19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 05:29

1. Les réflexions que nous avons faites jusqu'à présent sur l'amour humain dans le plan divin demeureraient en quelque sorte incomplètes si nous ne cherchions pas à en voir l'application concrète dans le cadre de la morale conjugale et familiale. Nous allons faire ce dernier pas qui nous mènera à la conclusion de notre désormais long chemin, dans le sillage d'une importante déclaration du récent Magistère : l'Encyclique Humanae vitae que le Pape Paul VI a publiée en juillet 1968. Nous relirons cet important document à la lumière des résultats que nous avons obtenus en examinant le dessein divin initial et les paroles du Christ qui y renvoient

 

2. « L'Église enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie... » (HV n. 11.) « Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation. » (Humanae vitae, n. 12.)

 

3. Les considérations que je m'apprête à faire regardent particulièrement le passage de l'encyclique Humanae vitae qui traite des « deux significations de l'acte conjugal » et de leur « lien indissoluble ». Je n'entends pas présenter un commentaire au sujet de toute l'encyclique, mais plutôt en expliquer et approfondir un passage. Au point de vue de la morale chrétienne contenue dans cette encyclique, cet extrait a une signification centrale. Il constitue en même temps un élément qui est en rapport très étroit avec nos réflexions précédentes sur le mariage dans la dimension du signe (sacramentel). Et comme - ainsi que je l'ai dit - c'est un passage central de l'encyclique, il est évident qu'il se trouve profondément inséré dans toute sa structure : son analyse doit donc porter sur les différents éléments composant cette structure, même si l'on n'a pas l'intention de commenter le texte tout entier.

 

4. Dans mes réflexions sur le signe sacramentel, j'ai dit à plusieurs reprises que celui-ci est basé sur « le langage du corps », relu dans la vérité. Il s'agit d'une vérité affirmée une première fois au début du mariage quand les nouveaux époux, se promettant l'un à l'autre « d'être toujours fidèles, de s'aimer et de s'honorer tous les jours de leur vie », deviennent ministres du mariage comme sacrement de l'Église. Puis, il s'agit d'une vérité qui, peut-on dire, est sans cesse affirmée à nouveau. En effet, vivant dans le mariage « jusqu'à la mort », l'homme et la femme reproposent continuellement, en un certain sens, ce signe que le jour de leurs noces ils se sont donné eux-mêmes grâce à la liturgie du sacrement. Les paroles de l'encyclique de Paul VI que nous avons citées concernent ce moment de la vie des époux où tous deux, en s'unissant dans l'acte conjugal, deviennent, selon l'expression biblique « une seule chair » (Gn 2, 24). Précisément dans ce moment si riche de signification, il est particulièrement important de réexaminer « le langage du corps » dans la vérité. Cette lecture est une condition indispensable pour agir dans la vérité, c'est-à-dire pour se comporter conformément à la valeur et à la norme morale.

 

5. Non seulement l'encyclique nous rappelle cette norme, mais elle cherche aussi à en donner le fondement adéquat. Pour mieux éclairer ce « lien indissoluble » que Dieu a voulu entre les deux significations de l'acte conjugal », Paul VI écrit dans la phrase suivante : « ... par sa structure intime, l'acte conjugal, en même temps qu'il unit profondément les époux, les rend aptes à la génération de nouvelles vies, selon les lois inscrites dans l'être même de l'homme et de la femme ». (Humanae vitae, n. 12.). Observons que, dans la phrase précédente, le texte qui vient d'être cité traite surtout de la « signification » et, dans la phrase suivante, de la « structure intime » (c'est-à-dire de la nature) du rapport conjugal. Définissant cette « structure intime », le texte se réfère « aux lois inscrites dans l'être même de l'homme et de la femme ». Le passage de la phrase qui exprime la norme morale à la phrase qui l'explique et la motive est particulièrement significatif. L'encyclique induit à chercher le fondement de la norme qui détermine la moralité des actions de l'homme et de la femme dans l'acte conjugal, dans la nature de cet acte même et encore plus profondément dans la nature des sujets mêmes qui agissent.

 

6. De cette manière, la « structure intime » (c'est-à-dire la nature) de l'acte conjugal constitue la base nécessaire pour une lecture et une découverte adéquates des significations qui doivent se transférer dans la conscience et dans les décisions des personnes qui agissent; elle constitue également la base nécessaire pour établir le rapport adéquat de ses significations, c'est-à-dire leur indissolubilité. Parce que en même temps « l'acte conjugal unit profondément les époux » - pour un temps - et, en même temps, « les rend aptes à la génération de nouvelles vies », et que l'un et l'autre adviennent « en raison de sa structure intime », il en résulte que la personne humaine « doit » (par besoin propre de la raison, la nécessité logique) considérer en même temps les « deux significations de l'acte conjugal ». Ici, il ne s'agit de rien d'autre que de lire dans la vérité le « langage du corps », comme je l'ai dit plusieurs fois au cours des précédentes lectures bibliques. La norme morale que l'Église ne cesse d'enseigner en cette matière et que Paul VI rappelle et reconfirme dans son encyclique découle de la lecture du « langage du corps » dans la vérité. Il s'agit ici de la vérité, d'abord dans sa dimension ontologique (« structure intime »); ensuite et par conséquent, de sa dimension subjective et psychologique (« signification »). Le texte de l'encyclique souligne que, dans le cas en question, il s'agit d'une norme de la loi naturelle.

 

Audience générale de Jean-Paul II, le 11 juillet 1984 (DC 1984, p.841)

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