29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 18:59

Après Vatican II, de nombreux prêtres et de nombreux fidèles laïcs ont mis l'accent sur l' "engagement". Pour être un "vrai catholique", il fallait s'engager au service d'une cause : la lutte ouvrière, le syndicalisme... Que de religieuses et de religieux ont quitté leurs couvents pour aller vivre en H.L.M. au nom de l' "engagement" ! Que de prêtres ont abandonné l'adoration eucharistique pour donner la priorité à leurs "engagements" ! Que de fidèles ont été invités, au cours des messes dominicales, à venir à l'ambon pour témoigner de leurs "engagements" ! Et tout ceci se faisait au nom de l'exercice de la charité évangélique…

 

 

La charité était donc devenue première : en son nom, il n'était plus possible de dire à quelqu'un qu'il se trompait, qu'il faisait fausse route. Tout devenait admissible. Tout devenait excusable et devait être excusé. De cette époque date la perte du sens du péché et le remplacement de la confession individuelle par des absolutions collectives... Pourtant, un universitaire avait osé prétendre qu'en mettant ainsi la charité au premier plan pour aboutir à ne parler plus que d'elle en sorte qu'on puisse tout justifier en son nom, on faisait fausse route. Il fut rapidement accusé d'être un emblème de la "réaction anti-conciliaire". En fait, Romano Amerio*** - car c'est de lui qu'il s'agit - avait compris que la "charité" ne pouvait pas aller sans la "Vérité", et que dans ce binôme, il fallait donner la "primauté de la Vérité sur l'amour". Renverser ces valeurs ne pouvait que conduire à une grave confusion aboutissant à mettre toutes les idées et toutes les religions au même niveau. Plus d'erreurs, mais plus de Vérité non plus... au nom de la charité ! Or pour Romano Amerio, seule la Vérité pouvait rendre libre et non l'inverse. La fidélité de l'Eglise du Seigneur à son essence originelle se fonde sur cet ordre. A l'occasion d'un pèlerinage à Sainte-Anne d'Auray, Mgr Centène, Evêque de Vannes, s'était demandé si nous n'avons pas trop souvent oublié qu'il existe une Vérité objective sur Dieu et sur l'homme, une Vérité qui ne dépend pas de nos appréciations et moins encore de nos caprices. Puis il avait montré que « l'éclipse du sens de Dieu provoque inexorablement l'éclipse du sens de l'homme », pour en arriver à conclure que « la Vérité sans la charité est un fruit amer [tout comme] la charité sans la Vérité est un fruit pourri ». La charité ne porte des fruits que si elle s'enracine dans la Vérité. "Caritas in Veritas" : telle sera le titre de la prochaine Encyclique de Benoît XVI.


Pro Liturgia

 

 

 

*** Dix ans après sa mort, l’universitaire Romano Amerio a été réhabilité. Dans un article signé par Raffaele Alessandrini, l'Osservatore Romano reconnaît aujourd’hui chez Amerio une critique « prévoyante… du processus de sécularisation qui est aussi en cours au sein du monde chrétien » et les « risques du relativisme envahissant ». La critique conduite par Amerio repose sur la « primauté de la Vérité sur l’amour » dont le renversement conduit à une confusion qui met toutes les religions au même niveau. Pour Amerio, dit encore Alessandrini, « seule la Vérité rend libre et non l’inverse… la fidélité de l’Église à son essence originelle se fonde sur cet ordre ».

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commentaires

M
Je crois que les deux sont à proscrire! ;-)
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M
"La Vérité sans la charité est un fruit amer"... Ca c'est bien vrai!
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Y
<br /> <br /> … et « la charité sans la Vérité est un fruit<br /> pourri ».<br /> <br /> <br /> Entre nous, je préfère le fruit amer que le fruit pourri.<br /> Non ? :-)<br /> <br /> <br /> <br />