Le 7 octobre, c’était la fête de Notre-Dame du Rosaire, une fête particulièrement chère à de très nombreux fidèles. La prière du Rosaire nourrit la piété mariale, aide à reconnaître ce lien indissoluble qui lie Jésus à Marie, don extraordinaire de grâce pour toute l’humanité. L’Eglise a fait l’expérience de l’union admirable entre la Mère et le Fils de Dieu, dès ses débuts, et, tout au long des siècles, elle en a contemplé et éclairé les profondeurs abyssales. Dans cette lumière d’une particulière beauté, on comprend les paroles de Paul VI, le Pape de l’Exhortation Apostolique du « Marialis Cultus », du 29 mars 1974. Dans une homélie au Sanctuaire de Notre-Dame de Bonaria (le 24 avril 1970), il déclarait déjà : « Si nous voulons être chrétiens, nous devons être mariaux, c’est-à-dire que nous devons reconnaître le rapport essentiel, vital et providentiel qui unit la Sainte Vierge à Jésus, et qui nous ouvre la voie qui conduit à Lui ».
Le Chapelet est précisément « une voie » de prière qui conduit de la Mère au fils, même si elle pourrait sembler être une prière « pauvre », voire même « monotone. Au fond, on pourrait dire la même chose de la respiration : elle se présente comme faible et répétitive, mais combien elle est vitale ! La prière mariale par excellence, semble pauvre, mais elle est riche, apparemment monotone, mais elle ne lasse jamais. Celui qui la récite avec foi reçoit une force et une sérénité particulières, y compris pour affronter les problèmes quotidiens. Le Chapelet est une pratique de prière tellement simple que même les plus petits peuvent l’apprendre. Dans les familles et dans les communautés où l’on récite le Chapelet avec les enfants, on ressent concrètement la bienveillance particulière de Jésus, dont témoigne l’Evangile : « Laissez venir à moi les petits enfants, ne les en empêchez pas : c’est à ceux qui leur ressemblent qu’appartient le Royaume de Dieu. En vérité, en vérité je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme le fait un enfant, n’y entrera pas. Et, les prenant dans ses bras, il les bénissait en leur imposant les mains » (Matthieu 10, 14-16). Là où les enfants prient, se renouvelle l’effusion de cette bénédiction, se manifeste la prédilection spéciale du Seigneur pour les petits, et tous en retirent des bienfaits. Que de grâces ont attiré sur le Peuple de Dieu les trois pastoureaux de Fatima, François, Jacinthe et Lucie ! Ils reçurent du Ciel le mandat de réciter de nombreux Chapelets pour la paix, et le Portugal, effectivement, fut épargné de la grande guerre. Notre Saint-Père le Pape Benoît XVI, rappelant que le Mois d’Octobre était consacré à la prière du Chapelet et à l’engagement missionnaire, le 7 octobre 2007 précisément, a rappelé entres autres choses, l’appel de Fatima : « L'image traditionnelle de la Vierge du Rosaire représente Marie qui tient l'Enfant-Jésus sur un bras et, de l'autre, tend le chapelet à saint Dominique. Cette iconographie significative montre que le Rosaire est un moyen donné par la Vierge pour contempler Jésus et, en méditant sur sa vie, l'aimer et le suivre toujours plus fidèlement. Telle est la consigne laissée par la Vierge également lors de ses différentes apparitions. Je pense, en particulier, à celle de Fatima, survenue il y a 90 ans. En se présentant comme "la Vierge du Rosaire" aux trois pastoureaux Lucie, Jacinthe et François, elle a recommandé avec insistance de prier le Rosaire tous les jours, pour obtenir la fin de la guerre. Nous aussi, nous voulons accueillir la requête maternelle de la Vierge, en nous engageant à réciter avec foi le Rosaire pour la paix dans les familles, dans les nations, et dans le monde entier » (Benoît XVI, Angélus, 7 octobre 2007). Le Message de Fatima montre l’importance spéciale que revêt la récitation du Chapelet, en commençant chez les petits enfants. En mettant notre confiance dans l’invitation du Seigneur : « Laissez venir à moi les petits enfants », et dans celle de Notre-Dame de Fatima, les familles peuvent recourir à la prière du Chapelet pour en obtenir de grands bienfaits. Que de protection ont reçu les générations passées de croyants, grâce à cette prière devenue pour de nombreuses familles une pratique quotidienne ! L’Eglise ne se lasse pas d’en recommander la récitation, individuelle et communautaire, spécialement aux « petits églises domestiques » qui sont, entre autres, le premier séminaire des futures vocations au sacerdoce ou à la vie consacrée.
Le Serviteur de Dieu Jean Paul a proclamé « L’Année du Rosaire » (octobre 2002-octobre 2003) pour relancer cette prière au plan universel, et il lui a consacré aussi une Lettre Apostolique, dans laquelle il écrivait notamment : « Si, dans la lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, j'ai encouragé même les laïcs à célébrer la Liturgie des Heures dans la vie ordinaire des communautés paroissiales et des divers groupes chrétiens, je désire faire la même chose pour le Rosaire. Il s'agit de deux voies de la contemplation chrétienne qui ne s'opposent pas, mais se complètent. Je demande donc à ceux qui se consacrent à la pastorale des familles de suggérer avec conviction la récitation du Rosaire. La famille qui est unie dans la prière demeure unie. Par tradition ancienne, le saint Rosaire se prête tout spécialement à être une prière dans laquelle la famille se retrouve. Les membres de celle-ci, en jetant véritablement un regard sur Jésus, acquièrent aussi une nouvelle capacité de se regarder en face, pour communiquer, pour vivre la solidarité, pour se pardonner mutuellement, pour repartir avec un pacte d'amour renouvelé par l'Esprit de Dieu. De nombreux problèmes des familles contemporaines, particulièrement dans les sociétés économiquement évoluées, dépendent du fait qu'il devient toujours plus difficile de communiquer. On ne parvient pas à rester ensemble, et les rares moments passés en commun sont absorbés par les images de la télévision. Recommencer à réciter le Rosaire en famille signifie introduire dans la vie quotidienne des images bien différentes, celles du mystère qui sauve : l'image du Rédempteur, l'image de sa Mère très sainte. La famille qui récite le Rosaire reproduit un peu le climat de la maison de Nazareth : on place Jésus au centre, on partage avec lui les joies et les souffrances, on remet entre ses mains les besoins et les projets, on reçoit de lui espérance et force pour le chemin » (Jean Paul II, « Rosarium Virginis Mariae », N°41).
Fides