« (...) Il faut reconnaître que l'application de la réforme liturgique s'est heurtée à des difficultés dues surtout à un contexte peu favorable, marqué par une privatisation du domaine religieux, un certain rejet de toute institution, une moindre visibilité de l'Église dans la société, une remise en question de la foi personnelle. (...) Il en est résulté des attitudes diverses et même opposées vis-à-vis de la réforme: certains ont reçu les nouveaux livres avec quelque indifférence ou sans chercher à comprendre ni à faire comprendre les motifs des changements; d'autres, malheureusement, se sont repliés de manière unilatérale et exclusive sur les formes liturgiques précédentes, perçues par certains comme seule garantie de sécurité dans la foi; d'autres enfin ont promu des innovations fantaisistes, prenant leurs distances par rapport aux normes établies par l'autorité du Siège apostolique ou des évêques, perturbant l'unité de l'Église et la piété des fidèles, heurtant même parfois les données de la foi. (...) On constate parfois des omissions ou des ajouts illicites, des rites inventés hors des normes établies, des attitudes ou des chants qui ne favorisent pas la foi ou le sens du sacré (...) . Des initiatives de ce genre, loin d'être liées à la réforme liturgique elle-même, ou aux livres qui en sont issus, lui contreviennent directement, la défigurent et privent le peuple chrétien des richesses authentiques de la liturgie de l'Eglise (...). Dans chaque diocèse, l'évêque est le principal dispensateur des mystères de Dieu comme aussi l'organisateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l'Église qui lui est confiée. Quand l'évêque célèbre au milieu de son peuple, c'est le mystère même de l'Église qui se manifeste. Il est donc nécessaire que l'évêque soit fortement convaincu de l'importance de telles célébrations pour la vie chrétienne de ses fidèles. Elles doivent être un modèle pour tout le diocèse. Il reste encore beaucoup à faire pour aider les prêtres et les fidèles à pénétrer le sens des rites et des textes liturgiques, pour développer la dignité et la beauté des célébrations et des lieux, pour promouvoir, à la manière des Pères, une "catéchèse mystagogique" des sacrements. (...) » (Bx Jean-Paul II, Lettre Vicesimus quintus annus, 4 déc. 1988)