Il y a quelque temps, Mgr Claude Dagens, Evêque d'Angoulême, déclarait à la suite de la levée des excommunications des évêques sacrés par Mgr Lefebvre : « Il me paraît impossible de revisiter le Concile ou de distinguer ce qui serait conforme ou non à la Tradition. Le Concile forme un tout cohérent. Il n'a pas été une trahison de la Tradition. On ne peut pas céder à sa révision ». Ces paroles ne prouvent-elles pas que, comme la majorité des évêques de France, Mgr Dagens n'a, semble-t-il, pas compris grand chose à la vraie question ? Car il ne s'agit en aucun cas de "revisiter le Concile", mais bien de revisiter la façon dont le Concile a été appliqué dans les diocèses et les paroisses...
…car c'est cette façon qui est erronée et non le Concile; c'est cette façon qui a conduit à une généralisation de toutes les élucubrations liturgiques abusivement attribuées à la restauration voulue par Vatican II. Cette cette façon d'appliquer le Concile qu'il faut revoir et corriger, ce que ne veulent pas faire les évêques car cela reviendrait à remettre en cause toute la pastorale liturgique mise en oeuvre depuis plus de quarante ans à grand renfort d'autosatisfaction. Mgr Dagens a raison lorsqu'il dit que le Concile forme un tout cohérent; il a tort lorsqu'il ferme les yeux devant l'incohérence de ce qui se fait dans ses paroisses, dans SA cathédrale... sous couvert du Concile. Lui-même respecte-t-il la liturgie conciliaire ? Non. Et il n'est malheureusement pas le seul évêque à prendre ses distances avec le missel romain issu de Vatican II. Et non seulement à prendre ses distances, mais aussi à obliger les prêtres et les fidèles laïcs à prendre leurs distances... c'est-à-dire, au fond, à pratiquer sans vergogne l'herméneutique de la rupture par laquelle on aboutit nécessairement à une relecture des textes conciliaires qui est effectivement, sur le plan de la tradition, une trahison que l'on se garde bien de reconnaître. Là est le paradoxe : Mgr Dagens, et bien d'autres avec lui, se drapent dans l'autorité d'un Concile qu'à juste titre ils ne veulent pas remettre en cause, mais qu'ils sont les derniers à vouloir appliquer. C'est d'ailleurs cette position qu'a dénoncée un autre évêque, Mgr Aillet, lorsqu'il a déclaré, en fin connaisseur de Vatican II, « des catholiques ont quitté l'Eglise pour avoir été blessés dans leur foi par la "rupture de tradition" opérée par ceux qui se réclamaient d'autant plus de "l'esprit du Concile" qu'ils en interprétaient les textes de manière arbitraire ». Comme le dit Mgr Dagens et comme l'a plusieurs fois fait comprendre Benoît XVI, il n'est pas question de revoir ou de mettre en cause Vatican II. Par contre - et là nous ne pouvons qu'être pleinement d'accord avec le Saint-Père... et aussi avec Mgr Aillet - il est urgent de revoir les interprétations arbitraires de Vatican II qui sont devenues habituelles dans les diocèses et les paroisses et qui toutes ont conduit soit à la désertification des églises, soit - comme l'écrivait très clairement Benoît XVI dans la lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio Summorum Pontificum - au regroupement de fidèles allant comme chercher refuge autour de la forme pré-conciliaire (ou "extraordinaire") de la liturgie romaine.
Pro Liturgia
Dans sa Lettre encyclique « Ecclesia de Eucharistia » du 17 avril 2003, le Bx Jean-Paul II rappelle que « la sainte Liturgie exprime et célèbre la foi unique professée par tous et, étant l'héritage de toute l’Eglise, elle ne peut pas être déterminée par les Eglises locales isolément, sans référence à l’Eglise universelle. » Puis le Souverain Pontife ajoute que « le prêtre qui célèbre fidèlement la Messe selon les normes liturgiques et la communauté qui s’y conforme manifestent, de manière silencieuse mais éloquente, leur amour pour l’Eglise. » S’il est un moment où un catholique doit pouvoir manifester son amour pour l’Eglise, c’est au moment de ses funérailles : quelle consolation de pouvoir se dire qu’au moment où l’on se présentera devant le Père du Ciel, on sera accompagné de la prière liturgique de l’Eglise dont l’efficacité est certaine.
