7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 11:18

Cœur et raison : le cœur, comme centre de la personnalité humaine, et la raison comme condition indispensable de toute action authentiquement personnelle. Ce sont là les grandes coordonnées de la troisième Encyclique de Benoît XVI, « Caritas in Veritate ». C’est un texte qui entrera dans l’histoire par la portée « herméneutique » de la proposition offerte. En suivant ce que nous pourrions désormais appeler une des « lignes directrices » du Pontificat, l’herméneutique de la continuité, le Saint-Père propose une relecture attentive de « Populorum Progressio » du Serviteur de Dieu Paul VI :

 

 

En effet, il déclare : « Le point de vue correct est donc celui de la Tradition de la foi des Apôtres, patrimoine ancien et nouveau hors duquel ‘Populorum Progressio’ serait un document privé de racines et les questions liées au développement se réduiraient uniquement à des données d’ordre sociologique » (n° 10). Et encore : « Le lien existant entre ‘Populorum Progressio’ et le Concile Vatican II ne représente pas une coupure entre le magistère social de Paul VI et celui des Papes qui l’avaient précédé, étant donné que le Concile est un approfondissement de ce magistère dans la continuité de la vie de l’Église. En ce sens, certaines subdivisions abstraites de la doctrine sociale de l’Église sont aujourd’hui proposées qui ne contribuent pas à clarifier les choses, car elles appliquent à l’enseignement social pontifical des catégories qui lui sont étrangères » (n° 12). Les catégories auxquelles se réfère le Saint-Père, c’est bien connu, sont celles de « tradition » et de « progrès », qui, opposées de manière illégitime, ne sont autre chose que la version « laïque » de l’herméneutique de la continuité et de la rupture ; la première, légitime ; la deuxième, porteuse d’équivoques graves et dangereuses, trop souvent appliquée au Concile Vatican II, et stigmatisée sans cesse par le Magistère Pontifical, depuis le discours historique du 22 décembre 2005 à la Curie Romaine. En effet, « Il n’y a pas deux typologies différentes de doctrine sociale, l’une préconciliaire et l’autre postconciliaire, mais un unique enseignement, cohérent et en même temps toujours nouveau. Il est juste de remarquer les caractéristiques propres à chaque encyclique, à l’enseignement de chaque Pontife, mais sans jamais perdre de vue la cohérence de l’ensemble du corpus doctrinal » (ibid. n° 12). Pour faire cela, toutefois, il est nécessaire d’être des hommes ! Il est nécessaire de ne pas vivre de « césures intérieurs », non résolues; il est nécessaire d’aimer, sincèrement et passionnément, la Vérité plus que soi-même, plus que son propre petit pouvoir, plus que sa propre opinion intellectualiste. En un mot, est nécessaire la « moralité de la connaissance » qui vient en premier, soit logiquement, soit expérimentalement, de la moralité même de l’action. Cœur et raison, Amour et Vérité, représentent les conditions mêmes de la possibilité d’une vie authentiquement humaine. Une vie qui, nécessairement, par sa propre exigence interne elle-même, demande d’être vécue dans la « continuité », qui n’est pas seulement une catégorie herméneutique, mais, en réalité, qui est une condition anthropologique : sans continuité, il n’y a pas d’histoire, il n’y a pas de culture et, en définitive, il n’y a pas l’homme. L'Eglise, comme lieu de la vie par excellence, ne peut jamais abandonner ces conditions morales et anthropologiques de la connaissance, certaine comme elle l’est du fait que le véritable progrès coïncide avec l’annonce du Christ Ressuscité ; annonce sans laquelle le monde n’a pas d’avenir et perd, en conséquence, toute force dynamique de développement.

 

Fides

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