Les gesticulations en tous sens qui ont suivi la levée des excommunications des évêques sacrés par Mgr Lefebvre puis les propos inqualifiables de Mgr Williamson nous auront appris [...] que bien peu de fidèles gesticulateurs sont "catholiques" au plein sens du terme. Car un catholique est celui qui met sa confiance dans l'Eglise du Seigneur sans chercher à faire la leçon à celui qui est chargé de la diriger. Fort heureusement, à côté de ces "agités du bonnet" existent les fidèles qui forment les "Silencieux de l'Eglise" : ceux-là, instinctivement, savent qu'il faut soutenir le pape. Ce sont ceux qu'on ne voit pas toujours aux messes dominicales concoctées par les champions de la pastorale liturgique locale, mais qu'on retrouve autour du pape quand il vient en France et célèbre des messes d'où la beauté des rites et le chant propre de la liturgie romaine - le grégorien - ne sont pas bannis; ce sont ces fidèles qui font que la pétition en faveur de Benoît XVI franchi aujourd'hui les 20.000 signatures en deux jours à peine, tandis que la pétition de "Golias" (les fameaux loups déguisés en agneaux prêts à dévorer le pape), n'en est qu'à... 120 signatures depuis plus d'une semaine ! Si ça ce n'est pas un baromètre de popularité qui devrait pousser certains de nos évêques timorés à revoir leur copie ! [...] Celui qui avance ainsi sur le chemin tracé par Benoît XVI constate alors - s'il sait regarder les choses - que le Pape Benoît est en train de réaliser très exactement le programme qu'il avait annoncé lors de son tout premier discours adressé en 2005 à la Curie romaine. Rappelons ses paroles : « Quel a été le résultat du Concile ? A-t-il été accueilli de la juste façon ? Dans l'accueil du Concile, qu'est-ce qui a été positif, insuffisant ou erroné ? Que reste-t-il encore à accomplir ? Personne ne peut nier que, dans de vastes parties de l'Eglise, la réception du Concile s'est déroulée de manière plutôt difficile (...) La question suivante apparaît : pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l' "herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. L'herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise post-conciliaire ». Nous voyons donc parfaitement que les événements de ces derniers jours auront servi à mettre devant leurs responsabilités deux catégories de fidèles :
· La catégorie qui souhaitait rester dans ses certitudes confortables et qui comprend à la fois des traditionalistes refusant Vatican II au nom de leur vision de la tradition, et la majorité de clergé français se prétendant attaché à un Concile que dans les faits il n'a jamais mis en œuvre;
· La catégorie des fidèles - tous âges confondus - qui ne cessent de demander l'application, dans une "herméneutique de continuité", de ce que le Concile a vraiment dit et vraiment demandé.
Il y a fort à parier que ce sont surtout les fidèles de la seconde catégorie qui auront à travailler au rayonnement de l'Eglise... aux côtés du Saint-Père, bien sûr !
Pro Liturgia