« Celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle une à une et les fait sortir. Et quand il a mis dehors ses bêtes, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix » (Jean 10, 2-4). Le Temps Pascal que nous vivons fait approfondir le lien avec Jésus Ressuscité, le Bon Pasteur de nos âmes. Il est ainsi parce qu’il a donné sa Vie pour chacun d’entre nous, il a versé son Sang pour notre salut. Quelle merveille, et quelle reconnaissance ne devons-nous pas lui porter dans notre cœur pour cette Œuvre de Salut !
En tenant notre regard fixé sur Jésus, « auteur de notre foi et de son perfectionnement » non ne pouvons pas en ces jours chargés d’une sainte tension spirituelle, ne pas mettre en évidence le lien étroit qui existe entre la Croix du Christ et la Mission de l’Eglise. La Croix est le signe d’indentification des Chrétiens, et, en conséquence, de tous les endroits marqués par leur présence, habités par une « présence nouvelle », par ceux qui sont appelés à devenir toujours plus « Corps Mystique » du Seigneur sa présence dans le monde. Dans ce sens, la Croix est puissamment et objectivement missionnaire : annoncer et porter la Croix, c’est annoncer et apporter le Christ qui, en vainquant la mort, a donné une signification nouvelle à la souffrance, en lui ouvrant cet horizon rédempteur et de participation, qui en fait un véritable « lieu de salut ». La Croix du Christ est un lieu de salut, elle est source de tout salut possible : tous ceux auxquels le salut est offert, même non-chrétiens, s’ils sont sauvés, ils le seront uniquement par la Croix du Christ, et non sans la participation de la médiation ecclésiale (cf. Déclaration Doctrinale "Dominus Iesus"). Cette certitude soutient et anime constamment la Mission, en faisant de chaque baptisé un « porteur de la Croix », au sens explicitement visible, et au sens spirituel. Cette même Croix, devant laquelle chaque homme, directement ou indirectement, est appelé à se trouver, à se reprendre radicalement d’une certaine manière, est aussi un « lieu de jugement ». Dans ce contexte, jugement et salut ne doivent pas être compris en opposition, mais comme étant profondément liés l’un à l’autre, dans cette complémentarité nécessaire sans laquelle il n’y aurait pas de respect réel, et une participation authentique de la liberté humaine au dessein salvifique. Comme l’a rappelé le Saint-Père : « Avec la mort, le choix de vie fait par l'homme devient définitif – sa vie est devant le Juge. Son choix, qui au cours de toute sa vie a pris forme, peut avoir diverses caractéristiques. Il peut y avoir des personnes qui ont détruit totalement en elles le désir de la Vérité et la disponibilité à l'Amour. Des personnes en qui tout est devenu mensonge; des personnes qui ont vécu pour la haine et qui en elles-mêmes ont piétiné l'Amour. C'est une perspective terrible, mais certains personnages de notre histoire laissent entrevoir de façon effroyable des profils de ce genre. Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la destruction du bien serait irrévocable : c'est cela qu'on indique par le mot « enfer ». D'autre part, il peut y avoir des personnes très pures, qui se sont laissées entièrement pénétrer par Dieu et qui, par conséquent, sont totalement ouvertes au prochain – personnes dont la communion avec Dieu oriente dès maintenant l'être tout entier et dont le fait d'aller vers Dieu conduit seulement à l'accomplissement de ce qu'elles sont désormais ». (Encyclique "Spe Salvi", N°45). La Croix demande notre acte de foi, elle demande la clarté de l’annonce franche de l‘unique Vérité qui sauve, la disponibilité à « s’offrir soi-même comme sacrifice vivant agréable à Dieu » pour son propre salut et pour le salut du monde. Du martyre quotidien des « petites croix » de chacun, au grand appel au témoignage suprême, chaque chrétiens sait bien que « in hoc signo », dans le signe de la Croix, se trouve sa victoire et celle du monde entier.
