« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)
« Comme un pape se plaît à citer les textes des Souverains Pontifes qui l'ont précédé afin de montrer la continuité du magistère dans l'Eglise ainsi, dans le domaine liturgique, un pape peut-il employer les ornements de ses prédécesseurs pour témoigner de la permanence de la liturgie ».
C'est de cette façon que Mgr Guido Marini, le nouveau maître des cérémonies de Benoît XVI, explique la décision du Souverain Pontife d'employer les vêtements et les objets liturgiques de ses prédécesseurs. Un tel choix a été remarqué au cours des messes que le pape a célébrées aux Etats-Unis; il se remarque aussi dans le fait que, pendant la période pascale, le Souverain Pontife a préféré abandonner la croix de Paul VI pour reprendre celle qu'avait Pie IX qui, en outre, est plus légère et plus facile à tenir. Les mêmes considérations s'appliquent pour la mitre et la chape, mais aussi pour la position de la croix désormais placée au centre de l'autel pour rappeler le caractère sacrificiel de toute célébration eucharistique et l'orientation que se doit d'avoir la liturgie. C'est aussi dans cette optique qu'il faut comprendre le fait que le pape Benoît XVI ait pris l'initiative de célébrer la messe sur l'autel original de la Chapelle Sixtine à l'occasion du Consistoire : en choisissant de tourner le dos aux fidèles, le Saint-Père optait pour le respect d'une architecture sacrée dont le symbolisme résulte de l'harmonie du lieu. Selon Mgr Marini, l'élément capital qui aurait dû être souligné au cours d'une telle célébration, n'est pas le fait que le célébrant ait tourné le dos aux fidèles, mais plutôt que toute l'assemblée se soit tournée avec le célébrant vers le Seigneur, pour manifester l'attente de sa venue. Au cours d'une interview donnée au vaticaniste Andrea Tornielli, Mgr Marini a déclaré que toutes ces décisions du Souverain Pontife touchant à la liturgie devaient être comprises dans la sérénité, selon une vision ecclésiale et non idéologique des choses. La liturgie de l'Eglise, comme tout ce qui est vivant, est faite de continuité: il faudrait à ce sujet parler d'un "développement de la continuité". Cela signifie que l'Eglise avance sur le chemin de l'histoire sans jamais perdre de vue ses racine ni sa tradition vivante. Dans cette optique, il est important de reprendre certains éléments précieux et importants qui auraient été perdus en cours de route où dont le sens, au cours du temps, se serait obscurci. Le Motu proprio libéralisant la forme extraordinaire du rite romain est à situer dans cette optique. Selon Mgr Marini, il permet de réaffirmer que, dans la vie liturgique de l'Eglise, les choses doivent toujours évoluer selon un processus de continuité, sans qu'il puisse y avoir de rupture. Si l'on comprend bien le Cérémoniaire de Benoît XVI, le Motu proprio ne doit pas être utilisé pour se tourner vers une liturgie du passé, mais pour montrer que les célébrations actuelles ne peuvent exister et porter des fruits que si elles intègrent harmonieusement les éléments appartenant à toute l'histoire de la liturgie.
Pro Liturgia