14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 01:50

VI. Mœurs et coutumes de la cité de Dieu

 

Si la cité du monde aime à sa manière, la cité de Dieu aime à la manière de Dieu. Ici, toute la loi se résume dans la charité, l’amour de Dieu et du prochain. La charité, dit Saint Augustin, la charité douce en parole, plus douce en action. Dilectio, dulce verbum, sed dulcius factum. (In Epist. S. Joann. Tract. VIII). Aimer Dieu et chercher en lui le bonheur, c’est ce qui règle en nous tout l’homme intérieur : Aimer le prochain et lui souhaiter d’être avec nous heureux en Dieu, c’est ce qui règle tout l’homme extérieur : et alors tout étant bien ordonné avec Dieu, tout se trouve bien ordonné avec les hommes. C’est pour cela que toutes les législations dignes de ce nom sont puisées dans les dix commandements de Dieu : tous les législateurs reconnurent qu’ils ne sauraient mieux régler les Etats qu’en imitant, selon la mesure du possible, la législation de la cité de Dieu, laquelle est le premier des Etats, et par conséquent la règle comme le salut des Etats temporaires et transitoires.

 

La cité de Dieu professe donc, avant tout, le respect de Dieu, ce respect qui se nomme l’adoration : par suite, elle professe le respect du prochain, qui est l’œuvre de Dieu et qu’il faut aimer pour Dieu. C’est de là que découle toute la morale chrétienne : morale qui, tout en assurant l’éternel bonheur des hommes, leur procure aussi la plus grande somme possible de paix et de bonheur ici-bas : en sorte que si l’humanité tout entière était unie dans l’adoration de Dieu et dans la pratique de sa loi, nous verrions diminuer, dans des proportions incalculables, les maux qui nous affligent ici-bas, et la terre pourrait devenir le vestibule du ciel.

 

C’est une chose à laquelle on ne réfléchit pas assez : et pourtant quoi de plus désirable que de travailler au repos et au bien de l’humanité sur la terre afin que tous aient la plus grande facilité possible de s’acheminer vers l’éternelle félicité. Si la cité de Dieu était libre ici-bas, si elle pouvait déployer à son aise toutes les ressources de la charité que Dieu inspire au cœur de ses enfants, ce serait merveille de voir combien de souffrances disparaîtraient, combien les pauvres seraient consolés, combien le travail serait facilité, et combien la vie présente serait plus heureuse que nous ne la voyons. Mais la cité de Dieu n’est pas libre ici-bas : elle a la liberté intérieure d’aimer, mais elle n’a pas la liberté extérieure de faire produire à son amour tous les fruits qu’il voudrait porter : elle en souffre, elle prie et demande à Dieu la délivrance, la liberté, la vraie liberté.

 

 

(à suivre…)

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