Vous l’aurez remarqué : les Français sont très dociles dès qu’il s’agit pour eux d’utiliser des mots nouveaux ou des expressions nouvelles qui leur donnent l’impression de dire des choses profondes. Ainsi ne dit-on plus « un problème » mais « une problématique » ; l’ « handicapé » est devenu « une personne en situation d’handicap » tandis que l’aveugle est un « non-voyant ». La crise économique ne vous touche plus : désormais elle vous « impacte »... Et n’oubliez jamais de truffer vos phrases d’expressions comme « au niveau de » ou « en fait »... L’Education nationale est championne de ce genre de boursouflures verbales puisqu’un « résumé » est devenu une « trace écrite », qu’un « cours » est devenu une « séance dont il faut finaliser la progression » et que chaque « élève tire-au-flanc » a été mué en un « apprenant en voie d’acquisition des savoirs ». Une voie qui risque d’être longue pour certains allergiques au travail !
Et l’Eglise ? Elle n’est pas en reste. Un certain clergé a remplacé la « messe » par des « célébrations eucharistiques ». Pour savoir à quoi ressemble une « messe », il suffit d’ouvrir un vrai missel à la bonne page ; pour savoir à quoi va ressembler la prochaine « célébration eucharistique », il faut se renseigner auprès d’un membre de l’équipe d’animation liturgique locale. Pas auprès du curé : il n’en sait rien lui-même tant que l’équipe ne lui aura pas donné le programme qu’elle a élaboré. Et quand vous vous plaignez à votre évêque de ce que les messes paroissiales qui se font à 50km à la ronde sont généralement désarticulées et infantilisantes, il vous demande d’être « tolérant ». Comme si la « tolérance » avait quelque chose à voir avec votre « droit » à bénéficier d’une liturgie qui soit celle de l’Eglise et non celle de votre curé ! Là encore, les mots ont des sens qui fluctuent selon que l’on soit clerc ou laïc : « tolérance » est devenu un mantra utilisé par ceux qui craignent l’emploi du mot « vérité » ou de l’expression « droit à ». Et si vous lâchez le mot « tradition », on vous répliquera « progrès ». Pour bien vous faire comprendre que le terme que vous employez n’a plus cours dans l’Eglise-qui-vit-de-l’esprit-de-Vatican II. Confucius, disait que « lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté. » La perte du sens des mots fait partie de l’effondrement général des repères qui caractérise notre époque. Contre ce délitement de la pensée, sachons utiliser les mots justes : ils sont les traductions de pensées claires. Ils sont une arme permettant de lutter contre tout ce qui conduit à discréditer la recherche du Vrai, du Beau et du Bien. Leur emploi procède d’une exigence de rigueur qui s’oppose à la dérive des esprits conduisant au relativisme à la fois doctrinal et liturgique.
Pro Liturgia