21 avril 2007
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Le concept des limbes, comme lieu où vont les enfants morts sans avoir été baptisés, est le reflet d’une "vision restrictive excessive du salut". Telle a été la conclusion de la Commission théologique internationale dans un document publié le 20 avril par la revue américaine Origins. Le texte, approuvé par le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal William Levada, avec l’accord de Benoît XVI, s’intitule ‘L’espoir de salut pour les petits enfants qui meurent sans être baptisés’.
La grâce a la priorité sur le péché et l’exclusion d’enfants innocents du paradis ne reflète pas l’amour particulier du Christ pour "les petits enfants", a ainsi expliqué la Commission théologique internationale dans son document de 41 pages, fruit d’une réflexion de plusieurs années sur les limbes et sur le sort des enfants morts sans le baptême. Dieu est miséricordieux et “veut que tous les enfants soient sauvés“, a-t-elle en effet souligné. “Notre conclusion est que les nombreux facteurs que nous avons pris en considération donnent des fondements théologiques et liturgiques sérieux pour espérer que les enfants non-baptisés qui meurent seront sauvés et bénéficieront de la vision béatifique“, ont encore affirmé la trentaine de membres de la commission présidée par le cardinal Levada. “Nous soulignons le fait que ce sont des raisons pour une pieuse espérance, plutôt que des motifs de connaissance sure“, ont-ils ajouté. Et de préciser qu’il faut en effet “que soit clairement reconnu le fait que l’Eglise n’a pas de connaissance sûre sur le salut des enfants qui meurent sans être baptisés“. Mais “il y a des raisons d’espérer que Dieu sauvera ces petits-enfants, précisément parce que ce n’était pas possible de faire pour eux ce qui aurait été le plus désirable“, c’est-à-dire “les baptiser dans la foi de l’Eglise et les incorporer de façon visible au corps du Christ“, ont insisté les théologiens. La Commission théologique internationale a estimé que le sujet devenait urgent au niveau pastoral, dans la mesure où de plus en plus d’enfants ne sont plus baptisés dans la société post-moderne et où beaucoup sont victimes d’avortement. Elle a commencé à se pencher sur le sujet en 2004. Ses documents ne relèvent pas du Magistère mais aident le Saint-Siège à réfléchir sur des questions théologiques importantes, sur lesquelles le pape peut s’il le souhaite se prononcer par la suite.
DIEU NE PEUT EXCLURE DU BONHEUR LES PETITS ENFANTS
La commission, que dirigeait le cardinal Joseph Ratzinger avant d’être élu pape, a reconnu qu’aujourd’hui “les gens trouvaient cela de plus en plus difficile d’accepter que Dieu soit juste et miséricordieux s’il excluait du bonheur éternel les petits-enfants qui n’avaient pas commis de péchés personnels“. Concernant l’enseignement de l’Eglise quant au fait que le sacrement du baptême soit nécessaire pour le salut, les théologiens ont estimé que cet enseignement requérait une interprétation, étant donné que “les nourrissons ne mettent aucun obstacle personnel à la voie de la grâce rédemptrice“. “Dieu donne la grâce du baptême sans que le sacrement soit donné, et ce fait doit être particulièrement rappelé dans les cas où il serait impossible de conférer le baptême“. Le magistère de l’Eglise a évolué vers une “compréhension plus nuancée“ de la façon dont la relation avec l’Eglise peut être réalisée, ont encore écrit les théologiens, ne renonçant pas pour autant à l’idée que tout salut s’accomplisse à travers le Christ et son Eglise. “Il n’y a pas de salut qui ne soit pas du Christ et ecclésial par sa nature même“, ont-ils ainsi précisé. Dans son texte final, la Commission théologique internationale a aussi rappelé l’origine des limbes, apparues au 13e siècle suite aux réflexions de Saint Augustin (5e siècle) sur le sort des enfants morts sans le baptême. Elle a précisé que les papes et les conciles, dans l’histoire, n’avaient pas défini les limbes - du latin limbus ou bordure, désignant la frontière de l'enfer, puis représentant ensuite un état, dans lequel les enfants auraient la félicité naturelle, sans avoir la vision surnaturelle de Dieu - comme une doctrine de foi, laissant la question ouverte. Ce qui a permis l’évolution de l’enseignement à ce sujet.