9 juin 2007 6 09 /06 /juin /2007 20:02

La "querelle des rites" qui oppose depuis plus de 40 ans les fidèles attachés à la liturgie romaine d'avant Vatican II (dite "de Saint Pie V") aux fidèles attachés à la liturgie romaine restaurée à la suite du Concile, a conduit à une situation dont on ne sortira qu'au prix de grandes difficultés tellement elle est mal "emmanchée"…

 
 
 
 
 
priest.jpegEn effet : tout le monde parle de la liturgie actuelle, les uns pour en chanter les vertus, les autres pour la critiquer et la refuser, alors qu'en réalité personne ne la connaît. Ni les "traditionalistes" qui refusent le rite romain restauré à la suite de Vatican II, ni les "progressistes" qui se réclament de ce même rite mais ne l'ont pas vu une seule fois être célébré comme il devrait être célébré, c'est-à-dire sans ajouts, sans suppressions, sans modifications, dignement, dans le strict respect du missel romain actuel, en latin et en grégorien. […] Les "traditionalistes" critiquent la liturgie actuelle en répétant ce qu'on leur a appris à répéter : la messe "de Paul VI" est une nouveauté. Une nouveauté ? Allons donc ! Ont-ils eu la curiosité de consulter l'Ordo Romanus Primus ? Ont-ils eu la curiosité de consulter le Missel de Murbach qui est du XIème siècle ? Ont-ils eu la curiosité de consulter les antiphonaires conservés à Einsiedeln ou à Saint-Gall ? Ont-ils eu la curiosité de consulter un Missel dominicain donnant la liturgie primitive de l'Ordre ? Probablement pas, sinon ils sauraient que la liturgie actuelle n'est pas une invention de Vatican II, mais une forme du rite romain totalement identique à la forme du même rite qui avait cours des VIIIème au XIème siècles - grosso modo - quand la liturgie ne comportait ni les doublets, ni les superpositions paroles-chants alourdissant l'ensemble, ni les épaisseurs héritée du romantisme.

Les "progressistes" se veulent fidèles à l'enseignement du Concile. Or, quand on voit ce qu'ils font ou font faire dans les paroisses, on en déduit immédiatement qu'ils n'ont jamais dû consulter ni les textes de Vatican II ni le missel romain actuel. En effet : où ont-il vu qu'il fallait remplacer les autels par des tables ? Où ont-ils vu qu'il était obligatoire de célébrer la messe face au peuple ? Où ont-ils vu qu'il fallait remplacer le chant grégorien par des refrains tellement pauvres ? Où ont-ils vu que le célébrant a le droit de modifier la liturgie selon ses goûts ou selon les goûts supposés de l'assemblée ? Où ont-ils vu que la dignité et la beauté d'une célébration était une entrave à la participation des fidèles ? Où ont-ils vu qu'il fallait imposer partout des "animateurs liturgiques" faisant des moulinets avec un zèle inversement proportionnel à leurs compétences liturgiques et musicales ?
 Oui, la crise liturgique mettra beaucoup de temps à se résorber, car de quelque côté que l'on se place, on voit bien que ceux qui parlent le plus de liturgie sont surtout ceux qui la connaissent le moins : d'un côté se trouvent ceux qui critiquent une messe "conciliaire" qu'ils n'ont jamais vue car elle n'existe pas dans les paroisses, et de l'autre côté se trouvent ceux qui se prévalent d'un Concile qu'ils n'ont jamais cherché à appliquer. De quelle autorité se réclament les uns et les autres ? On aimerait le savoir. Une chose est certaine : ce n'est pas de l'autorité de l'Eglise !
 
