A qui les évêques de France pourront-ils encore faire croire que le Pape les encourage à poursuivre leurs expériences pastorales ? Avec toute la délicatesse qui le caractérise, Benoît XVI a commencé par rappeler à nos évêques dont la principale préoccupation est la création de « secteurs paroissiaux » et d’ « équipes d’animation pastorale » que « la solution des problèmes pastoraux diocésains qui se présentent ne saurait se limiter à des questions d’organisation, pour importantes qu’elles soient. » Et le Pape de préciser que « le risque existe de mettre l'accent sur la recherche de l’efficacité avec une sorte de « bureaucratisation de la pastorale », en se focalisant sur les structures, sur l'organisation et les programmes, qui peuvent devenir « autoréférentiels », à usage exclusif des membres de ces structures. Celles-ci n’auraient alors que peu d’impact sur la vie des chrétiens éloignés de la pratique régulière. » Puis, aux évêques du Nord et de l’Est venus à leur tour à Rome, le Saint Père a donné une magnifique leçon de liturgie en leur rappelant l’obligation, pour toute célébration, de suivre les règles établies par l’Eglise : « Comme le rappelle le Concile - a dit Benoît XVI - l’action liturgique de l’Eglise fait aussi partie de sa contribution à l’œuvre civilisatrice (cf. Gaudium et spes n. 58, 4). La liturgie est en effet la célébration de l’événement central de l'histoire humaine, le sacrifice rédempteur du Christ. Par là, elle témoigne de l’amour dont Dieu aime l’humanité, elle témoigne que la vie de l'homme a un sens et qu’il est par vocation appelé à partager la vie glorieuse de la Trinité. L’humanité a besoin de ce témoignage. Elle a besoin de percevoir, à travers les célébrations liturgiques, la conscience que l’Eglise a de la seigneurie de Dieu et de la dignité de l’homme. Elle a le droit de pouvoir discerner, par-delà les limites qui marqueront toujours ses rites et ses cérémonies, que le Christ « est présent dans le sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre » (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 7). Sachant le soin dont vous cherchez à entourer vos célébrations liturgiques, je vous encourage à cultiver l’art de célébrer, à aider vos prêtres dans ce sens, et à œuvrer sans cesse à la formation liturgique des séminaristes et des fidèles. Le respect des normes établies exprime l’amour et la fidélité à la foi de l'Église, au trésor de grâce qu'elle garde et transmet ; la beauté des célébrations, bien plus que les innovations et les accommodements subjectifs, fait œuvre durable et efficace d’évangélisation. »
Bref, les évêques de France sont aimablement invités par le Pape à revoir de A à Z leurs projets pastoraux et leurs façons de mettre la liturgie en oeuvre. Obéiront-ils ? Rien n'est moins sûr : ils sont majoritairement d'une génération qui a appris a faire passer ses idées avant celles du Successeur de Pierre. Les jeunes générations de prêtres sont, elles, davantage dans la ligne de Benoît XVI. Les voici confortées : personne ne pourra pas reprocher à un jeune prêtre de porter la soutane et de refuser les extravagances liturgiques. Désormais, les fidèles savent sur quels pasteurs ils peuvent compter. On remarquera en passant que Benoît XVI est parfaitement au courant de la situation réelle de l’Eglise en France...
Pro Liturgia