« (...) L’être humain est un être corporel. Si matériel qu’il soit, le corps n’est pas un objet : il est d’abord quelqu’un en ce sens qu’il est manifestation de la personne, un moyen de présence aux autres. Le corps est une parole, un langage. Quelle merveille et quel signe en même temps ! Ayez un très grand respect de votre corps et du corps des autres ! Que votre corps soit au service de votre moi profond. Que vos gestes, vos regards soient toujours le reflet de votre âme. Adoration du corps ? Non, jamais ! Mépris du corps ? Pas davantage ! Maîtrise du corps ? Oui ! Transfiguration du corps ! Plus encore ! La maîtrise du corps est déterminante pour l’intégration de la sexualité (+). L’union des corps a toujours été le langage le plus fort que deux êtres puissent se dire l’un à l’autre. Et c’est pourquoi un tel langage, qui touche au mystère sacré de l’homme et de la femme, exige qu’on n’accomplisse jamais les gestes de l’amour sans que les conditions d’une prise en charge totale et définitive de l’autre soient assurées et que l’engagement en soit publiquement pris dans le mariage (+) (+) (+). Vous valez ce que vaut votre cœur. Toute l’histoire de l’humanité est l’histoire du besoin d’aimer et d’être aimé. Cette fin de siècle rend plus difficile l’épanouissement d’une saine affectivité. Il importe en ce domaine de voir clair. Quel que soit l’usage qu’en font les humains, le cœur - symbole de l’amitié et de l’amour - a aussi ses normes, son éthique. Faire place au cœur dans la construction harmonieuse de votre personnalité n’a rien à voir avec la sensiblerie ni même la sentimentalité. Le cœur, c’est l’ouverture de tout l’être à l’existence des autres, la capacité de les deviner, de les comprendre. Aimer, c’est donc essentiellement se donner aux autres. Loin d’être une inclination instinctive, l’amour est une décision consciente de la volonté d’aller vers les autres. Pour pouvoir aimer en vérité, il faut se détacher de bien des choses et surtout de soi, donner gratuitement, aimer jusqu’au bout. Cette dépossession de soi - œuvre de longue haleine - est épuisante et exaltante. Elle est source d’équilibre. Elle est le secret du bonheur. Jeunes de France, levez plus souvent les yeux vers Jésus-Christ ! Il est l’homme qui a le plus aimé, et le plus consciemment, le plus volontairement, le plus gratuitement ! Méditez le testament du Christ : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Contemplez l’Homme-Dieu, l’homme au cœur transpercé ! N’ayez pas peur ! Jésus n’est pas venu condamner l’amour mais libérer l’amour de ses équivoques et de ses contrefaçons. Jeunes de France, c’est l’heure plus que jamais de travailler la main dans la main à la civilisation de l’amour. (…) Quel chantier gigantesque ! Quelle tâche enthousiasmante ! (...) Au nom de tout l’amour que je vous porte, je n’hésite pas à vous inviter : « Ouvrez toutes grandes vos portes au Christ ! ». Que craignez-vous ? Faites-lui confiance. Risquez de le suivre. Cela demande évidemment que vous sortiez de vous-mêmes, de vos raisonnements, de votre "sagesse", de votre indifférence, des habitudes non chrétiennes que vous avez prises peut-être. Oui, cela demande des renoncements, une conversion, qu’il vous faut d’abord oser désirer, demander dans la prière et commencer à pratiquer. Laissez le Christ être pour vous le Chemin, la Vérité et la Vie. Laissez-Le être votre salut et votre bonheur. Laissez-Le saisir votre vie tout entière pour qu’elle atteigne avec lui toutes ses dimensions, pour que toutes vos relations, activités, sentiments, pensées soient intégrés en lui, on pourrait dire "christifiés". Je souhaite qu’avec le Christ vous reconnaissiez Dieu comme la source et la fin de votre existence. Voilà les hommes et les femmes dont le monde a besoin, dont la France a besoin. Vous aurez personnellement le bonheur promis dans les Béatitudes et vous serez, en toute humilité et respect des autres, et au milieu d’eux, le ferment dont parle l’Évangile. Vous bâtirez un monde nouveau ; vous préparerez un avenir chrétien. C’est un chemin de croix, oui, c’est aussi un chemin de joie, car c’est un chemin d’espérance. Avec toute ma confiance et toute mon affection j’invite les jeunes de France à relever la tête et à marcher ensemble sur ce chemin, la main dans la main du Seigneur. "Jeune fille, lève-toi ! Jeune homme, lève-toi !" ».
Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II - Extrait du Message aux Jeunes de France - Parc des Princes - 1er juin 1980
Lien : « La permissivité morale ne rend pas les hommes heureux » (Jean-Paul II)