En Marie, centre et pointe de l'Église, lit nuptial du Christ et de la Sainte Église, celle-ci est dès maintenant l'Épouse sans tache ni ride, l'Immaculata. Comme promis à Ève, c'est la progéniture de Marie, son Fils d'abord, les croyants qu'elle engendre dans l'Église ensuite, qui frappe le serpent à la tête. Marie devant qui « l'Ennemi est frappé de terreur », devant qui les anges s'inclinent, est signe d'espérance certaine et réalisée. « Aurore du Soleil levant », « la première des merveilles du Christ Sauveur » (Hymne acathiste), « le fruit le plus beau de l'œuvre rédemptrice de son Fils » (Rahner), Marie, qui n'avait pas le moindre besoin de la Rédemption, fut rachetée la première, d'une manière plus sublime. « Fille de son Fils », Mère de son Créateur, elle « reçoit la vie de Celui auquel elle-même, dans l'ordre de la génération terrestre, donna la vie comme mère » (Dans la bouche de Saint Bernard, in Dante, Le Paradis, XXXIII, 1; Redemptoris Mater, 10). Le oui total, cette ouverture ingénue de Marie à la grâce est déjà permis par la grâce, qui l'a enveloppée totalement dès sa naissance, cette grâce qui ne supprime pas la liberté mais la crée.
Espérance de toute guérison, « l'Immaculée Conception est donc l'aube prometteuse du jour radieux du Christ, qui, par sa mort et sa résurrection, rétablira l'harmonie complète entre Dieu et l'humanité » (Jean-Paul II, Message pour la journée des malades, 2004). « L'enseignement sur l'Immaculée est finalement l'expression de la certitude de foi que la Sainte Église existe vraiment comme personne et en personne », l'expression de la certitude de l'Église sur le salut, il « atteste que la grâce de Dieu est suffisamment puissante pour susciter une réponse » (Joseph Cardinal Ratzinger, La Fille de Sion, Parole et Silence, 2002, p. 79). Seule l'Ecclesia Immaculata peut saisir toute la grâce offerte dans un sacrement : derrière nos réceptions souvent défaillantes, il y a ce oui parfait ; dans nos tentatives d'union au sacrifice du Christ, il y a le geste d'offrande de Marie : « Ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église ». Derrière nos confessions qui ne peuvent découvrir les recoins les plus secrets de nos âmes, « se tient l'Église archétypique avec sa transparence parfaite devant Dieu ». (Hans Urs von Balthasar, ibid. p.115).
Le Sénevé (Pentecôte 2005) - Journal des aumôneries de
l'École normale supérieure et de l'École des Chartes