29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 17:29

On demande aux fidèles "traditionalistes" se réclamant de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X d'accepter tout le Concile. Par voie de conséquence, on leur demande aussi d'accepter la validité de la liturgie eucharistique actuelle, celle qui a été restaurée à la suite du Concile et qu'on appelle couramment "Messe de Paul VI". Tout le problème est de s'entendre sur ce qu'est la "Messe de Paul VI". La "Messe de Paul VI" est-elle celle qui est célébrée dans nos églises ? Est-elle celle que l'on peut voir le Dimanche matin à la télévision au cours de l'émission "Le Jour du Seigneur" ? A ces deux questions, il faut clairement répondre : "non". Ces Messes là ne sont que des caricatures de la liturgie romaine voulue par le Concile, elle ne sont que des trahisons de la "Messe de Paul VI" :

 

 

 

...et pourtant, des prêtres, des évêques, des responsables de pastorale liturgique dûment mandatés et des animateurs liturgiques font croire aux fidèles depuis bientôt un demi-siècle que les Messes célébrées de cette façon dans les paroisses sont conformes aux décisions prises au moment de Vatican II. C'est faux, archi-faux : il faut le dire, le répéter, s'en convaincre. Les fidèles "traditionalistes" n'ont donc en aucun cas à accepter la liturgie qui se fait dans la grande majorité de nos paroisses et de nos cathédrales sous couvert du Concile, cette liturgie que même les fidèles qui se veulent dans la ligne de Vatican II devraient refuser car elle ne respecte jamais les indications du Missel romain actuel. Disons les choses avec franchise au risque de déplaire à certains : pour être dans la ligne de la liturgie voulue par Vatican II - cette liturgie que le pape Benoît XVI aimerait voir fleurir partout - il faudrait logiquement refuser non seulement 90% des Messes paroissiales, mais aussi les célébrations qui se font dans de nombreuses communautés anciennes ayant abandonné leurs traditions liturgiques, ou nouvelles ayant inventé ou introduit des rites qui n'appartiennent pas à la liturgie romaine. C'est dire l'ampleur de la tâche ! Quant aux évêques qui se réclament sans cesse de Vatican II et exigent des fidèles "traditionalistes" qu'ils acceptent la "Messe de Paul VI", ne devraient-ils pas commencer par accepter eux-mêmes cette Messe, c'est-à-dire commencer par la célébrer correctement en suivant fidèlement le Missel romain et le Cérémonial des Evêques ? Ils en sont généralement très loin, beaucoup préférant se plier aux programmes établis par les équipes liturgiques locales plutôt qu'aux normes données par l'Eglise. Dans cette situation, se réclamer du Concile pour exiger des "traditionalistes" qu'ils acceptent enfin Vatican II relève de la plus pure hypocrisie. Un seul exemple suffira à illustrer notre propos : en janvier de cette année, dix évêques de l'Est de la France publiaient un texte dans lequel ils déclaraient être dans la ligne tracée par Benoît XVI qui, au lendemain de son élection, avait dit : « Alors que je me prépare moi aussi au service qui est propre au successeur de Pierre, je veux affirmer avec force la ferme volonté de poursuivre l'engagement de mise en oeuvre du concile Vatican II, dans le sillage de mes prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Eglise ». Seulement voilà : parmi les évêques signataires de cette belle déclaration, un seul sait vraiment célébrer la "Messe de Paul VI"... mais ne la célèbre pas forcément lorsqu'il fait des visites pastorales. Les autres ne savent faire que du "bricolage liturgique". D'autre part, il faut souligner que le mot "Concile" n'a pas, dans la bouche de Benoît XVI, le sens qu'il a dans la bouche des évêques français. D'où des difficultés supplémentaires dès qu'on parle de liturgie avec nos Pasteurs diocésains. Le 17 octobre 1985, Jean-Paul II avait déclaré : « La liturgie, tout le monde en parle, écrit, ou discute à ce sujet. On la commente, on la loue, on la critique. Mais qui en connaît vraiment les principes et les normes d'application ? (...) ». Tant qu'on n'aura pas répondu à cette question que posait le Souverain Pontife, il est clair qu'on continuera à parler dans le vide en de nombreux diocèses de France.

 

