« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)

Les évêques de France : la "gallicane attitude" ?

NDLR : Loin de nous de vouloir critiquer ou de juger qui que ce soit. Dieu seul sonde les reins et les cœurs (Psaume VII, 10) et Lui seul nous jugera de nos actes. Cependant, nous devons avoir le courage de dire certaines vérités pour préserver l’UNITE de l'Eglise... et plus particulièrement de l’unité catholique en France ; A la suite de Mgr Centène, nous redisons que « la charité sans la Vérité est un fruit pourri ». Le texte ci-dessous ne plaira peut-être pas à tous le monde mais il reflète l’actuelle crise de l’Episcopat français. Si la France est sujette à la division liturgique et doctrinale, c’est en grande partie à cause d’un Episcopat ne voulant pas appliquer les directives romaines depuis trop fort longtemps. Il faut oser le dire et savoir faire son propre examen critique :
 
 
 
 
undefinedIl y a une question que le "fidèle de base" est en droit de se demander : que pense-t-on, à Rome, de l'épiscopat français ? Question délicate, comme on peut s'en douter. Pour tâcher d'y répondre, il faut voir quelles ont été - ou quelles sont encore - les réactions des évêques français aux décisions prises par les papes. Et aussi quelles ont pu être les réactions du Saint-Siège vis-à-vis de décisions prises par l'épiscopat. Les visites ad limina que font tous les évêques donnent l'occasion aux évêques de France, en 1977, de rencontrer Paul VI. De retour dans son diocèse, Mgr Decourtray note : « Nous avons rencontré un vieillard épuisé (...) L'extraordinaire vigueur de son propos nous a étonnés (...) Nous avons retiré l'impression qu'il avait été déçu par l'Eglise de France. Il avait placé une exceptionnelle confiance en elle. Sa déception n'en fut que plus grande ». Il est vrai qu'au cours de son exposé à nos évêques, Paul VI avait évoqué « l'apathie spirituelle de prêtres, de religieux ou de religieuses », ainsi qu'un « complexe anti-romain » conduisant à ne pas tenir compte des orientations pastorales souhaitées par Vatican II. C'est dans ce sillage qu'en 1980, les évêques français font éditer le manuel "Pierres Vivantes" qui, disent-ils avec persuasion et auto-satisfaction, est une grande réussite. De nombreux fidèles réagissent face à la diffusion d'un manuel qui dilue l'enseignement religieux au point d'en faire quelque chose qui n'est plus toujours catholique. Ils sont très vite considérés comme d'infréquentables "intégristes", le mot qui tue !  Dans "La Croix", Mgr de Provenchères, alors Archevêque d'Aix, défend la nouvelle catéchèse. Il sera très vite suivi par Mgr Villot, alors Secrétaire de l'Episcopat, et par Mgr Feltin. Mais en 1983, alors que se prolonge et s'amplifie la querelle sur la catéchèse autour du manuel "Pierres Vivantes", le Cardinal Ratzinger intervient au grand soulagement des fidèles qui souhaitent conserver et transmettre la foi de l'Eglise. Invité à Lyon et à Paris, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n'hésite pas à prendre le discours officiel de l'épiscopat français en défaut, en déclarant que « ce fut une première et grave faute de supprimer le catéchisme », et en dénonçant « la grande misère de la catéchèse nouvelle », qui oublie « de distinguer le texte de son commentaire ». Et le Cardinal Ratzinger d'ajouter qu' « il faut oser présenter le catéchisme comme un catéchisme » - petite phrase bien sentie qui vise directement "Pierres vivantes". Aussitôt, nos "évêques français" font chorus pour expliquer aux fidèles (qu'on prend décidément pour de grands naïfs) que le Cardinal n'entendait nullement « s'ingérer dans les affaires françaises, mais traiter globalement de la situation de la catéchèse ». Autrement dit : Rome c'est Rome, la France c'est la France.
 
