30 octobre 2007 2 30 /10 /octobre /2007 23:00

Les Saints, tous les Saints ont expérimenté ces Béatitudes. Elles les ont amené au Ciel. Si nous voulons les rejoindre, il nous faut aussi emprunter ce chemin du Ciel. Les Saints innombrables, canonisés, et la foule immense que nous entrevoyons aujourd’hui, ces Saints dont nous parle l’Apocalypse, cette foule que personne ne peut dénombrer, de toutes tribus, de toutes races et de toutes langues sont passés par cette route unique. La Reine des Saints l’a empruntée la première, et désormais, elle se tient à l’entrée, Porte du Ciel, et tout au long du chemin, nous marchons sous son manteau d’amour… Elle nous mènera bien vite, à la mesure de notre confiance, jusqu’à Celui qui est la couronne de tous les Saints…

 
 
 
 
 
1. « Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des Cieux est à eux »
Jésus parle ici du détachement des richesses, de toutes les richesses. Le pauvre dont il s’agit est l’homme qui se reconnaît dépendant totalement de Dieu. S’il possède quelque chose, il sait que cela vient de Dieu. Il ne s’attribue rien, mais est dans une perpétuelle reconnaissance pour les dons de Dieu. Le pauvre, c’est celui qui a le cœur ouvert… qui sait qu’il n’a rien, qui attend tout de Dieu. Le pauvre est celui qui a les mains vides. Il reçoit l’Evangile dans la joie, comme Jésus le dit à Saint Jean-Baptiste : « Les pauvres sont évangélisés » (Luc XVII, 22). Le pauvre s’oppose au rassasié, au satisfait, à celui qui croit tout avoir, à celui qui croit pouvoir par lui-même. A cet homme qui a les mains pleines, Saint Jean dit dans l’Apocalypse : « Tu dis : je suis riche, j’ai fait fortune, je n’ai besoin de rien, et tu ne sais pas que tu es misérable et pauvre, aveugle et nu ». Prenons garde, mes bien chers frères, Dieu résiste aux superbes mais il donne sa grâce aux humbles. Jésus, apprenez-nous à être pauvres, à nous présenter à vous les mains vides.
 
 
 
 
2. « Heureux les doux, ils posséderont la terre »
La douceur, la vertu même de Jésus : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». Saint Paul définit cette vertu dans son Epître aux Corinthiens : « les doux sont ceux qui cèdent à la méchanceté, qui ne résistent pas au mal, mais qui triomphent du mal par le bien ». Le doux, c’est celui qui sourit du « sourire de bénignité » dont parle le même Saint Paul. Celui qui ne réclame pas ses droits, qui sait pardonner, qui ne prend pas le mal en compte, mais qui comme Dieu, noye le mal et la haine dans un océan de charité. « Les doux posséderont la terre » : La douceur est la vertu conquérante par excellence, la vertu qui ouvre les cœurs… qui ouvre même le cœur de Dieu, qui assure la possession du Ciel, la vraie terre promise.
 
 
 
 
3. « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés »
Le fondement de cette béatitude est la phrase de Saint Paul aux Philippiens : « hoc enim sentite in vobis, quod et in Christo Jesu ». Ayez en vous les sentiments du Christ Jésus ! Or Jésus a pleuré : - Jésus a pleuré sur le péché : il l’a ressenti si profondément comme un refus d’amour, lui qui était justement le don de l’amour de Dieu aux hommes. Pleurons donc, nous aussi, sur le péché, les nôtres et ceux de tous les hommes. - Jésus a pleuré de compassion : toute souffrance le bouleversait : les infirmes, les malades, les veuves et les orphelins, son peuple, Jérusalem, et tous ceux qui ferment leur cœur à l’Evangile. Nous aussi, « pleurons avec ceux qui pleurent », comme le dit Saint Paul. Etre tout à tous, c’est prendre sur soi la souffrance du prochain, s’en revêtir en quelque sorte, et pleurer avec lui. Le monde, lui, ne connaît pas la compassion : il est inaccessible à la pitié. Il tourne même en dérision la compassion des chrétiens. Mais qu’importe le jugement du monde ! nous serons consolés : « En vérité, en vérité, je vous le dis : vous pleurerez et vous serez dans le deuil, vous, et le monde se réjouira ; vous serez affligés mais votre affliction se changera en joie » (Jean, XVI, 20)
 
 
 
 
4. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés »
Avoir faim, avoir soif, expriment l’intensité du désir. La justice dont il s’agit ici est celle par rapport à Dieu, c’est-à-dire la religion, ou mieux : la sainteté. - heureux donc ceux qui ont faim et soif se sainteté ! - heureux ceux qui brûlent du désir de la sainteté ! Désirer la sainteté, c’est déjà la posséder, puisque Jésus nous dit : « ils seront rassasiés ». Ce que rediront Saint Jean de la Croix et la petite Thérèse : « On obtient du Bon Dieu autant que l’on espère ».
 
