« Contrairement à ce que dit Luther, Tout ne se produit pas "par la seule grâce de Dieu et la seule opération du Saint-Esprit, sans aucune oeuvre humaine". Le dessein divin était d'associer la créature à l'oeuvre de son salut. Reconnaître, contrairement à la Réforme, un rôle à Marie (et à l'Eglise) ce n'est pas opérer une usurpation sacrilège... Ce double mystère est, au contraire, garantie de sérieux de l'Incarnation. En Marie, la part de l'activité humaine est subordonnée, mais réelle et capitale. "L'Eglise où l'on rend un culte à Marie... est nécessairement l'Eglise de l'homme qui, en vertu de la grâce, coopère à la grâce". La foi catholique à la Sainte Vierge résume symboliquement, dans son cas privilégié, la doctrine de la coopération humaine à la Rédemption, offrant ainsi comme la synthèse ou l'idée mère du dogme de l'Eglise. La maternité de la Vierge est en tout cas l'image de la maternité de l'Eglise. "Celui que la Vierge Marie enfanta, l'Eglise l'enfante encore tous les jours". La maternité de Marie à l'égard du Christ entraîne chez elle une maternité spirituelle à l'égard de tout chrétien. A l'heure où Marie paraît avoir complètement achevé sa vie de mère du Christ, elle devient en réalité la mère commune des chrétiens.
Sans doute Jésus-Christ demeure le seul chef de son Eglise et le rôle de Marie n'est en aucune manière d'en prendre la direction. Elle fait partie avec nous tous de la grande famille des rachetés, et toutes ses grandeurs lui viennent, comme à tout homme, de la "rédemption qui est en Jésus-Christ". Il n'y a pas en elle "un moindre besoin du salut et de la grâce qu'en nous tous". "Ce qui arrive à l'Eglise en général arrive au chrétien en particulier" ».
Cardinal de Lubac, Méditations sur l’Eglise, L'Eglise et la Vierge Marie