27 mars 2008 4 27 /03 /mars /2008 14:48

Quand nous sera-t-il donné de voir le Seigneur Ressuscité, de nous extasier en Sa Présence ? En toute certitude, nous pouvons dire : à la fin de nos jours, quand notre cœur arrivera à ses derniers battements de vie, alors, oui, nous aurons le privilège et la grâce indicibles de voir Notre Seigneur, de Le rencontrer à l’horizon de l’Au-delà, parce qu’Il est la Porte (cf. Jean 10, 9), le Passage de ce monde au Père ! Nous saurons Le reconnaître et nous serons capables d’entendre Sa Voix, si, durant notre pèlerinage terrestre, nous l’aurons connu. Son Visage, Sa Personne ne nous seront pas étrangers, nous n’hésiterons pas à nous abandonner entièrement à Jésus, puisque, « ce moment » sera le point d’arrivée d’innombrables actes d’amour et de don, que nous aurons accumulés tout au long de notre existence. Cela ressemble réellement au chemin que les Apôtres ont fait avec Jésus, une route faite de confiance progressive en Lui. Nous aussi, comme eux, nous écoutons Sa Parole, nous nous familiarisons avec Sa Présence, nous nous apercevons des signes de Son Action au milieu de nous, nous devenons Ses Témoins et nous L’invoquons comme Notre Maître et Seigneur…

 

 

 

 

resurrection.jpgA nous aussi, comme aux premiers disciples, il est donné d’entrer toujours plus dans son Royaume, par la conversion qui nous amène à devenir des enfants (cf. Matthieu 18, 3). La seule différence entre les premiers disciples et nous, c’est que nous verrons le Ressuscité seulement à la fin, alors que, eux, ils L’ont vu durant sa vie terrestre. Il nous apparaîtra au moment de notre trépas, quand viendra vers nous « La lumière véritable, celle qui éclaire tous les hommes » (Jean 1, 9). Mais c’est précisément pour cela que nous serons appelés bienheureux, parce que, sans L’avoir vu auparavant, nous aurons cru en Lui (cf. Jean 20, 29) ! La foi dans la Résurrection de Jésus est le plus grand don du Ciel sur cette terre, parce que, grâce à elle, nous entrons en communion de vie avec le Ressuscité ; que de fois le Seigneur a déclaré : « Dieu en effet a tant aimé le homme qu’il a donné son Fils unique, pour que ceux qui croient en Lui ne meurent pas, mais aient la vie éternelle » (Jean 3, 16). C’est là la foi que Jésus veut trouver sur la terre à Son retour ; mais la trouvera-t-il ? Il ne le dit pas. Dans l’Evangile, il laisse cette question sans réponse (cf. Luc 18, 8), et il indique ainsi que, conserver la foi, n’est pas facile, et que c’est précisément sur cela que tout se joue : être ou ne pas être des chrétiens authentiques. Pour les Apôtres eux aussi, le risque de perdre la foi a été grand. Même s’ils vivaient avec Jésus, même s’ils avaient assisté à Ses miracles, même s’ils avaient reçu Ses enseignements les plus intimes, au moment de l’épreuve, ils ont risqué de se perdre. L’Evangile témoigne à plusieurs reprises de la difficulté à comprendre Jésus. Ils s’enfuirent tous au moment de Son arrestation, et ils l’abandonnèrent (cf. Matthieu 26, 56), parce qu’ils ne croyaient pas comme ils auraient dû croire. Nous aussi, comme les disciples d’Emmaüs, nous avons parfois « les yeux dans l’incapacité de le reconnaître » (Luc 24, 16), parce que nous avons été « des esprits sans intelligence, lents à croire ce qu’ont annoncé les prophètes » (Luc 24, 25). Les Evangiles de la Résurrection révèlent la faiblesse de la foi des premiers disciples, et indiquent que, pour tous les chrétiens, il s’agit de la même lutte, des mêmes doutes, de la même résistance de la chair vis-à-vis de l’esprit. Dans l’homme, en effet, il y a deux réalités en opposition entre elles : la matière et l’esprit. L’une le pousse aux choses extérieures, aux choses visibles, terrestres ; l’autre l’attire vers les choses intérieures, vers les choses invisibles, célestes. Saint Paul, le grand converti du Ressuscité, rappelle que, selon les choix de notre vie, nous deviendrons des hommes spirituels, ou nous resterons des hommes naturels, qui ne peuvent percevoir ce qui est surnaturel, comme, précisément, la Résurrection du Christ : « L’homme psychique (ndlr : l’homme laissé aux seules ressources de sa nature, Bible de Jérusalem) n’accueille pas ce qui est de l’Esprit de Dieu : c’est folie pour lui et il ne peut le connaître, car c’est par l’Esprit qu’on juge. L’homme spirituel au contraire juge de tout et ne relève lui-même du jugement de personne… Et nous l’avons, nous, la pensée du Christ » (1 Corinthiens 2, 14-15, 16b).

 

Pour avoir la pensée du Christ, nos devons vivre selon l’Esprit. Le Christ, en effet, est Dieu, et Dieu est Esprit (Jean 4, 24). Pour ne pas perdre la foi dans le Ressuscité, pour l’approfondir toujours plus, nous avons donc besoin de fuir le péché et de vivre dans la grâce de Dieu. En d’autres termes, il n’est pas possible de conserver la foi, si la vie est en désaccord avec ce en quoi l’on croit. Toute l’annonce évangélique est pour la conversion et pour la foi. Le « changement de vie » et la « foi sont indissociables entre eux : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ! » (Marc 1, 15). Proclamer la foi seulement avec ses lèvres, n’opère pas notre sanctification. Derrière la foi, comme soutien de la foi, en vertu de la foi, il doit y avoir la conformation de notre vie à celle de Jésus ; c’est là, on le comprend, un chemin progressif. Il est possible seulement si nous renions notre « moi » matérialiste et charnel, esclave de la « concupiscence de la chair, de la concupiscence des yeux, et de l’orgueil de la vie » (1 Jean 2, 16), comme nous l’enseigne Saint Jean. Ce petit grand « moi » ne cessera jamais de se chercher lui-même ! Alors, avec la force de la foi et de l’abandon au Christ Ressuscité, avec les parles « Jésus, j’ai confiance en Toi », proclamé avec toute la force de notre âme, nous ferons un exode en sortant de nous-mêmes, et nous irons vers le Seigneur qui vient, jusqu’à parvenir à cette rencontre définitive, quand la foi n’aura plus raison d’être, parce que nous serons transfigurés en Lui !

 

Fides

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