Le Temps Pascal nous fait contempler l’espace illimité de l’Amour miséricordieux de Dieu qui, grâce à la Résurrection de Jésus, s’est ouvert tout grand devant nous. Les ténèbres du péché et de la mort ont fui, chassés par la lumière glorieuse du Seigneur Ressuscité venu pour nous renouveler, pour nous éclairer, et pour nous encourager sur le chemin de la conversion. Celui qui est « Ressuscité des morts », « le Vivant », « l’Agneau Pascal », c’est le Seigneur Jésus ! Par la force de la Résurrection, Il veut tirer de nos vides existentiels, qui sont causés par l’égoïsme et par le péché. En effet, en mourant, il a vaincu la mort et nous a redonné la vie !
Notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI enseigne, avec toute l’Eglise, que le noyau fondamental de notre Profession de Foi est la Résurrection du Christ. Si nous croyons en Lui, en sa puissance glorieuse, notre vie se transformera en un chant de victoire : « Chers Frères et Sœurs, accueillons l’invitation de l’Apôtre ; ouvrons notre âme au Christ mort et ressuscité pour qu’il nous renouvelle, pour qu’il élimine de notre cœur le poison du péché et de la mort et qu’il y déverse la sève vitale de l’Esprit Saint : la vie divine et éternelle. Dans la séquence pascale, comme en écho aux paroles de l’Apôtre, nous avons chanté : « Scimus Christum surrexisse a mortuis vere » - « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts ». Oui, c’est bien là le noyau fondamental de notre profession de foi, c’est le cri de victoire qui nous unit tous aujourd’hui. Et si Jésus est ressuscité et est donc vivant, qui pourra jamais nous séparer de Lui ? Qui pourra jamais nous priver de son amour qui a vaincu la haine et a mis la mort en échec ? » (Homélie du Pape Benoît XVI, Messe de Pâques, 12 avril 2009). Le pardon de Jésus, sa paix, son amour inconditionnel pour nous, n’appartient pas au royaume des fables, mais au Royaume des Cieux, déjà présent ici sur cette terre et vivant dans l’Eglise. Or, le Royaume du Christ vit dans chaque âme, en vertu du Baptême, et se développe en elle à mesure que les vertus, à partir de la foi, de l’espérance et de la charité, grandissent en elle par sa correspondance à la grâce divine. Le chrétien est un pèlerin, parce que son adhésion à l’Evangile ne se réalise pas une fois pour toutes, mais jour après jour, dans une dynamique de conversion, avec ses hauts et ses bas, toujours projetée en avant. Le voyageur se fatigue parfois et tombe, mais il se relève aussitôt, et continue sa route vers le but de sa vie : la sainteté que veut lui donner quand il franchira le seul de l’Au-delà ! La sainteté, c’est-à-dire la transformation totale en Jésus, est l’unique et vraie réalisation de l’existence humaine que Dieu nous a donnée pour nous rendre bienheureux, un jour, au Ciel, comme Lui ! Sans le désir profond d’un changement progressif de vie, qui est l’essence de la conversion chrétienne, on n’est pas en mesure de participer aux dons de Pâques, fruit de l’Esprit Saint, qui sont le signe d’un chemin de sainteté : « amour, joie, patience, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, domination de soi » (Galates 5, 22). Ce sont là des dons, intimement liés à l’action du Saint-Esprit en nous. Saint Pierre, après la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte, déclare clairement que l’appel fondamental de l’Evangile est celui-ci : « Convertissez-vous donc, et changez de vie, pour que vos péchés soient effacés » (Actes, 3, 19). Comment le Saint-Esprit pourrait-il agir dans une personne qui, son existence humaine concrète ne voudrait pas se convertir ? C’est en opposition avec l’Evangile de Jésus. Voilà pourquoi la Sainte Liturgie nous fait demander au Père un renouvellement authentique de vie : « Seigneur, tu ouvres ton Royaume à ceux qui renaissent de l’eau et de l’Esprit : fais croître en eux la grâce pour que, déjà purifiés de leurs fautes, ils ne rendent vaine aucune de tes promesses » (Collecte du Mardi de la 3° Semaine de Pâques). « A moins