Pour les funérailles, l’Eglise a prévu une liturgie composée d’oraisons, de chants, de rites spécifiques qui expriment d’une façon inégalée la foi en la vie éternelle. Cette liturgie ne saurait être remplacée par quelque chose d’autre ; parce que ce « quelque chose » n’aurait ni la valeur ni l’efficacité de ce que l’Eglise a déterminé et transmis, et priverait le fidèle défunt de l’expression consolatrice et pacifiante de l’amour que l’Eglise porte à ses enfants. Or aujourd’hui, dans de nombreuses paroisses, la liturgie des défunts est refusée aux fidèles. Pour des raisons dites « pastorales » - ce mot creux qui permet de justifier tout et n’importe quoi - cette liturgie est remplacée par une célébration (« eucharistique » dans le meilleur des cas) truffée de chants aussi sirupeux qu’ambigus exécutés dans des ambiances équivoques qui ne remplaceront jamais une authentique « messe de requiem ». Ces messes actuelles, avec leur « dernier adieu », avec leurs célébrants virevoltant dans leurs dégoulinantes « aubes-baggy » en tergal, avec leurs « mamies-bigoudis » qui s’emploient à nous vriller le cœur avec leurs « mots d’accueil » factices... ces liturgies-là sonnent affreusement faux et ne sont pas autre chose que des corruptions de la « liturgie des défunts » prévue par l’Eglise. Ces messes-là donnent la très désagréable impression qu’au moment où le fidèle entre dans le mystère de la mort, un certain clergé s’emploie à lui refuser de pouvoir s’endormir dans les bras protecteurs et tendres de Mère Eglise. Disons-le tout net : c’est inadmissible, anti-pastoral et anti-chrétien. Qu’en raison de la pénurie du clergé la liturgie des défunts déterminée par l’Eglise ne puisse pas toujours être célébrée, cela peut se comprendre. Mais que cette liturgie soit refusée par des clercs ou des « équipes liturgiques » et remplacée par autre chose, qu’il faille longuement négocier pour obtenir que soit chanté le propre de la « messe de requiem », voilà qui est absolument inadmissible.
Pro Liturgia
« Père qui es dans les Cieux,
Voici que je porte en mon sein
un tout petit enfant, faible et vulnérable,
qui déjà transforme tout mon corps
et tout mon cœur.
Merci de me donner de l’accueillir
comme Marie a accueilli Jésus
au jour de l’Annonciation ».
« Père qui nous aimes,
Je suis émerveillée face à cette vie
si secrète et si palpitante,
si fragile et si pleine de promesses.
Merci de m’avoir donné les yeux du cœur,
qui me permettent déjà de voir cet enfant
alors qu’il est encore invisible ».
« Avec mon enfant qui est d’abord le tien,
je te prie, Père plein de tendresse,
de nous garder sous ta protection,
maintenant et pour toujours. Amen ».
D’après une prière du père Michel Schooyans,
professeur à l’université catholique de Louvain
Ce week-end, le Pape a reçu le congrès international organisé par l'Université pontificale du Latran à l'occasion du quarantième anniversaire de l'Encyclique Humanae Vitae (25 juillet 1968). Cet important document de Paul VI, a dit Benoît XVI, « est aussitôt devenu un sujet de contestation alors qu'il était un geste de grand courage confirmant la doctrine et la tradition de l'Eglise ». La Vérité exprimée par cette encyclique, a-t-il ajouté, « est confirmée par les récentes découvertes scientifiques. Son enseignement est des plus actuels et elle suscite une réflexion sur la valeur fondamentale qu'elle contient ». Encore un discours ultra-important à faire découvrir autour de vous !
