Mi-avril, alors qu'il quittait son diocèse de Tolède pour la Congrégation pour le Culte divin, le Cardinal Cañizares (photo) a réintroduit dans sa cathédrale l'usage de la communion reçue dans la bouche, suivant ainsi de peu l'Archevêque de Malaga venant de faire de même dans la sienne et celui du diocèse aux armées dans sa cathédrale de Madrid. Plus récemment encore, le Cardinal Caffara, Archevêque de Bologne, a instauré cette pratique dans les principales basiliques de son diocèse. Expliquant sa décision, il déclare : « Nous devons prendre acte que, trop souvent, se sont répétés des cas de profanation de l'Eucharistie en profitant de la possibilité de recueillir le Pain consacré dans la paume de la main ».
Ainsi peu à peu la pratique remise à l'honneur par Benoît XVI reprend sa place, accompagnée à chaque fois de l'injonction par ces pasteurs de former les fidèles à un plus grand respect de l'Eucharistie et à la nécessité de mettre les gestes de respect envers elle en accord avec la foi de l'Eglise en la Présence Réelle.
Le cardinal Canizares déclarait en effet peu après au quotidien "ABC" : « La communion à genoux est l'expression du respect dû à Dieu, c'est le coeur de l'homme qui se prosterne devant Celui qui l'aime jusqu'au bout. Ce sont des signes, il ne s'agit pas là de changer par amour du changement mais de comprendre les choses dans leur ensemble et de surmonter la sécularisation contemporaine ». Tout cela est clair et simple, comme la pensée du Saint-Père sur le sujet. Pourtant la lecture du dernier numéro de "Signes d'Aujourd'hui" (n°203), la revue d'animation liturgique la plus utilisée - bien qu'elle n'ait aucune légitimité - dans les paroisses, peut surprendre : « La communion dans la main est quelquefois remise en cause. Elle ne serait pas assez respectueuse du mystère célébré ». On pourrait imaginer qu'alors "Signes d'Aujourd'hui" expliquerait l'exemple donné depuis des mois par le pape. Pas du tout : « Cela nous invite à habiter davantage ce geste »... et d'insister sur cette seule manière de communier sans en citer d'autre !
Le même numéro publie tranquillement une lettre d'un lecteur s'étonnant d'une couverture de la revue présentant un célébrant utilisant un calice en grès : « Notre nouveau curé m'a fait remarquer que... ce matériau est interdit ». Réponse de "Signes" sans sourciller : « Votre curé a raison »... mais aucune marche arrière, aucune excuse de la rédaction qui, c'est à craindre, continuera à montrer et à recommander des attitudes ou des gestes en contradiction avec ce que l'Eglise demande, au nom d'une imaginaire autorité liturgique que détiendraient en ce domaine les éditeurs de telles revues.
Précisons ici que le principal responsable de cette revue qui, durant des années, a invité aux plus grandes excentricités liturgiques, n'est autre que l'Abbé Michel Wackenheim, responsable de la liturgie dans l'archidiocèse de Strasbourg et, à ce qu'on dit, futur archiprêtre de la cathédrale nommé par Mgr Grallet.
Ne serait-il pas plus simple de faire ce que l'Eglise demande en cherchant à comprendre pourquoi elle le demande ? Est-ce que tout débat liturgique ne devrait pas commencer par cela ? Comment pourrait-on mettre en oeuvre un enrichissement mutuel des deux formes du rite romain si la forme ordinaire n'est pas célébrée comme elle le devrait ? Et pourrait-on nous dire une fois pour toutes ce qui s'oppose à la mise en oeuvre fidèle du missel romain dans les paroisses ?
(Notons que cette dernière question avait été posée - sous une autre forme - à Mgr Doré, prédécesseur de Mgr Grallet au siège de Strasbourg. Celui avait répondu - sans rire - que vouloir mettre en oeuvre le missel romain conduirait à introduire une pratique étrangère à ce qui se fait habituellement dans les paroisses... Mgr Doré était alors membre de la commission doctrinale de la Conférence des évêques de France.)
Pro Liturgia