de naître d’en-haut, dit Jésus à Nicodème, nul ne peut entrer au Royaume de Dieu » (Jean 3, 5). La conversion est donc une véritable et propre renaissance spirituelle, et est centrée sur la foi dans le Christ Ressuscité et sur la charité. « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » : cette conversion, c’est croire dans la puissance de l’Evangile, c’est-à-dire à tout ce que Jésus a enseigné et transmis. Mais l’on ne peut croire en sa Parole si l’on ne vit pas ce qu’Il demande : « A ceci nous savons que nous Le connaissons : si nous gardons ses commandements. Celui qui dit :’Je le connais’ et ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est pas en lui » (1 Jean 2, 3-5)
Durant ce Temps Pascal, nous apprenons que, sans la charité « je ne suis qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit… je suis rien… cela ne me sert à rien » (cf. 1 Corinthiens 13, 1-3, passim). C’est pourquoi nous avons une besoin immense de l’Esprit Divin pour élargir les espaces étroits de notre cœur, pour faire en sorte que ce soit Lui qui guide nos décisions, qui nous donne les inspirations justes, qui nous défende des attaques du Malin : « Sans ta force, il n’y a rien dans l’homme, qui ne soit sans faute ». Combien est vrai ce que nous Lui demandons, dans cette célèbre Séquence de la Pentecôte ! Avec la Sainte Vierge, avec les Apôtres avec les Saints et les Bienheureux de l’Eglise, avec l’assistance des Anges, trouvons chaque jour le temps et les moyens pour passer quelques instants pour invoquer le Saint-Esprit sur nous et sur l’Eglise. Celui qui s’adresse à Lui ne sera jamais déçu : « Esprit Saint, viens dans mon cœur. Attire-moi à Toi, ô Esprit, vrai Dieu, par ta puissance. Accorde-moi la charité et la sainte crainte. Garde-moi de toute pensée mauvaise. Réchauffe-moi, et enflamme-moi de ton Amour très doux, afin que tout poids me semble léger » (Sainte Catherine de Sienne).
On demande aux fidèles "traditionalistes" se réclamant de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X d'accepter tout le Concile. Par voie de conséquence, on leur demande aussi d'accepter la validité de la liturgie eucharistique actuelle, celle qui a été restaurée à la suite du Concile et qu'on appelle couramment "Messe de Paul VI". Tout le problème est de s'entendre sur ce qu'est la "Messe de Paul VI". La "Messe de Paul VI" est-elle celle qui est célébrée dans nos églises ? Est-elle celle que l'on peut voir le Dimanche matin à la télévision au cours de l'émission "Le Jour du Seigneur" ? A ces deux questions, il faut clairement répondre : "non". Ces Messes là ne sont que des caricatures de la liturgie romaine voulue par le Concile, elle ne sont que des trahisons de la "Messe de Paul VI" :
...et pourtant, des prêtres, des évêques, des responsables de pastorale liturgique dûment mandatés et des animateurs liturgiques font croire aux fidèles depuis bientôt un demi-siècle que les Messes célébrées de cette façon dans les paroisses sont conformes aux décisions prises au moment de Vatican II. C'est faux, archi-faux : il faut le dire, le répéter, s'en convaincre. Les fidèles "traditionalistes" n'ont donc en aucun cas à accepter la liturgie qui se fait dans la grande majorité de nos paroisses et de nos cathédrales sous couvert du Concile, cette liturgie que même les fidèles qui se veulent dans la ligne de Vatican II devraient refuser car elle ne respecte jamais les indications du Missel romain actuel. Disons les choses avec franchise au risque de déplaire à certains : pour être dans la ligne de la liturgie voulue par Vatican II - cette liturgie que le pape Benoît XVI aimerait voir fleurir partout - il faudrait logiquement refuser non seulement 90% des Messes paroissiales, mais aussi les célébrations qui se font dans de nombreuses communautés anciennes ayant abandonné leurs traditions liturgiques, ou nouvelles ayant inventé ou introduit des rites qui n'appartiennent pas à la liturgie romaine. C'est dire l'ampleur de la tâche ! Quant aux évêques qui se