Pro Liturgia

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commentaires

A
<br /> Réponse<br />  <br /> Seul Dieu sonde les reins et les coeurs. Si ces articles peuvent parfois blesser des personnes, j'en suis sincèrement désolé. Nous avons tous des "expériences" différentes et je peux vous assurer que j'ai vécu au niveau liturgique des blessures parfois bien profondes. La Charité doit être conjuguée avec la Vérité. Vous ne pouvez pas exclure la Vérité à un moment donné. « Celui qui parle dit ce qui est, et comment il le voit et l’entend. Ainsi, il exprime par la parole ce qu’il ressent intimement. Cela peut être difficile dans certaines circonstances, cela peut provoquer des ennuis, des dommages, des dangers ; mais la conscience nous rappelle que la Vérité oblige ; qu’elle a quelque chose d’inconditionnel, qui possède de la hauteur. On ne dit pas d’elle : tu peux la dire quand cela te plait ou quand tu dois arriver à un objectif, mais : Tu dois dire la Vérité quand tu parles ; tu ne dois pas la réduire ni l’altérer. Tu dois toujours la dire, simplement, même quand la situation te pousserait à rester silencieux, ou quand tu peux te soustraire avec désinvolture à une question » (Romano Guardini).<br />  <br /> J’essaye tant bien que mal, sur ce sujet sensible il est vrai, d’appliquer à la lettre et dans une herméneutique de continuité ce qui est la Source et le Sommet de la vie chrétienne. J’ai bien conscience que je suis loin d’être parfait, et encore une fois, si je choque ou blesse des personnes, j’en suis sincèrement désolé.  Chacun peut apporter sa vision des choses. Les commentaires (et vous le faites très bien) sont faits pour ça. L’Eglise en France s’effondrant de jour en jour à cause (c’est le problème principal) des abus liturgiques, je ne peux me taire. Et vous ne pouvez pas dire que certains prêtres et évêques n’y sont pour rien dans ce domaine de destruction. Comme Benoît XVI à Lourdes, j’espère de tout mon cœur que « la tunique sans couture du Christ ne se déchirera pas davantage » en France, que « l’indispensable pacification des esprits est en train de se faire ».<br />  <br /> Bien à vous +<br />
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C
Dire la Vérité est indispensable effectivement. Mais la Charité n'est pas la Vérité et ce n'est pas de cela que je vous parle. La Charité implique douceur, humilité, amour, ainsi que fermeté dans la vérité. Il y a différentes manières de dire la Vérité, certaines se font dans la Charité, d'autres non. Sur le fond, par ailleurs, je suis d'accord avec vous et je trouve très bien d'écrire sur la liturgie pour rappeler ce qui est juste et ce qui est faux. En revanche, créer la polémique en jugeant les intentions des gens n'amènent jamais à rien, si ce n'est à la haine. Or je pense que c'est loin d'être votre intention. Ma propre expérience de ce sujet me fait dire qu'il n'est possible de l'aborder avec les personnes seulement après l'avoir beaucoup dépassionné et dépolitisé. De fait, la liturgie est un sujet très sensible. Les attaques sur les personnes, sur les évêques par exemple, ne servent au contraire qu'à attiser les passions, car elles ne permettent aucune discussion propices à la recherche de la Vérité et vous place donc dans une posture qui est d'apparence orgueilleuse. Or le but n'est pas de montrer qu'on a raison, mais d'amener à un réel changement des esprits dans ce domaine, à ce que les gens se mettent en marchent vers la Vérité, à laisser passer l'Esprit Saint. La Vérité, oui, bien sûr. Mais avec charité donc humilité.Ne prenez pas ceci comme une leçon de morale d'ailleurs, je suis loin d'avoir la prétention de détenir la vérité sur tout ce que je vous dis, mais comme le simple ressenti d'un internaute qui apprécie par ailleurs le fond de vos prises de positions sur le sujet et vous remercie de prendre le temps de faire quelque chose dans le domaine.Amicalement
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A
<br /> RéponseLe Missel ne me semble pas si vague que cela. Il donne en effet de nombreuses "adaptations" dans certaines circonstances, mais toujours dans des circonstances bien précises... et je lis ce Missel selon une herméneutique de continuité, de Tradition, conformément à ce que demande Benoît XVI. Cela fait trop longtemps que personne n'ose lever la voix pour dénoncer les abus liturgiques français blessant profondément toute une génération de fidèles et faisant fuir toute une autre génération. La plus grande des charités, c'est de dire la Vérité. Il est trop facile de rester silencieux devant le désastre actuel. L'Eglise s'écroulant de l'intérieur, je suis dans l'obligation de dire la Vérité.Bien à vous +<br />
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C
Tout d'abord, je tiens à vous féliciter pour ce site ! En ce qui concerne ce post, je vous appelle tout de même à faire attention à ne pas vous placer vous-même comme celui qui décide quelle est la manière juste de célébrer la forme ordinaire du l'unique rit romain. Comme vous le dites, cette "juste" manière est décrite dans le missel romain. Or si vous l'avez lu, vous aurez vite constater que celui-ci est très vague sur plusieurs points.Certes, même les points où il est précis ne sont pas forcément respectés. Mais plutôt que de dénoncer une mauvaise manière de célébrer la messe, par un chiffre impossible à vérifier (90% de "mauvaises" messes) et qui sort de votre chapeau, ainsi qu'en jugeant sans les nommer certains évêques, mieux vaudrait faire un post sur les points indispensables à respecter dans une messe dite de Paul VI. Ceci aurait deux avantages : éviter de tomber dans la critique acerbe et qui finalement n'amène pas à une vraie charité et instruire les fidèles sur ce que demande réellement le missel romain. Il s'agit encore ensuite d'une part de distinguer l'intention de Vatican II sur la liturgie et, d'autre part, sa transposition telle que décrite par le missel romain, ainsi que la mise en application qui a été réellement faite de ce missel. Bien à vous
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