Le Saint-Père a rappelé que, « dans une culture soumise à la domination de l'avoir sur l'être, la vie humaine risque de perdre sa valeur même. Si l'exercice de la sexualité devient une drogue qui veut placer le désir personnel au même niveau que l'intérêt sans respecter la volonté de la personne aimée, il ne s'agit plus seulement de défendre le concept d'amour mais de défendre la dignité même de la personne. Les croyants ne pourront jamais admettre que la technologie se substitue à la qualité de l'amour et à la sacralité de la vie ». La loi naturelle, a-t-il poursuivi, « mérite d'être reconnue comme la source sur laquelle doit aussi s'inspirer le rapport entre les époux dans leur responsabilité de générer de nouveaux enfants. La transmission de la vie est inscrite dans la nature et ses lois restent la norme non écrite dont tous doivent se rappeler ». Le Pape a ajouté que la vie naissante « est le fruit de l'amour qui sait penser et choisir en toute liberté, sans se laisser conditionner outre mesure par l'éventuel sacrifice demandé. De là, jaillit le miracle de la vie que les parents expérimentent en eux-mêmes, en comprenant quelle chose extraordinaire s'accomplit en eux et entre eux. Aucune technique mécanique ne peut substituer l'acte d'amour que deux époux s'échangent comme signe d'un mystère plus grand qui en fait les protagonistes et les coparticipants de la création ». Puis il a rappelé les tristes histoires dans lesquelles sont impliqués des adolescents « dont les réactions manifestent une connaissance incorrecte du mystère de la vie et des implications risquées de leurs gestes », et a exprimé le souhait que les jeunes « puissent apprendre le vrai sentiment de l'amour et s'y préparent avec une adéquate éducation à la sexualité, sans se laisser déformer par des messages éphémères qui les empêchent de rejoindre l'essence de la Vérité qui est en jeu ». « La liberté doit être conjuguée avec la Vérité et la responsabilité, avec la force de se donner à l'autre aussi par le sacrifice; sans ces composants, la communauté des hommes ne grandit pas et le risque de s'enfermer dans un cercle d'égoïsme asphyxiant reste toujours un danger ».
Liens : Dicours intégral de Benoît XVI + « 40 ans après sa publication, l’Encyclique Humanæ Vitæ n’a rien perdu de sa Vérité » (Benoît XVI - Vidéo)
…et comme d’habitude, Satan-l'Orgueilleux a perdu, « parce qu'Elle est la plus pure des créatures, la plus obéissante. Elle est celle qui n'a jamais commis le moindre péché, et du coup Elle arrive toujours à me vaincre » (paroles d’un démon à un exorciste) :
« Une main a tiré, une autre a guidé la balle »
(Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II)
I. L’INTERCONNEXION ROME-FATIMA
Dans les jours suivant l’attentat, se souvient Mgr Dziwisz, « on commence à associer avec insistance la date de l’attentat aux apparitions de Fatima. De plus en plus la guérison du Pape apparaît comme un miracle et on l’attribue à l’intercession de Marie ». C’est le 18 juillet 1981, lors de sa deuxième hospitalisation à la clinique Gemelli, que Jean-Paul Il se fait apporter le texte secret du message de Fatima, dont ses prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI avaient pris connaissance sans en révéler le contenu. Comme il doit être bouleversé de tout saisir d’un coup… en découvrant la vision d’un « évêque vêtu de blanc qui tombe » que les pastorinhos ont immédiatement identifié comme étant le Pape : « Nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père » dit le texte. Ce que confirmera encore sœur Lucie le 27 avril 2000 à Mgr Tarcisio Bertone la visitant dans son carmel au nom du Saint-Père.
II. L’INTERCONNEXION FATIMA-ROME-MOSCOU
Le 2 mars 2006, Paolo Guzzanti, président de la commission parlementaire italienne enquêtant sur les activités communistes en Italie pendant la guerre froide, l’a certifié, sur la base des archives d’un ancien agent du KGB, Vassili Motrokhin, et sur des infos fournies par le juge français Bruguière : Brejnev a pris l’initiative, chargeant le GRU (services secrets de l’armée soviétique, pendant du KGB) de l’élimination physique du Pape, vu son soutien inconditionnel au syndicat Solidarnosc. Les services secrets bulgares auraient servi de couverture (d’ailleurs Serguei Antonov, chef des lignes aériennes bulgares a pu être identifié, grâce à la high-tech photographique dans la foule pendant l’audience). Pendant que la STASI d’Allemagne de l’Est était chargée de la désinformation. Jean-Paul II a toujours pressenti qu’Ali n’était qu’un exécutant : « Quelqu’un a planifié, un autre a réalisé ». Lors de sa première « descente » dans le monde communiste, en pleine place des Victoires à Varsovie, ce matin du 2 juin 1979, il disait : « Le Pape devait devenir le Pierre pérégrinant, comme le premier qui, de Jérusalem, était arrivé à Rome pour y donner au Christ un témoignage scellé de son propre sang ». Deux ans après, à son tour d’y passer ! Il verse trois litres de son sang là même où Pierre a versé tout le sien. « On ne croit que les témoins prêts à se faire égorger. » (Pascal).
