31 août 2007 5 31 /08 /août /2007 10:38

Il est triste lorsqu’il célèbre des messes sans éclat sur un autel aussi triste que lui et sur lequel brillent deux ou trois bougies tristes. Il chante avec l’assistance « Peuple de Dieu, marche joyeux » ; mais quand il lève les yeux vers la nef, il voit que le peuple n’est pas nombreux, n’est pas joyeux et ne marchera pas très loin vu son âge. Mon curé a l’air triste lorsqu’il rentre chez lui. Je le vois regagner son presbytère avec la mine de celui qui se demande comment il va pouvoir tuer le temps. Oh, de temps en temps il est très occupé : il a des réunions au cours desquelles une poignée de fidèles - souvent des retraité(e)s et des divorcé(e)s qui s’ennuient autant que mon curé - viennent établir le programme de la prochaine messe : qui fera le mot d’accueil ? Que va-t-on chanter à la place du « Gloria », du « Credo » ? Qui va aider à distribuer la communion ? C’est pitoyable.

 

Mon curé a l’air triste quand il regarde autour de lui. Il a la charge de huit clochers et il y a une trentaine d’année, chacune de ces paroisses avait son curé avec, parfois, en plus, un prêtre retraité qui donnait un coup de main. Mon curé a l’air triste quand je le rencontre. Il fait partie de cette génération qui, après le Concile, a tout bazardé en répétant avec ses confrères qu’on allait assister à un grand printemps dans l’Eglise. Le printemps n’est pas arrivé et il se trouve maintenant devant un grand vide. Et il sait que le séminaire diocésain risque fort de fermer ses portes, fautes de nouveaux candidats au sacerdoce. Il est vrai que quand je vois mon curé habillé avec ce mauvais goût qui caractérise certains « vieux garçons », je me demande quel jeune, en le regardant, pourrait avoir envie de consacrer sa vie à Dieu, à l’Eglise. Je sais bien que l’habit ne fait pas le moine ; mais je sais aussi qu’il est demandé à tout jeune qui se rend à un entretien d’embauche de veiller à avoir une présentation correcte, d’avoir un minimum de tenue. Mon curé a l’air triste. Le problème, c’est que mon évêque a l’air presque aussi triste et désabusé que lui. 

 

Pro Liturgia

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