Alors, on entend certains fidèles "traditionalistes" dire que l'Eglise devrait être plus "tolérante" et accepter qu'on puisse célébrer selon l'ancienne forme de la liturgie romaine. Le problème vient de ce qu'une tolérance de l'Eglise à l'égard de ceux qui revendiquent l'usage des livres liturgiques d'avant Vatican II impliquerait une tolérance identique à l'égard de ceux qui croient respecter la liturgie issue de Vatican II en ne sachant pas qu'ils en trahissent systématiquement la forme chaque dimanche, depuis plus de 40 ans... Et la "tolérance", on s'en rend bien compte, placerait le Magistère dans une position très difficile, voir impossible à gérer. Dans ces conditions, le Motu proprio libéralisant la messe "de Saint Pie V" - utilisons cette dénomination puisque c'est la plus courante - lorsqu'il sera publié, ne pourra qu'être accompagné d'un document expliquant que la célébration de l'Eucharistie réalisée selon les anciens livres n'est pas à considérer comme une fin en soi, mais comme un moyen de redécouvrir les exigences inhérentes à la célébration du "sacrement de l'unité". Il y a fort à parier que le Motu proprio sera bien plus qu'une simple autorisation... et qu'il ne plaira pas à tout le monde, peut-être pas même aux "traditionalistes" qui comptent dans leurs rangs des fidèles d'une rare intransigeance, comme l'a fait remarquer récemment Jean Sévillia sur l'un de leurs blogs.
 
Il reste une question à poser : pourquoi en est-on arrivé à cette situation de "querelle des rites" dont on ne voit pas vraiment l'issue ? La réponse qu'il faut donner ne fera pas plaisir à tout le monde, mais il faut bien la donner tout de même. La "querelle des rites" est le résultat - pas "que" le résultat mais essentiellement le résultat - d'une inaptitude de [certains] évêques français : ils n'ont jamais parlé quand il fallait parler; ils n'ont jamais donné eux-mêmes le bon exemple lorsqu'ils célébraient la liturgie; ils ont tout accepté, y compris l'inacceptable fait sous couvert d'expériences pastorales. Ils ont laissé dire que le Concile avait supprimé ou interdit le latin et le grégorien. Ils ont fermé les yeux sur les improvisations et les expériences liturgiques qui se faisaient dans leurs propres séminaires diocésains. Oui, les évêques de France furent, par leurs faiblesses, leurs silences, leurs complaisances... les grands instigateurs de la crise liturgique. Aujourd'hui encore, lorsqu'ils célèbrent une messe de funérailles pour tel ou tel acteur de cinéma (le petit peuple, lui, n'a pas le droit à une messe d'enterrement...), ils autorisent n'importe quel chant profane au cours de la liturgie, et ne respectent pas toujours les textes du missel romain. C'est dire qu'on ne pourra guère compter sur eux pour sortir de la crise. Car cette crise, ils ne la voient pas, ne veulent pas la voir, ne veulent pas en savoir l'ampleur. Peut-être est-ce parce qu'ils se sentent incapables de la surmonter ? On ne sortira pas si vite de la "querelle des rites", parce que, d'un côté comme de l'autre, depuis plus de 40 ans, on a laissé dire tout et n'importe quoi au sujet de Vatican II, on a laissé faire tout et le contraire de tout au nom de la fidélité au Concile, ce qui a favorisé un long pourrissement de la situation et, par contrecoup, un raidissement des positions des uns comme des autres. Tel est le bilan que l'on peut faire à la veille de la publication, par Benoît XVI, d'un Motu proprio devant faire suite à Ecclesia Dei adflicta.
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commentaires

