10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 07:24

De même que Marie est auxiliatrice et médiatrice, l'Église est dispensatrice de salut. Pour Marie comme pour l'Église, « ni la gratuité de l'initiative divine ni la transcendance de l'action divine n'ont rien à souffrir d'une économie salutaire qui fut instituée par Dieu même » (Cardinal de Lubac, ibid). Il n'y a point de mérite co-rédempteur qui ne serait pas en entière dépendance du mérite rédempteur de Jésus-Christ. Une piété mariale catholique est orientée christologiquement et ecclésiologiquement, ouvre sur toute l'ampleur du mystère, est voie sur cette ampleur. Le dogme marial n'a de consistance et de vérité que dans son rapport à l'ensemble du dogme chrétien, dépendant du mystère du Christ et étroitement corrélé au mystère de l'Église, qui complète celui de Marie en périchorèse, selon Scheeben.

La médiation de Jésus-Christ n'est pas exclusive mais inclusive, rend possible des modes de participation, dans la communion des hommes solidaires en face de Dieu. Cependant, si elle est sur le plan de la participation de toute créature, la médiation de Marie revêt un caractère exceptionnel, dépassant fondamentalement le mode possible à tout être humain, à toute créature. Sa médiation maternelle enfante continûment de nouveaux membres du Christ dans le monde, hommes nouveaux nés de Dieu (cf. Jean 1, 13, qui lie la naissance du Christ et la nouvelle naissance des baptisés). Celle-ci se prolonge dans la maternité de l'Église, comme l'indique Luc 8, 20, 11, 28 : cette maternité réside dans l'écoute, le recueil et l'application de la Parole. Marie « continue au ciel son rôle maternel à l'égard des membres de l'Église, en coopérant à la naissance et au développement de la vie divine dans les âmes des rachetés », comme le confirme le « Voici ta mère », et, présente au milieu de la communauté à la naissance de l'Église, prolonge l'Incarnation du Christ et donne à l'Église sa personnalité maternelle. C'est sa parfaite et totale dépendance à Dieu qui fait sa gloire. À cette Mère miséricordieuse, le peuple chrétien demande spontanément secours (+), car elle désire que se manifeste la puissance messianique de son fils, étend son manteau de grâce et de sollicitude sur l'humanité, sur « tous ceux qui sont sans recours » (Hymne acathiste), sur qui s'étend la volonté divine de salut, et l'exigence de l'action apostolique, de l'offrande de la souffrance de l'Église offerte pour le monde entier.

 

Le Sénevé (Pentecôte 2005) - Journal des aumôneries de

l'École normale supérieure et de l'École des Chartes

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