III. « Marchant au milieu des cadavres »
La Vierge Marie, dès 1917, avait déjà relié l’attentat à cette foule immense de victimes de la plus terrible persécution de tous les temps. C’est pourquoi, dans son homélie du 13 mai 2000, où à nouveau il célèbre la bonté du Seigneur qui l’a sauvé de la mort, Jean-Paul II revient encore sur cette grande lutte apocalyptique : « L’homme, lorsqu’il met Dieu de côté, ne peut atteindre le bonheur, mais au contraire finit par se détruire lui-même. Combien de victimes au cours du dernier siècle du deuxième millénaire ! ». Il est frappant que dans la vision contenue dans le troisième secret de Fatima, l’évêque tout en blanc est vu avec d’autres de ses frères « évêques, prêtres et religieuses ». C’est ensemble qu’ils grimpent « sur une montagne escarpée au sommet de laquelle il y a une grande croix en troncs bruts. Le Saint-Père traverse une grande ville à moitié en ruines ». Symboles des destructions par les guerres du siècle ? « A moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin ». Il marche donc au milieu d’innombrables victimes. Et Dieu sait si Jean-Paul II s’est senti intimement solidaire de toutes celles des deux totalitarismes successifs qui ont marqué sa vie au fer rouge (comme il le rappellera au Colisée, le 7 mai 2000, en glorifiant les martyrs du siècle). « Parvenu au sommet de la montagne – poursuit le Secret -, prosterné à genoux devant la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ».
IV. La vision de Fatima : une lutte contre le communisme athée
« La vision de Fatima concerne surtout la lutte des systèmes athées contre l’Eglise et contre les chrétiens. Elle décrit l’immense souffrance des témoins de la foi du dernier siècle du second millénaire. C’est un interminable chemin de croix guidé par les papes du XXe siècle. » (Cardinal Ratzinger, 26 juin 2000). Ce sont donc bel et bien des martyrs au sens strict du terme. « Dans la vision le pape est tué sur la voie des martyrs… ». Et dans cette cohorte des martyrs du siècle, qui sont ceux avec lesquels il est particulièrement relié ? Sœur Lucie a réaffirmé à Mgr Bertone « sa conviction que la vision de Fatima concerne avant tout la lutte du communisme athée contre l’Eglise et les chrétiens, et elle décrit l’immense souffrance des victimes de la foi au XXe siècle ». Il en fait partie intégrante. Jean-Paul II est une de ces victimes, inséparable des millions d’autres. On ne saurait être plus clair : l’attentat est bel et bien en fonction de, en connexion avec cette persécution du communisme. C’est sans doute cette brutale prise de conscience du rôle de Fatima qui le poussera à réaliser la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, déjà amorcée par Pie XII le 8 décembre 1942. Il le fera à Fatima le 13 mai de l’année suivante, mais sœur Lucia ayant dit que les évêques du monde n’étaient pas assez impliqués, il recommencera de manière on ne peut plus solennelle, le 25 mars 1984, sur la place Saint-Pierre, ayant non seulement « informé » mais « convoqué » spirituellement les évêques du monde entier. Cette Consécration, explicitement demandée par la Vierge, enclenchera tout le processus d’implosion du communisme, balisé par une série de dates stratégiques, coïncidant toutes avec des fêtes mariales, et particulièrement avec des 13 mai ou 13 octobre, formant une saisissante litanie d’interventions providentielles. Aussi, quand Jean-Paul II retourne à Fatima en 1990, c’est moins pour remercier la Vierge pour sa protection lors de l’attentat – ce qu’il a déjà fait – et ce n’est pas encore pour béatifier Francisco et Jacinta, mais très explicitement pour la remercier du rôle personnel qu’Elle a joué dans les événements aboutissants à la chute du mur de Berlin, quelques mois plus tôt.
