11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 09:40

La mariologie rappelle qu'en la faiblesse et la discrétion réside la force de Dieu : « plus un homme est remis à Dieu est enfoui en Dieu, plus Dieu, quand il le veut, peut le mettre en lumière dans sa personnalité propre » (Hans Urs von Balthasar, ibid, cf. 2 Co 12 10). Contre la prévalence du principe masculin du faire, contre l'activisme et une ecclésiologie exclusivement structurelle qui ramènerait l'Église à un programme d'action (et le christianisme à un programme - Jésus objectivé), rappelons-nous que l'Église n'est pas un produit de notre fabrication, mais la semence vivante de Dieu qui croît et mûrit. En faisant tout dépendre de notre propre pouvoir, en réformant sans cesse pour une plus grande efficacité, d'après les besoins et les modèles du temps, nous risquons d'oublier l'archétype et de sombrer dans la mondanité spirituelle, visant la perfection spirituelle et morale de l'homme, non la gloire du Seigneur. Tel est le drame de notre rapport avec l'Église, que nous traitons comme un produit technique, à fabriquer par dépense d'énergies. La vénération de Marie nous éclaire sur la nature de l'Église, comme réalité intérieure, union intime, sponsale, de la créature avec son Seigneur, qui accomplit par la foi l'espoir de divinisation.

 

L'Église a besoin du mystère marial, pour être elle-même, car elle est mystère marial. Ce n'est que si nous nous plaçons sous ce signe, si nous accueillons ce symbole de la terre féconde, du jardin-paradis, que nous laisserons en nous, dans la profondeur de la prière, rassemblés vers l'intérieur, de la place pour une croissance, et alors, l'Église sera féconde. La passivité n'est qu'apparente puisque face à Dieu, recevoir et laisser faire sont actes suprêmes. Continuons pour cela de chanter le Magnificat, dans l'Église qui demeure la Servante du Seigneur. « À l'égard du concept d'Église, une mariologie correctement comprise exerce une double fonction de clarification et d'approfondissement », pour éviter à la fois idolâtrie et masculinisme. « L'Église est le corps, la chair du Christ dans la tension spirituelle de l'amour, où s'accomplit le mystère conjugal d'Adam et d'Ève, donc dans le dynamisme d'une unité, qui ne supprime pas le face à face. Le mystère eucharistique et christologique de l'Église Corps du Christ ne garde sa juste mesure que s'il inclut le mystère marial ». (Joseph Cardinal Ratzinger, Marie, Mère de l'Église, in Marie, première Église).

 

Le Sénevé (Pentecôte 2005) - Journal des aumôneries de

l'École normale supérieure et de l'École des Chartes

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