 
 
 
5. « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde »
Miséricorde : « miseris cor dare », donner son cœur aux malheureux. Cette définition étymologique est d’autant plus belle que le miséricordieux est celui qui pardonne celui qui l’a offensé. La miséricorde nous fait donc regarder l’offenseur comme un malheureux, comme une personne à plaindre… personne à laquelle il faut montrer qu’on ne lui en veut pas, qu’on a pardonné, que tout est oublié… C’est la grande vertu de Dieu : Dieu est amour et amour de miséricorde. Dieu a pitié de notre malheur, de notre misère d’offenseur. Dieu ne refuse jamais son pardon, oserons-nous refuser le nôtre ? N’oublions jamais que la mesure avec laquelle nous pardonnons à notre prochain sera celle avec laquelle Dieu nous pardonnera. « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé ».
 
 
 
 
6. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu »
C’est bien sûr la pureté qui s’oppose à la luxure. Cette vertu de pureté se fonde sur notre être chrétien : nous sommes le temple de Dieu, nous devons respecter ce temple et non le profaner. Mais cette vertu de pureté, de chasteté, n’est que l’aspect physique, que le reflet au fond d’une autre vertu : l’innocence et la droiture du cœur. Cette pureté du regard qui voit l’âme dans le prochain. Ce regard spirituel, pur et chargé d’amour. La pureté du cœur, cette maîtrise des passions assure à la personne la pureté du corps. Elle purifie aussi son regard : les passions ne brouillent pas de leurs nuages la pureté du regard de l’innocent, du cœur pur. Son regard plonge jusque dans l’éternité.
 
 
 
 
7. « Heureux les pacifiques, ils seront appelés Fils de Dieu »
Le Christ est le grand pacifique, c’est-à-dire le grand artisan de Paix. - cette paix offerte à Noël aux hommes de bonne volonté, - cette paix que le Christ nous laisse en héritage après la dernière Cène, - cette paix de Pâques qu’il nous laisse jusqu’à la fin du monde. Rappelons-nous la définition de la paix par Saint Augustin : « la paix est la tranquillité de l’ordre ». Eh bien, c’est justement parce que Jésus est celui qui ramène l’ordre dans le monde qu’il est le pacifique, l’artisan de paix par excellence. « Pax Christi in Regno Christi » : la paix du Christ dans le règne du Christ, répétait sans cesse Pie XI, le pape du Christ-Roi. La paix que les hommes poursuivent ne leur sera donnée que par le règne du Christ. Seuls ceux qui font régner le Christ en eux et partout sont les vrais pacifiques. Ils seront appelés Fils de Dieu parce qu’ils sont animés par l’Esprit de Dieu, et sont en vérité ses enfants.
 
 
 
 
8. « Heureux les persécutés pour la justice, le Royaume des Cieux est à eux »
Cette béatitude ne fait qu’une avec celle qui suit :
 
 
 
 
9. « Heureux serez-vous quand on vous insultera, quand on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi »
Bienheureux celui qui subit la persécution pour la justice, c’est-à-dire pour la sainteté, pour l’amour de Jésus. Souffrir pour celui que l’on aime, c’est la Joie, la plus belle expression de l’amour, du don de soi à l’être aimé. Rappelons-nous le discours après la Cène : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Souffrir pour la sainteté, c’est aussi être identifié au Christ : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ». Joie chrétienne d’être identifié dans la persécution au Christ Seigneur. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les Cieux. Folie aux yeux du monde que cet amour de la Croix ! Que cette souffrance offerte en union à la Passion de Jésus ! Les Actes des Apôtres nous rapportent cette joie des Apôtres persécutés par la Synagogue : « Sortant du conseil, les apôtres s’en allaient joyeux, parce qu’ils avaient été jugés dignes de souffrir cet affront pour le Nom de Jésus ». Souffrir la persécution morale pour le Seigneur en notre début de millénaire est une joie indicible que seule la Foi permet de comprendre : « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse ».
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