V. L’INTERCONNEXION ROME-PARIS
L’attentat est donc clairement connecté avec la persécution du totalitarisme communiste, mais aussi avec le grand combat contre la vie, mené par le nouveau totalitarisme. Dans son homélie du 13 mai 2000 à Fatima même, à la tragique litanie des goulags, Jean-Paul II ajoute « les attentats contre la vie non encore née et contre la famille ». Quelques jours avant son attentat, il avait signé le décret instituant le Conseil pontifical pour la famille comme un service permanent de la Curie, et le jour même, il avait déjeuné avec son ami intime Jérôme Lejeune, qui deviendra en 1994 le Président-fondateur de l’Académie pontificale pour la vie. Celui-ci apprend la terrible nouvelle le soir même, dans le taxi qui le ramène de Roissy à la maison. Dans la nuit il est pris de douleurs épouvantables et doit être hospitalisé. Pendant deux jours, comme son Pape, il est aux portes de la mort. Il sera lui aussi opéré, même leurs courbes de températures seront similaires, et il quittera la clinique le même jour que lui. Etonnante physico-sympathie ! Le même soir encore, le Parti communiste italien avait fait annuler une imposante manifestation pour préparer le referendum populaire du dimanche suivant sur ce « droit » à l’avortement que le Pape n’a cessé de combattre. Mais le vote du dimanche suivant confirmera – hélas – la volonté populaire d’élargir les possibilités de recourir à l’IVG. On comprend pourquoi, dans son homélie de Fatima, il mentionne aussi les atteintes à la vie non encore née et à la famille, dans la droite ligne des totalitarismes du siècle… Déjà, le 13 mai 1982, à Fatima aussi, dans la prière consécratoire du monde à Marie, ne s’était-il pas écrié : « Des péchés contre la vie de l’homme depuis ses premiers moments, délivre-nous ! ». Et de conclure ainsi l’homélie du 13 mai 2000 : « Le message de Fatima est un appel à l’humanité, afin qu’elle ne fasse pas le jeu du dragon… C’est la douleur d’une mère qui l’oblige à parler : le sort de ses enfants est en jeu ! ».
VI. « Le jugement qui pèse sur le monde »
La troisième partie du Secret s’ouvre sur ce flash saisissant : « Nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche : elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devait incendier le monde… ». Dans son commentaire officiel, le cardinal Ratzinger l’interprète comme « le jugement qui pèse sur le monde », précisant : « La perspective que le monde pourrait être englouti dans une mer de flammes n’apparaît absolument plus aujourd’hui comme une pure fantaisie : l’homme lui-même a préparé l’épée de feu avec ses inventions ». On pense irrésistiblement à la bombe atomique, aux fusées nucléaires, aux missiles, etc. Ici, l’horizon de Fatima est… Hiroshima, et les petits pourraient imaginer Nagasaki… Et comment le monde est-il sauvé d’une telle menace ? « Les flammes s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui ». Admirable précision ! Ce n’est pas seulement Marie en tant que telle qui intervient, c’est très précisément sa splendeur qui, à elle seule, suffit à éteindre l’incendie, telle une rosée rafraîchissante. La beauté de la Reine couronnée d’étoiles est plus forte que le dragon rouge-feu. On saisit maintenant l’arrière fond de cette exclamation extraordinaire de Jean-Paul II à Lourdes, la nuit du 15 août 1982 : « Que le dragon ne soit pas plus fort que ta beauté, ô Femme fragile et éternelle ! ». En priant ainsi, comment n’aurait-il pas eu au cœur cette vision du troisième secret, dont il avait pris connaissance 13 mois plus tôt ? On pense à ce mot d’un enfant du Havre : « La souffrance s’écrasera contre la beauté ! ». En écho du mot de Dostoïevski qui résonne encore dans le temps et dans l’espace : la Beauté sauvera le monde !