M
<br /> Mon avis sur ce concile Vatican 2 si bon et si mal appliqué est  celui que Isaie avait sur l'Egypte : "Ce concile est un roseau fêlé<br /> qui perce la main qui s'y appuie"<br /> <br /> <br /> Il est vrai que la plupart ce ceux qui y ont participé étaient de saints et bon catholiques, mais la f(r)action des décideurs(Suenens, Laurentin, Bugnini , Congar etc ... ) voulaient le<br /> virage à gauche de l'Eglise, ils y ont pris le pouvoir et ceux qui restent de ces  dinosaures progressistes freinent toujours  des 4 fers contre tout ceux qui veulent restaurer l'Eglise<br /> que ce soit Jean paul II ou Benoit XVI. Pour moi le concile est une excellente tisane mais il  contient de l'arsenic... Loué soit Jésus Christ. in aeternum amen!<br />
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L
J'ai recopié et fait photocopier le texte français de la messe codifiée par St Pie V,je distribue ces pages pour que les gens fassent la différence avce la messe protestantisée.Car la seule vraie messe catholique sacrificielle est celle de toujours, héritée des apôtres, voulue par NS J.C. Il n'y-avait pas lieu du tout de concocter une autre "messe" se rapprochant des  réformés et anglicans car telle est la réalité, je ne reconnais qu'une seule Eglise et qu'un seul rite (sauf s'il est traditionnellement dit en copte, araméen etc), on pourrait dire le vraie messe en français bien sûr, mais le latin permet d'y répondre et d'y participer en voyageant partout dans le monde.La messe est l'application de l'Evangile et l'invitation à la mission, à la mise en pratique des Commandements, à la tolérance, à la bonté, à la charité, à l'amour, à la reconnaissance d'un seul Sauveur, d'une seule Eglise, d'un seul baptême, d'une seule vraie religion.Toute autre interprétation est eronnée et conduit l'humanité au désstre que nous connaissons, pevertit le clergé et les fidèles, conduit aux philosophies modernistes, marxistes, maçonniques, révolutionnaires, musulmanes, juives ou à toute autre fausseté qui, selon le Christ qui est Dieu, provient du Démon.Que celui qui a des oreilles entende.
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A
<br /> <br /> A nuancer !<br /> <br /> <br /> <br />
G
je me plais à songer que, s'il n'y avait pas eu ce satané concile, il n'y aurait pas de querelle liturgique. l'unité serait préservée. aux autres "églises" de faire le premier pas pour se rappocher de Rome. - patience!
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A
<br /> <br /> Pas d'accord avec vous. Le concile Vatican II était indispensable pour l'Eglise. La crise liturgique ne vient pas du Concile lui-même mais de<br /> personnes qui n'ont jamais voulu l'appliquer. Il faut donc de toute urgence l'appliquer dans sa bonne "herméneutique" ! (cf : Discours de Benoît XVI le 22 décembre dernier à la<br /> Curie Romaine); Le fidèle catholique qui n'accepte pas le concile s'exclu lui-même de la grande Tradition Bimillénaire de l'Eglise. La Tradition, c'est<br /> l'Eglise !<br /> <br /> L'oecuménisme est VOULU par Jésus-Christ : Rappelez-vous les dernières paroles de NSJC sur la croix : "Que tous soient UN". Bien<br /> évidemment, l'unité doit se faire DANS l'EGLISE, et ce, toujours dans la Vérité !<br /> <br /> <br /> <br />
L
Votre article est juste.Il est vrai que lle rite Paul Vi n'est pas la plupart du temps célébré en conformité avec les textes.Toutefois, je suis un fidèle du rite Saint Pie V ( Frat Saint Pierre) et maintiens qu'il s'agit du seul et unique rite digne pour célébrer le Saint Sacrifice de la Messe.Néanmoins, vous l'exposez justement, les choses ne sont pas si simples.La libéralisation du rite tridentin ne suffit pas, il faut aussi faire en sorte que le rite " paulien " soit célébré selon les textes, et selon l'esprit voulu par le concile ( même s'il est contestable ).VDVFVR.Christus Semper Ubique Imperat
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L
tout dabord, bravo pour cet article mais j'aurais été encore un peu plus dur sur ce que vous appelez les "progressistes". En plus de leur désastre liturgique (bien vu pour le lien :-)), il y a aussi un désastre bcp plus grave selon moi : c'est le désastre de la catéchèse et du rapport fait par ces derniers au magistere de l'Eglise !
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M
Bravo pour cet article. Vous résumez parfaitement la situation actuelle sans pour autant tomber dans le parti-pris habituel : pro-Vatican II contre intégristes ou traditonalistes contre prospros. Parti-pris tellement réducteurs! Merci infiniment!
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P
je suis entièrement d'accord avec cet article. Il résume très bien l'esprit qui règne. Quand vous parlez de la messe de Paul VI, on peut constater (de manière générale car je connais des paroisses où on respecte cette messe liturgiquement parlant, sans mettre de chants profanes, sans supprimer une lecture, sans supprimer le gloria...), qu'il y a des abus. ça me fait beaucoup de peine pour les chrétiens de paroisse qui s'imaginent que la messe a été respectée, qui n'ont en aucun cas été choqué.
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