4 août 2006 5 04 /08 /août /2006 19:50

« Voici ce qu’a fait Dieu pour exalter sa grâce en abaissant la sagesse de l’homme : il a daigné prendre chair d’une femme restée vierge, afin de restituer la ressemblance par ce qui est semblable, de guérir le contraire par son contraire, d’arracher l’épine vénéneuse et de détruire d’une main puissante l’arrêt de mort porté par le péché. Si Ève fut l’épine, Marie s’éleva comme la rose. Ève fut l’épine qui blessa, Marie, la rose qui soulage toutes douleurs. Ève, de sa pointe acérée infusa la mort à l’espèce humaine entière, Marie, comme une rose, lui rendit le salut. Rose ? Oui, vraiment, puisque la blancheur de sa virginité s’unit à la pourpre de sa charité; elle est blanche par son intégrité corporelle, rouge par l’ardeur de son âme; blanche par la candeur de ses mœurs, rouge par sa véhémence à fouler aux pieds les vices; blanche par la pureté de ses affections, rouge par la mortification de sa chair; blanche par son amour pour Dieu, rouge par sa compassion pour le prochain. « Le Verbe s’est fait chair, et il a demeuré parmi nous » (Jean 1, 14). Il habite en notre mémoire, il habite en notre pensée, parce qu’il est descendu jusqu’à notre imagination ! « Comment cela ? », diras-tu. Eh bien, il fut couché dans une crèche, se reposa sur le sein d’une vierge, prêcha sur la montagne, passa les nuits en prière, fut suspendu à la croix où il mourut en répandant jusqu’à la dernière goutte de son sang; puis, « libre parmi les morts » (Ps 87, 6), il commanda aux enfers, ressuscita le troisième jour, montra aux Apôtres les traces des clous, signes de sa victoire, et, pour finir, pénétra sous leurs yeux jusqu’au plus haut des cieux. Voilà bien des sujets pour une méditation authentique et sainte ! En me remémorant ces faits, c’est à Dieu que je pense. Car il est présent en tout. Je vous le dis : les méditer, c’est sagesse; à mon avis, c’est prudence que de faire jaillir le souvenir de leur suavité. Dans leurs amandes, la verge d’Aaron a produit son fruit savoureux. Marie en a goûté la sève dans les hauteurs et nous l’a rendue à profusion. Dans les hauteurs, certes, et même au-delà des Anges, puisqu’elle reçut le Verbe du cœur même de son Père.

 

Homélie de Saint Bernard, abbé (Sur la Bienheureuse Vierge Marie 11-12 : PL 184, 1020)

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