En la fête de la Maternité Divine de la Sainte Vierge, le 11 octobre 1954 (NDLR = fête maintenant "transférée" au 1er janvier pour la forme ordinaire mais conservée le 11 octobre pour la forme extraordinaire), Sa Sainteté le Pape Pie XII proclamait à Rome, par la Lettre Encyclique "Ad Cæli Reginam", l'institution de la fête concernant la Royauté Bienheureuse de la Vierge Marie (NDLR = fête maintenant "transférée" ce 22 août pour la forme ordinaire mais conservée le 31 mai pour la forme extraordinaire). En même temps de Sa Royauté Toute-Puissante, la Vierge Marie est aussi la Reine du Ciel, la Reine des Anges et des Saints, la Reine de l'Église Pérégrinante et de l'Église Souffrante du Purgatoire Confiteor + Kyriale de la Missa Mundi
« (…) L'argument principal sur lequel se fonde la dignité royale de Marie (...) est sans aucun doute sa Maternité Divine. Dans les Livres Saints, en effet, on affirme du Fils qui sera engendré par la Vierge : « Il sera appelé Fils du Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, et il régnera dans la maison de Jacob éternellement et son règne n'aura pas de fin » (Luc 1, 32-33) en outre, Marie est proclamée « Mère du Seigneur » (Luc 1, 43). Il s'ensuit logiquement qu'elle-même est Reine, puisqu'elle a donné la vie à un Fils qui, dès l'instant de sa conception, même comme homme, était, à cause de l'union hypostatique de la nature humaine avec le Verbe, Roi et Seigneur de toutes choses. Saint Jean Damascène a donc raison d'écrire : « Elle est vraiment devenue la Souveraine de toute la création au moment où elle devint Mère du Créateur » et l'Archange Gabriel lui-même peut-être appelé le premier héraut de la dignité royale de Marie. Cependant la Bienheureuse Vierge doit être proclamée Reine non seulement à cause de sa Maternité Divine mais aussi parce que selon la volonté de Dieu, elle joua, dans l'oeuvre de notre salut éternel, un rôle des plus éminents. (…) Dans l'accomplissement de la Rédemption, la Très Sainte Vierge fut étroitement associée au Christ (…). En effet, « comme le Christ pour nous avoir rachetés est notre Seigneur et notre Roi à un titre particulier, ainsi la Bienheureuse Vierge est aussi notre Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribua à notre Rédemption, en donnant sa chair à son Fils et en l'offrant volontairement pour nous, désirant, demandant et procurant notre salut d'une manière toute spéciale » (F. SUAREZ, De mysteriis vitae Christi, disp. XXII, sect. II (ed. Vivès, XIX, 327).
De ces prémisses, on peut tirer l'argument suivant : dans l'oeuvre du salut spirituel, Marie fut, par la volonté de Dieu, associée au Christ Jésus, principe de salut, et cela d'une manière semblable à celle dont Ève fut associée à Adam, principe de mort, si bien que l'on peut dire de notre Rédemption qu'elle s'effectua selon une certaine "récapitulation" en vertu de laquelle le genre humain, assujetti à la mort par une vierge, se sauve aussi par l'intermédiaire d'une vierge ; en outre on peut dire que cette glorieuse Souveraine fut choisie comme Mère de Dieu précisément « pour être associée à lui dans la rédemption du genre humain » (Pie XI, Auspicatus profecio). Réellement « ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours étroitement unie à son Fils, l'a offert sur le Golgotha au Père Éternel, sacrifiant en même temps son amour et ses droits maternels, comme une nouvelle Ève, pour toute la postérité d'Adam, souillée par sa chute misérable » (Mystici Corporis, Pie XII), on pourra donc légitimement en conclure que, comme le Christ, nouvel Adam, est notre Roi parce qu'il est non seulement Fils de Dieu, mais aussi notre Rédempteur, il est également permis d'affirmer, par une certaine analogie, que la Sainte Vierge est Reine, et parce qu'elle est Mère de Dieu et parce que, comme une nouvelle Ève, elle fut, associée au nouvel Adam.
Sans doute, seul Jésus-Christ, Dieu et homme, est Roi, au sens plein, propre et absolu du mot ; Marie, toutefois, participe aussi à sa dignité royale, bien que d'une manière limitée et analogique, parce qu'elle est la Mère du Christ Dieu et qu'elle est associée à l'oeuvre du Divin Rédempteur dans sa lutte contre ses ennemis et dans son triomphe remporté sur eux tous. En effet par cette union avec le Christ Roi, Elle atteint une gloire tellement sublime qu'elle dépasse l'excellence de toutes les choses créées : de cette même union avec le Christ, découle la puissance royale qui l'autorise à distribuer les trésors du Royaume du Divin Rédempteur ; enfin cette même union avec le Christ est source de l'efficacité inépuisable de son intercession maternelle auprès du Fils et du Père. Aucun doute par conséquent que la Sainte Vierge ne dépasse en dignité toute la création et n'ait sur tous, après son Fils, la primauté. « Toi enfin - chante Saint Sophrone - tu as dépassé de loin toute créature. Que peut-il exister de plus élevé que cette grâce dont toi seule as bénéficié de par la volonté de Dieu ? » Et Saint Germain va encore plus loin dans la louange : « Ta dignité te met au dessus de toutes les créatures ; ton excellence te rend supérieure aux anges ». Saint Jean Damascène ensuite en vient jusqu'à écrire cette phrase : « La différence entre les serviteurs de Dieu et sa Mère est infinie » (…).
Extrait de l’Encyclique de Sa Sainteté le Pape Pie XII « Ad Coeli Reginam » (11 octobre 1954)
• TEXTES LITURGIQUES (Beatæ Mariæ Virginis Reginæ)
- Isaïe 9, 1-6 : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné
- Psaume 113, 1 : Que le Nom du Seigneur soit béni !
- Luc 1, 26-38 : Annonciation de l’Archange Gabriel à Marie
Liens : Lettre Encyclique du Pape Pie XII le 11 octobre 1954 : "Ad Coeli Reginam" + (en français) + Rerum suprémo in vértice Regína, Virgo ! (à Matines, 1962) + Prière indulgenciée à Marie Reine, par le Pape Pie XII + Prière : Reine de France, priez pour nous ! + Prière : Auguste Reine des Cieux + Regína Cœli + Ave, Regína cœlórum + Salve Regína + Cantique : Reine de France + Cantique : Chez nous, soyez Reine ! + « Tu régneras comme Mère du Roi, et comme Reine tu siégeras sur le trône royal » (Saint Bonaventure) + Messe et Commentaires Liturgiques (forme extraordinaire, le 31 mai)