En 1980, le pape Jean-Paul II vient en France. Il y a moins de foule pour l'accueillir qu'en bien d'autres endroits du monde où il s'est déjà rendu. On apprendra par la suite qu'en plusieurs diocèses le clergé local a dissuadé les fidèles de se rendre à Paris. Et l'on apprend pourquoi en lisant un numéro d'Etudes où Jean-Paul II est présenté comme un pape qui a une vision conservatrice du Concile alors que les fidèles catholiques français "de la base" veulent adapter leur foi à l'époque à laquelle ils vivent. Voilà les évêques obligés de faire le grand écart entre le Vatican - nécessairement conservateur et décalé - et l'intelligentsia français - nécessairement ouverte et tolérante - qui a en mains les commandes des diocèses et des paroisses. Au milieu de ces différents, une voix se fait entendre : celle du Cardinal Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui, en décembre 1985, publie "Entretien sur la foi". Aussitôt le Cardinal est présenté - sans que nos évêques ne s'en émeuvent - comme un Panzerkardinal enfermé dans sa pensée. Ne se permet-il pas de porter des jugements critiques sur la façon avec laquelle le Concile a été appliqué en France ? N'ose-t-il pas se montrer sévère pour les conférences épiscopales qui « n'ont pas de base théologique [ni] mission de Magistère » ? Le livre du Cardinal Ratzinger est en réalité une sévère mise en garde adressée aux évêques de France, puisque c'est précisément dans leurs diocèses et sous leur autorité que l'on trouve les principales déviations liturgiques et contresens catéchétiques. Les réactions "anti-ratzingériennes" ne se font pas attendre, ce qui provoque une réaction du Saint-Siège : le Vatican ne conteste pas le droit des évêques français de critiquer les positions du Cardinal Ratzinger - bras droit de Jean-Paul II - mais réprouve le "triomphalisme" d'un épiscopat qui ne sait que minimiser les difficultés rencontrées par l'Eglise en France.
 
En avril 2005, le Cardinal Ratzinger - celui que le clergé de France ne se prive pas de critiquer faute de pouvoir critiquer directement Jean-Paul II - est élu pape. La déception est clairement affichée par de nombreux prêtres au cours des réunions de secteurs inter-paroissiaux et même au cours de certaines homélies dominicales... Mais cette déception devient plus marquée - et plus virulente aussi - lorsqu'on apprend que Benoît XVI aurait l'intention de publier un Motu proprio libéralisant la forme de la liturgie romaine qui était en usage avant Vatican II. Dix évêques de l'Est de la France, ainsi que de nombreux prêtres et responsables diocésains à différents niveaux, laissent entendre qu' « une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l'unité entre les prêtres, autant qu'entre les fidèles ». Et voici Benoît XVI officiellement soupçonné d'être un diviseur au sein de l'Eglise et un fossoyeur de Vatican II. Plus comique encore, les évêques de France qui ont laissé la liturgie totalement se déliter, s'autorisent à faire la leçon au Saint-Père en lui rappelant « que la liturgie est l'expression de la théologie de l'Eglise » et non des sentiments des célébrants. La situation devient telle que lors de leur Assemblée plénière à Lourdes, en novembre 2006, les évêques se croient obligés pour ne pas perdre la face, de souligner leur attachement à la messe de Paul VI. Seulement voilà : il ne se trouve aucun évêque de France capable de célébrer cette messe de Paul VI sans la déformer plus ou moins gravement... Et ceci, à Rome, on le sait bien comme le prouve la conférence pleine d'allusions que fera en 2006, à Paris, le Cardinal Arinze et que nos évêques s'empresseront d'étouffer. Dernier épisode en date : les évêques francophones devraient présenter une version du Missel romain actuel plus conforme au texte liturgique latin. Comme cette version tarde à venir, il y a de bonnes raisons de penser qu'au Vatican on s'est mis au travail sans attendre davantage les propositions des évêques de France. Désormais, à Rome, on ne prend plus avis des évêques de France : on les met devant le fait accompli, comme l'a très bien montré l'épisode de la création de l'Institut du Bon Pasteur de Bordeaux.
 
Que conclure de ces faits sinon qu'au Vatican on se fait probablement peu d'illusions sur la capacité de l'épiscopat français à dynamiser les diocèses pour permettre aux catholiques de retrouver le vrai visage de l'Eglise. Déjà en 1970 le regretté André Frossard, grand ami de Jean-Paul II, dénonçait la grande mollesse de notre épiscopat. Rien ne semble avoir changé depuis !
 
 
Pro Liturgia
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