réclament sans cesse de Vatican II et exigent des fidèles "traditionalistes" qu'ils acceptent la "Messe de Paul VI", ne devraient-ils pas commencer par accepter eux-mêmes cette Messe, c'est-à-dire commencer par la célébrer correctement en suivant fidèlement le Missel romain et le Cérémonial des Evêques ? Ils en sont généralement très loin, beaucoup préférant se plier aux programmes établis par les équipes liturgiques locales plutôt qu'aux normes données par l'Eglise. Dans cette situation, se réclamer du Concile pour exiger des "traditionalistes" qu'ils acceptent enfin Vatican II relève de la plus pure hypocrisie. Un seul exemple suffira à illustrer notre propos : en janvier de cette année, dix évêques de l'Est de la France publiaient un texte dans lequel ils déclaraient être dans la ligne tracée par Benoît XVI qui, au lendemain de son élection, avait dit : « Alors que je me prépare moi aussi au service qui est propre au successeur de Pierre, je veux affirmer avec force la ferme volonté de poursuivre l'engagement de mise en oeuvre du concile Vatican II, dans le sillage de mes prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Eglise ». Seulement voilà : parmi les évêques signataires de cette belle déclaration, un seul sait vraiment célébrer la "Messe de Paul VI"... mais ne la célèbre pas forcément lorsqu'il fait des visites pastorales. Les autres ne savent faire que du "bricolage liturgique". D'autre part, il faut souligner que le mot "Concile" n'a pas, dans la bouche de Benoît XVI, le sens qu'il a dans la bouche des évêques français. D'où des difficultés supplémentaires dès qu'on parle de liturgie avec nos Pasteurs diocésains. Le 17 octobre 1985, Jean-Paul II avait déclaré : « La liturgie, tout le monde en parle, écrit, ou discute à ce sujet. On la commente, on la loue, on la critique. Mais qui en connaît vraiment les principes et les normes d'application ? (...) ». Tant qu'on n'aura pas répondu à cette question que posait le Souverain Pontife, il est clair qu'on continuera à parler dans le vide en de nombreux diocèses de France.
Pro Liturgia
R. Lauda Jerusalem, Dominum ; Lauda Deum tuum, Sion.
Hosanna, Hosanna, Hosanna Filio David !
R. Jérusalem loue le Seigneur : loue ton Dieu, ô Sion
Hosanna, Hosanna, Hosanna, fils de David !
1. Quoniam confortavit seras portarum tuarum : * benedixit filiis tuis in te.
1. Car il a fortifié (contre le péché) les serrures de nos portes ; il bénit vos fils (d’adoption) en votre personne
2. Qui posuit fines tuos pacem : * et adipe frumenti satiat te.
2. Il a placé la paix sur vos frontières ; il vous nourrit de la fleur de froment, (Jésus, le Pain de vie)
3. Qui emittit eloquium suum terrae : * velociter currit sermo ejus.
3. Il envoie (par vous) son Verbe à la terre ; sa Parole parcourt le monde avec rapidité.
4. Qui dat nivem sicut lanam : * nebulam sicut cinerem spargit.
4. Il fait tomber la neige comme de la laine ; il répand la gelée blanche comme de la cendre.
5. Mittit crystallum suam sicut buccellas : * ante faciem frigoris ejus quis sustinebit.
5. Il lance sa glace, comme de légers morceaux de pain ; qui pourrait résister devant le froid que son souffle répand ?
6. Emittet verbum suum, et liquefaciet ea : * flabit spiritus ejus, et fluent aquae.
6. Mais bientôt il envoie (en Marie) son Verbe qui fond ces glaces ; l’Esprit de Dieu souffle et les eaux reprennent leur cours
7. Qui annunciat verbum suum Jacob : * justitias et judicia sua Israel.
7. Il annonce son Verbe à Jacob, ses lois et ses jugements à Israel.
8. Non fecit taliter omni nationi : * et judicia sua non manifestavit eis.
8. (Jusqu’aux jours où nous sommes) il n’avait pas agi de même pour toutes les nations, et il ne leur avait pas manifesté ses décrets
9. Gloria Patri, et Filio, * et Spiritui Sancto.
9. Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit
10. Sicut erat in principio, et nunc, et semper, * et in saecula saeculorum. Amen.
10. Comme Il était au commencement, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.