Le 50ème anniversaire de la mort du grand Pape Pie XII, survenue à Castel Gandolfo le 9 octobre 1958, est proche. L’Eglise Catholique lui doit non pas moins qu’au Pape Jean XXIII. « Ce qui reste pour de nombreux aspects encore inconnu, est l’influence que Pie XII a eue sur le Concile Vatican II. Son enseignement profond et clairvoyant peut se vérifier dans la suite des 43 Encycliques qui ont marqué son Pontificat, et dans les très nombreux discours avec lesquels il a abordé les questions les plus controversées à l’époque ». Les traits de ce magistère sont la promotion et la défense de la doctrine, le discernement des erreurs. En effet, ce que l’on ne sait pas défendre, on ne peut le répandre. Cela pourrait paraître à certains un accent triomphaliste : le fait est que l’ambiguïté et la confusion se développent là où l’on ne sait plus distinguer le vrai du faux. Comme a pu le démontrer le Père Peter Gumpel, historien jésuite, si l’on regarde les comptes-rendus des discussions des Père Conciliaires, son nom est cité au moins dans 1.500 interventions. Dans les notes des documents conciliaires, Pie XII est cité plus de 200 fois. C’est la citation la plus fréquente, mises à part les citations de l’Ecriture Sainte.
La reconnaissance unanime des vertus héroïques du Serviteur de Dieu par la Congrégation pour les Causes des Saints, le 8 mai 2007, attend d’être confirmée par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. Ce sera un signe éloquent pour ce qui concerne l’herméneutique correcte du Concile Vatican II. En effet, pour certains, il y aurait une ligne de discontinuité entre l’Eglise préconciliaire, et l’Eglise qui a suivi le Concile ; mais ils sont tombés dans la contradiction : d’un côté, ils l’ont appelé le « nouveau début » de l’Eglise, et de l’autre, ils l’ont réduit au rang de « Concile général de l’Eglise Catholique Romaine », en le plaçant parmi les autres Conciles médiévaux et modernes (depuis le IV° Concile de Constantinople, jusqu’au Concile Vatican I), considérés arbitrairement comme étant non œcuméniques comme les sept premiers (cf. l’article de W.Brandmuller, Quando un Concilio è davvero ecumenico? Sur « Avvenire » du13 juillet 2004, p 24). Ceux qui privilégient cette interprétation tendent à opposer Pie XII à Jean XXIII, en oubliant entre autre la grande reconnaissance que Jean XXIII exprima à son prédécesseur dans son Oraison funèbre, et dans sa première Encyclique Ad Petri Cathedram, en le désignant en ces termes “Doctor optimus, Ecclesiae sanctae lumen, divinae legis admonitor”. Ce sont là les trois titres qu’une antienne liturgique du Missel Romain emploie pour les Docteurs de l’Eglise. En réalité, comme l’a rappelé le Pape Benoît XVI dans son discours à la Curie Romaine, le 22 décembre 2005, il n’y a pas de discontinuité dans l’histoire de l’Eglise, mais un processus linéaire. Le Pape Pie XII a anticipé et préparé le Concile ; que l’on pense seulement à la réforme liturgique lancée avec l’Encyclique Mediator Dei, ou à l’Encyclique Divino Afflante Spiritu sur l’étude de la Sainte Ecriture. Le Concile a donc porté à sa conclusion tout ce qui avait été commencé sous son Pontificat. Il n’existe pas une, « opposition » entre Pie XII et Jean XXIII et c’est ce que le Pape Paul VI a voulu indiquer en commençant en même temps la cause de Béatification de ses deux Prédécesseurs. Rappelons enfin que Pie XII a lutté contre les idéologies et contre les dictatures de son temps, en restant à Rome, alors que toutes les autres autorités s’étaient enfuies. La devise de son Pontificat “opus iustitiae pax” synthétise le sacrifice de sa vie pour la paix, par la promotion de la justice envers ceux qui étaient les victimes de discrimination, sacrifice consommé dans l’humilité et dans la prudence. Les fidèles et les citoyens de Rome l’ont gardé dans leur mémoire, en l’appelant ‘’Defensor Civitatis’’ comme l’atteste la place qui se trouve sur la place qui porte son nom, face à Saint-Pierre.