13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 13:45

  

« […] À compter d’avril 1896 et jusqu’à sa mort, Thérèse avance dans la nuit. Une nuit de la foi vécue dans la foi. Non seulement Thérèse est gagnée par un non-goût de Dieu mais elle est assaillie par d’incessants murmures qui insinuent, par-delà sa vie présente, un éternel néant : Les ténèbres empruntant la voix des pécheurs, écrit-elle, me disent en se moquant de moi : Tu rêves la lumière, une patrie embaumée des plus suaves parfums, tu rêves la possession éternelle du Créateur de toutes ces merveilles, tu crois sortir un jour des brouillards qui t'environnent, avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant (C G, 6 vE). Une lourde opacité envahit Thérèse au point d’assombrir sa foi et d’éclipser son espérance. Si vous saviez dans quelles ténèbres je suis plongée, confie-t-elle à soeur Thérèse de Saint-Augustin. Je ne crois pas à la vie éternelle ; il me semble qu’après cette vie mortelle, il n’y a plus rien ; tout a disparu pour moi, il ne me reste plus que l’amour. « Elle me parlait de cet état d’âme comme d’une tentation », dira la soeur. Son “épreuve de la foi”, ainsi que Thérèse l’appelle, revêt une rare violence parce qu’elle est altérée par la tentation du doute en l’existence du Ciel. Thérèse fut acculée à ratifier ce que le doute lui suggérait. Ce qu’au plus fort de l’épreuve, elle ne fit jamais. Certes, Thérèse a subi les morsures du doute. Elle n’en est pas moins demeurée dans la foi. Une foi assombrie, mais non anéantie. Finalement, une foi décuplée, affermie par sa mise à l’épreuve […] ».

 

Extrait d’un article de la revue "Feu et Lumière" - Octobre 2005

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