Dans « La Bussola », le vaticaniste Andrea Tornielli met en garde contre un schisme autre que celui que pourrait provoquer le mouvement lefebvriste s’il refusait la main tendue par le pape Benoît XVI. Ce schisme dont il est question serait bien plus grave. Les ingrédients qui ne provoqueraient ont déjà été mis en place de façon insidieuse dans nos diocèses et dans nos paroisses par le biais d’une laïcisation des prêtres liée à une cléricalisation de certains laïcs, par le biais de catéchèses vidées de tout contenu doctrinal, par le biais de célébrations liturgiques qui prennent systématiquement leurs distances avec le missel romain et les enseignements de l’Eglise. On est aujourd’hui dans une situation où une majorité de fidèles se pensent « catholiques » alors qu’ils fréquentent des paroisses de moins en moins catholiques, de plus en plus autonomes, de plus en plus étrangères aux enseignements du Successeur de Pierre... Il s’ensuit que beaucoup de ces fidèles sont devenus manipulables et sont manipulés par des clercs qui, ouvertement ou pas, partagent les idées de ces groupes de pression constitués par des prêtres autrichiens, allemands, suisses, belges, français... qui réclament l’admission des divorcés remariés à la communion, l'ordination sacerdotale des femmes et des hommes mariés, la possibilité pour les laïcs de célébrer l’Eucharistie en cas d’absence de ministre ordonné...
Ces clercs « révolutionnaires » estiment que l’Eglise doit absolument se réformer si elle veut faire face à la crise qu’elle traverse. Ils oublient simplement de préciser que cette « crise » qu’ils reconnaissent est le résultat de la pastorale que leurs prédécesseurs directs, qui partageaient déjà leurs idées, ont pu mettre en place grâce au silence des évêques. Car ces derniers, ne l’oublions pas, n’ont jamais eu le courage de parler haut et fort, lorsqu’il aurait fallu : ils ont laissé - et ils laissent encore - se déliter la catéchèse, la liturgie, les séminaires diocésains... Ils ont nommé à la tête des structures diocésaines les prêtres les plus anti-romains qu’ils ont ensuite chargé de réduire au silence les rares curés de paroisses qui appliquaient fidèlement le Concile. Ils ont envoyé les séminaristes les plus attachés aux enseignements des papes en « stages de formation » dans les paroisses dirigées par les prêtres les plus opposés aux enseignements magistériels : il fallait à tout prix dégoûter de la prêtrise ces jeunes qui refusaient de cautionner les excentricités liturgiques et catéchétiques mises en route par leurs aînés. Aujourd’hui, ils créent des « Equipes d’Animation Pastorale » à la tête desquelles ils nomment les fidèles laïcs les moins enclins à suivre le pape Benoît XVI...
Les témoignages sur tous ces sujets sont accablants et sont bien connus du pape Benoît XVI. Mais que pourra faire ce dernier sans l’appui d’évêques courageux ? Que pourra-t-il faire s’il n’a plus à ses côtés que des pasteurs diocésains incapables de voir que leur pastorale n’est plus faite que de contradictions permanentes constituant une perversion et une subversion de la foi dont le résultat ne pourra être l’apostasie.
Pro Liturgia