14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:15

Il y a de cela bien des années, la Fête-Dieu était en Alsace très suivie : dans chaque paroisse, l'église était pleine, la chorale interprétait une messe à plusieurs voix longuement travaillée, la procession, précédée par les pompiers et la fanfare municipale, passait longuement dans les rues du village au milieu des maisons aux fenêtres fleuries et pavoisées.
Puis, quelques années après le Concile, certains "spécialistes" (!) de la pastorale liturgique ont décrété que tout cela relevait d'un folklore ringard. Les processions ont donc été supprimées les unes après les autres. Seuls quelques curés âges - rapidement qualifiés de "retardataires" - ont maintenu tant bien que mal les grands-messes et les processions...
Aujourd'hui, ici ou là réapparaissent les processions de la Fête-Dieu. Mais le contexte paroissial a bien changé et il est souvent difficile de restaurer correctement ce qu'on s'est employé à supprimé hier.

 

 

Dans un secteur paroissial de quatre clochers, le Curé a rétabli la procession. Félicitations ! Mais le résultat obtenu ne cache pas la crise actuelle. Autrefois, il y aurait eu messe et procession dans les quatre paroisses où les églises auraient été pleines pour l'occasion. Aujourd'hui c'est avec beaucoup de peine qu'on arrive à remplir l'église principale où doivent se retrouver les fidèles de toutes les paroisses du secteur. Quant à la moyenne d'âge de ces fidèles, elle se situe autour des 70 ans... La chorale n'est plus à la tribune mais dans le choeur. Résultat - comme le fait remarquer une paroissienne - quand on lève les yeux, ce n'est pas le prêtre qu'on voit, mais les choristes : ils occupent le devant de la scène. A quoi sert de célébrer alors "face au peuple" ? A l'élévation, impossible de voir l'Hostie puisque les gens ont pris l'habitude de rester debout : devant vous, vous ne voyez plus que des dos... Pour le "Notre Père", le célébrant invite les enfants à venir autour de l'autel puis, pour les prières qui suivent, il invite ces mêmes enfants à répéter après lui les paroles de la liturgie et de faire les mêmes gestes que lui... Ça se fait en beaucoup d'endroits, mais l'Archevêque de Strasbourg, averti de cet "abus", répond que la liturgie est fidèlement suivie par les prêtres du diocèse. Un autre fidèle fait cette remarque : « Pourquoi certains célébrants éprouvent-ils toujours ce besoin d'être entourés par des enfants ? Y aurait-il des problèmes affectifs ? ». De fait, on ne voit pas ce que gagnent les enfants à se coller autour de M. le Curé pendant la messe. La liturgie ne gagne d'ailleurs pas davantage. Durant l'homélie, le célébrant laisse de côté le sens de la Fête-Dieu : tout ce qui importe à ses yeux, c'est que les fidèles sont venus en nombre à la messe... En nombre ? Disons plutôt qu'on a supprimé toutes les messes paroissiales du secteur pour "faire nombre". C'est de l'illusion qui ne cache pas une réalité préoccupante : l'assemblée de la seule messe du secteur est composée des "restes" des paroisses environnantes.
Dans le secteur paroissial voisin, qui compte lui aussi quatre clochers, c'est le même scénario : toutes les messes dominicales ont été supprimées pour qu'il y ait davantage de fidèles à l'unique célébration du secteur. Là aussi, l'église n'est pas pleine et la moyenne d'âge des participants frôle les 70 ans. Curieusement, à cette messe, outre le célébrant principal, il y a trois concélébrants. Pour quelle "bonne "raison ces prêtres n'ont-ils pas assuré une célébration eucharistique dans les paroisses voisines ? On ne le saura jamais. Peut-être y a-t-il tout simplement davantage pénurie de fidèles que réel manque de pasteurs ?

 

Pro Liturgia

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