I. Entrée en matière
Rien n’est plus connu que ces deux mots : le bien, le mal. Et pourtant il est assez rare de savoir attribuer le mot bien à ce qui est vraiment bien, et le mot mal à ce qui est vraiment mal. La Sainte Ecriture nous apprend qu’il y a des hommes qui font, à ce sujet, la plus étrange comme la plus déplorable confusion : « Malheur à vous, dit le Seigneur par la bouche d’Isaïe, malheur à vous qui appelez mal ce qui est bien, et bien ce qui est mal, qui des ténèbres faites la lumière, et de la lumière les ténèbres, qui appelez amer ce qui est doux, et doux ce qui est amer ». (Isaïe, V, 20.)
Il est rare que l’on aille jusqu’à cette extrémité, mais combien souvent l’on hésite à appeler le bien de son nom, le mal de son nom. On craint parce qu’on ne sait pas assez, ou parce que, tout en sachant, on n’ose pas avouer ses convictions et rendre hommage à la Vérité. Il en résulte que l’âme, n’ayant pas eu la force de rendre témoignage au bien, perd quelque chose de la connaissance même du bien : car, c’est une loi de la justice divine, l’esprit paie les faiblesses de la volonté. Ces faiblesses sont le fruit ordinaire des malheureuses concupiscences, et Dieu les punit en laissant se répandre dans les esprits un commencement d’aveuglement, juste châtiment de nos défaillances et de nos lâchetés.
Afin donc que la volonté soit plus puissamment portée à s’attacher au bien et à rejeter le mal, il est souverainement important de savoir clairement où est le bien, où est le mal. Désireux de venir en aide au moins à quelques-uns de nos lecteurs, nous avons écrit ce petit travail sur les deux cités.
(à suivre…)