24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 21:16

Certains fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain se réjouissent de ce que des évêques mettent à leur disposition une église où la messe sera célébrée avec le missel du Bx Jean XXIII. Ils se réjouissent car à première vue la mise à disposition d'églises peut passer pour un signe d'ouverture, pour un progrès, pour un moyen de sauvegarder la liturgie de l'Eglise. On les comprend.
Pourtant, si l'on regarde les choses plus en détail, on voit que la liturgie n'a pas forcément à gagner dans cet apparent "signe d'ouverture". 
En effet : en étudiant la "réalité liturgique" de l'ensemble des diocèses, on voit que pour une ou deux églises ouvertes pour accueillir la forme extraordinaire du rite romain, il y a 30, 40, 50 églises - ou peut-être même plus - où la liturgie est célébrée comme elle a partout été célébrée depuis Vatican II, c'est-dire de façon plus ou moins anarchique. Autrement dit, pour les fidèles, c'est la forme extraordinaire... ou rien.

 

 

 

Aucun évêque ne peut leur garantir qu'en se rendant dans une église, ils trouveront une messe célébrée selon la forme ordinaire. On est donc en plein dans une désobéissance orchestrée à l'Eglise, au Saint-Père.
Lors d'une récente intervention, Mgr Nicola Bux, Consulteur auprès de l'Office des cérémonies liturgiques du Souverain pontife, a très clairement rappelé que la forme extraordinaire devait « servir de pédagogie pour mieux célébrer la forme ordinaire ».
Or en France, chacun peut constater que les églises où est célébrée la forme "extraordinaire" ne sont que très rarement des lieux où s'élabore une pédagogie liturgique allant dans le sens de ce que demande Benoît XVI. Au contraire, ces églises deviennent assez souvent des ghettos permettant d'interdire aux fidèles qui s'y rendent toute ingérence dans les célébrations paroissiales atypiques que les évêques aimeraient mordicus faire passer pour "ordinaires". Dans quel diocèse, dans quelle paroisse les fidèles ont-ils pu observer des améliorations dans la façon de traiter la forme ordinaire du rite romain depuis qu'ici où là ont été ouvertes des églises accueillant la forme extraordinaire ? Nulle part. Une messe "tridentine" célébrée dans telle paroisse de Paris - pour ne prendre que cet exemple - n'a jamais poussé les prêtres des autres paroisses de la capitale à respecter davantage la liturgie dite "conciliaire". Même à la cathédrale Notre-Dame, la liturgie est généralement quelconque, plus "parisienne" que "romaine"... Et la situation parisienne est identique à celle qu'on constate dans la quasi totalité des autres diocèses.
Dans les faits, on voit que les rares prêtres qui célébraient correctement la forme ordinaire avant la publication du Motu proprio Summorum pontificum continuent à la célébrer correctement, tandis que tous les autres demeurent ancrés dans leurs mauvaises habitudes. On n'a donc pas avancé d'un iota sur la voie qui devait permettre d'atteindre les objectifs fixés par le Souverain Pontife. 
Il faut donc être très naïf pour imaginer qu'en France, nos pasteurs diocésains veulent favoriser un plus grand respect de la liturgie. Et il faut être plus naïf encore pour croire que la création de quelques "niches extraordinaires" ici ou là pourra changer quoi que ce soit dans les paroisses "ordinaires" où règnent encore des prêtres qui n'ont plus aucune notion de ce qu'est la liturgie et pour lesquels toutes les façons de célébrer se valent.

 

Le Cardinal Ratzinger relevait que « nous avons besoin d'un nouveau mouvement liturgique, qui donne le jour au véritable héritage de Vatican II » (Cf. Ma Vie, souvenirs.) A l'évidence, ce dont nous avons besoin ce n'est ni de chapelles-ghettos ni d'un nouveau missel. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une nouvelle génération de prêtres qui soient correctement instruits et pleinement disposés à affronter les tempêtes épiscopales et les vents paroissiaux pour "extirper" (c'est le terme employé par Jean-Paul II) toutes les erreurs introduites par des clercs dirigistes qui se sont prévalu du Concile pour ne jamais l'appliquer.
Quant au Motu proprio Summorum pontificum, il est un document qui peut produire beaucoup de fruits... à condition que les évêques ne le détournent pas de ses véritables objectifs dont l'un d'eux - le plus important - est, comme l'a rappelé Mgr Bux et comme l'a écrit Benoît XVI, d'enrichir la célébration de la messe selon le missel de Paul VI pour que soit dégagée sa richesse spirituelle et sa profondeur. (Cf. Lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio).

 

Pro Liturgia

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