On demande aux fidèles "traditionalistes" se réclamant de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X d'accepter tout le Concile. Par voie de conséquence, on leur demande aussi d'accepter la validité de la liturgie eucharistique actuelle, celle qui a été restaurée à la suite du Concile et qu'on appelle couramment "Messe de Paul VI". Tout le problème est de s'entendre sur ce qu'est la "Messe de Paul VI". La "Messe de Paul VI" est-elle celle qui est célébrée dans nos églises ? Est-elle celle que l'on peut voir le Dimanche matin à la télévision au cours de l'émission "Le Jour du Seigneur" ? A ces deux questions, il faut clairement répondre : "non". Ces Messes là ne sont que des caricatures de la liturgie romaine voulue par le Concile, elle ne sont que des trahisons de la "Messe de Paul VI" :
...et pourtant, des prêtres, des évêques, des responsables de pastorale liturgique dûment mandatés et des animateurs liturgiques font croire aux fidèles depuis bientôt un demi-siècle que les Messes célébrées de cette façon dans les paroisses sont conformes aux décisions prises au moment de Vatican II. C'est faux, archi-faux : il faut le dire, le répéter, s'en convaincre. Les fidèles "traditionalistes" n'ont donc en aucun cas à accepter la liturgie qui se fait dans la grande majorité de nos paroisses et de nos cathédrales sous couvert du Concile, cette liturgie que même les fidèles qui se veulent dans la ligne de Vatican II devraient refuser car elle ne respecte jamais les indications du Missel romain actuel. Disons les choses avec franchise au risque de déplaire à certains : pour être dans la ligne de la liturgie voulue par Vatican II - cette liturgie que le pape Benoît XVI aimerait voir fleurir partout - il faudrait logiquement refuser non seulement 90% des Messes paroissiales, mais aussi les célébrations qui se font dans de nombreuses communautés anciennes ayant abandonné leurs traditions liturgiques, ou nouvelles ayant inventé ou introduit des rites qui n'appartiennent pas à la liturgie romaine. C'est dire l'ampleur de la tâche ! Quant aux évêques qui se réclament sans cesse de Vatican II et exigent des fidèles "traditionalistes" qu'ils acceptent la "Messe de Paul VI", ne devraient-ils pas commencer par accepter eux-mêmes cette Messe, c'est-à-dire commencer par la célébrer correctement en suivant fidèlement le Missel romain et le Cérémonial des Evêques ? Ils en sont généralement très loin, beaucoup préférant se plier aux programmes établis par les équipes liturgiques locales plutôt qu'aux normes données par l'Eglise. Dans cette situation, se réclamer du Concile pour exiger des "traditionalistes" qu'ils acceptent enfin Vatican II relève de la plus pure hypocrisie. Un seul exemple suffira à illustrer notre propos : en janvier de cette année, dix évêques de l'Est de la France publiaient un texte dans lequel ils déclaraient être dans la ligne tracée par Benoît XVI qui, au lendemain de son élection, avait dit : « Alors que je me prépare moi aussi au service qui est propre au successeur de Pierre, je veux affirmer avec force la ferme volonté de poursuivre l'engagement de mise en oeuvre du concile Vatican II, dans le sillage de mes prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Eglise ». Seulement voilà : parmi les évêques signataires de cette belle déclaration, un seul sait vraiment célébrer la "Messe de Paul VI"... mais ne la célèbre pas forcément lorsqu'il fait des visites pastorales. Les autres ne savent faire que du "bricolage liturgique". D'autre part, il faut souligner que le mot "Concile" n'a pas, dans la bouche de Benoît XVI, le sens qu'il a dans la bouche des évêques français. D'où des difficultés supplémentaires dès qu'on parle de liturgie avec nos Pasteurs diocésains. Le 17 octobre 1985, Jean-Paul II avait déclaré : « La liturgie, tout le monde en parle, écrit, ou discute à ce sujet. On la commente, on la loue, on la critique. Mais qui en connaît vraiment les principes et les normes d'application ? (...) ». Tant qu'on n'aura pas répondu à cette question que posait le Souverain Pontife, il est clair qu'on continuera à parler dans le vide en de nombreux diocèses de France.
Pro Liturgia