ferait tabula rasa de ce que l'Esprit-Saint a construit dans l'Église depuis des millénaires ne peut être que diabolique, orgueilleux. Appliquer la légitime restauration liturgique sans « l’herméneutique de la continuité » (Benoît XVI) est suicidaire pour l’Église, SUICIDAIRE ! Comment un arbre peut-il encore pousser si on lui coupe ses racines ?
« La Liturgie catholique doit demeurer théocentrique. C’est sa nature même. Elle se situe bien au-delà d’une rencontre fraternelle et d’un partage de vie. Saint Paul ne craignait pas de le rappeler aux chrétiens de Corinthe. L’Eucharistie est essentiellement la réitération du Sacrifice Rédempteur du Christ. C’est une réalité dont aucun ministre, aucun laïc n’est propriétaire. C’est un mystère sacré qui requiert une atmosphère de gravité et de dignité et ne supporte pas la médiocrité, le laisser-aller du lieu, de la tenue vestimentaire, des objets du culte. Simplicité, oui ! Désinvolture, jamais ! » (Bx Paul VI, avril 1977).
Intrinsèquement théocentrée, la Liturgie s’est peu à peu anthropocentrée, horizontalisée, dévirilisée, "aplatie" dans un culte qui baigne dans la sentimentalité émotionnelle d’une philanthropie irréaliste, toujours sous le prétexte d’une participatio actuosa (+) mal-comprise qui a "dynamité" les scholæ cantorum (SC N°114), parfois même interdites - surtout si elles étaient grégoriennes, nivelant en conséquence par le bas la beauté du chant liturgique. Seules échappent au marasme les rares paroisses à la tête desquelles se trouve un curé au caractère bien trempé et à la théologie bien charpentée, qui refuse de se plier au diktat des soviets diocésains. Ces curés là, pourvoyeurs de vocations, ne plaisent généralement pas aux évêques qui préfèrent des églises vides et des tonnes de « laïcs en responsabilité » tombés dans le pipotron ecclésiastique plutôt qu’un prêtre ouvertement catholique-romain, appliquant avec sérieux, gravité et dignité, la Sainte et Divine Liturgie !
Prendre au sérieux sa foi en évacuant le "pastoralement correct" et la "langue de buis" est aujourd’hui fondamental. Et encore une fois, ce n’est pas "manquer à la charité" que de rappeler certaines vérités, qu’elles soient liturgiques, doctrinales ou pastorales. Franz Overbeck (1837-1905), historien spécialiste du protestantisme, rappelait que « rien ne dépeuple autant une église qu’un prédicateur qui oublie le dogme pour ne mettre en avant que ses seules vues personnelles ». Et la grande Thérèse d’Avila, Docteur de l’Église, ne disait pas autre chose : « Les prédicateurs eux-mêmes visent dans leurs discours à ne point déplaire. Leur intention est bonne, ainsi que leur conduite, je veux bien le croire ; mais enfin, de cette manière, ils convertissent peu de monde. Pourquoi ne sont-ils pas en plus grand nombre, ceux que les sermons arrachent aux vices publics ? Savez-vous ce qu'il m’en semble ? C’est qu’il y a dans les prédicateurs trop de prudence mondaine. Elle ne disparaît pas chez eux, comme chez les apôtres, dans cette grande flamme de l’amour de Dieu ; voilà pourquoi leur parole embrase si peu les âmes. Je ne dis pas que leur feu doive égaler celui des apôtres, mais je voudrais le voir plus grand qu’il n’est. Voulez-vous savoir ce qui communiquait ce feu divin à la parole des apôtres ? C’est qu’ils avaient la vie présente en horreur, et foulaient aux pieds l’honneur du monde. Quand il fallait dire une vérité et la soutenir pour la gloire de Dieu, il leur était indifférent de tout perdre ou de tout gagner. Quiconque a tout hasardé pour Dieu domine également et les succès et les revers. Je ne dis pas que je suis telle, mais je voudrais bien l’être. Oh ! de quelle magnifique liberté ne jouit pas celui qui regarde comme un esclavage d’avoir à vivre et à converser avec les humains d’après les lois du monde ! » (cf : Livre de la Vie, Chapitre XVI).
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