26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 22:37

jesuspretre« (...) Il existe trois mots, empruntés à une prière traditionnelle, qui résument bien l'attitude que devrait avoir tout célébrant : "digne", "attentive", "dévote", tant il est vrai que le célébrant est lui-même un signe. En tant que personne consacrée et instrument de l'action du Christ glorieux, qui est l'acteur principal des actions sacramentelles, le ministre ordonné, de même aussi que le fidèle laïc député selon les normes du droit, doit laisser transparaître le mystère qui est célébré, de telle manière que la communauté puisse être en mesure de percevoir que le ministre en question n'est ni un acteur de théâtre, ni un fonctionnaire, mais qu'il est un croyant saisi par la présence ineffable de Celui qui ne peut être vu avec les yeux de la chair, mais qui est plus réel que tout ce qui appartient à l'univers de l'expérience sensorielle. Une célébration liturgique "digne" doit tout d'abord être empreinte de la beauté du lieu où elle se déroule, et des objets du culte, qui sont employés, même s'il s'agit d'une beauté simple et essentielle. Elle comporte aussi la propreté des vêtements liturgiques et la qualité des vases sacrés. En revanche, si une telle célébration revêt un aspect théâtral, elle ne peut pas être considérée comme vraiment "digne"; en effet, bien loin d'être un spectacle, une célébration liturgique a une dimension avant tout religieuse et spirituelle. Enfin, cette notion de dignité inclut la nécessité d'accompagner les célébrations par des mouvements appropriés à la liturgie, c'est-à-dire qui soient accomplis sans empressement, avec une certaine lenteur et élégance, mais sans affectation.
Ensuite, une célébration liturgique doit être "attentive", ce qui exige un effort particulier de la part du célébrant afin que, dans la mesure du possible, il évite les distractions, surtout celles qui sont volontaires. Cet adjectif "attentive" permet d'insister sur la volonté de concentrer son esprit, ce qui exige une discipline des sens afin d'éviter de se laisser entraîner par ces multiples objets qui attirent le regard et troublent l'attention. La musique ne constitue évidemment pas en soi un obstacle à cette attention, car elle fait partie intégrante de la participation de la chorale et des fidèles; pourtant, on peut déplorer le fait que des pièces musicales, qui accompagnent certaines célébrations liturgiques, ne favorisent pas l'attention du célébrant et des participants. En effet, il existe des genres musicaux, trop marqués par un style théâtral, qui mettent en évidence d'une manière excessive les qualités artistiques des interprètes, ce qui a pour effet de provoquer de regrettables distractions chez ceux qui participent à la célébration liturgique. Il est donc tout à fait regrettable que, dans certains cas, la célébration de la Très Sainte Eucharistie soit perçue en quelque sorte comme un élément secondaire par rapport à l'exécution d'un morceau de musique célèbre, qui met en relief la qualité du compositeur et la virtuosité des interprètes. Il est certain que des pratiques de ce genre ne contribuent pas à renforcer le sens religieux et le recueillement, et il convient de noter, à ce propos, que, au contraire, l'emploi du chant grégorien et de la polyphonie de grande qualité, qui sont au service de la liturgie, ne comportent pas ce genre de conséquences particulièrement néfastes. L' "attention" demande encore le silence, c'est-à-dire bien sûr et avant tout le "silence intérieur", ou, si l'on veut, un coeur apaisé et calme, ce qui implique bien évidemment le silence extérieur. Les bavardages et les commentaires des concélébrants entre eux, ou avec les autres ministres qui sont assis non loin d'eux, sont le signe d'un esprit indiscipliné, et ils constituent un mauvais exemple pour les fidèles. Au contraire, l'attention requise durant une célébration liturgique exige, comme condition préalable, une préparation soignée de cette célébration, afin qu'elle se déroule d'une manière ordonnée, sans donner l'impression que ses divers éléments sont laissés à l'improvisation.
Enfin, la célébration doit être "dévote", ce qui signifie une attitude empreinte de respect, d'amour de Dieu, de sens religieux, et d'attention à l'égard de ce qui est "l'unique nécessaire" (Lc 10, 42). Dans la langue française, l'adjectif "dévot" peut être illustré par le mot : "pieux". Il est possible de définir ce terme de "dévot" de la manière suivante : "une personne dévote est quelqu'un qui est conscient que sa vie n'a aucun sens si elle n'est pas reliée intimement à Dieu", ou, en d'autres termes, c'est l'attitude de celui qui veut vivre d'une manière totalement cohérente avec sa consécration baptismale, et en suivant le programme que Saint Paul a résumé en quelques mots : "Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Vivants ou morts, nous appartenons au Seigneur" (Rm 14, 8). Cela signifie donc qu'une personne dévote est "totalement dévouée au Seigneur".

 

Celui qui participe à une action liturgique ne devrait pas entrer sans transition dans la célébration sacrée en passant de ses occupations profanes, même si elles sont respectables et bonnes, à la prière communautaire. Il est nécessaire de respecter un certain laps de temps, même s'il est bref, qui doit être marqué par le silence, le recueillement et la prière. Un exemple saisissant, à ce sujet, est celui des moines qui, avant de pénétrer dans l'église du monastère pour y célébrer l'Office Divin - encore appelé : "Liturgie des Heures" - restent debout et en silence dans le cloître, afin de recueillir leur esprit avant de s'adonner à la psalmodie. C'est cette même finalité qui est visée par les prières que le célébrant récite en revêtant les ornements liturgiques, juste avant le début de la célébration.
En conclusion, on peut affirmer que les réflexions qui viennent d'être formulées proviennent de la première des dispositions qui est requise pour une participation authentique à la célébration liturgique : il s'agit de la foi, qui, elle-même, dévoile les diverses significations, très riches, des signes liturgiques; la foi, qui, seule, permet au ministre ordonné de s'acquitter de son rôle sacré d'instrument du Christ et de serviteur de son Corps, qu'est la Sainte Eglise. (...) »

 

Pro Liturgia

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