« Authentique signe de contradiction, l’Encyclique Humanæ vitæ n’est pas volontiers rappelée. Sûrement à cause de son enseignement exigeant et à contre-courant ». C’est ce que regrette Gian Maria Vian, le directeur de L’Osservatore Romano, dans un éditorial consacré au 40e anniversaire de la publication par Paul VI (1963-1978) de l’Encyclique Humanæ vitæ, le 25 juillet 1968. Dans son édition du 25 juillet 2008, le journal du Saint-Siège propose plusieurs pages spéciales pour rappeler l’actualité de cette Encyclique contre la contraception artificielle qui déclencha une crise au sein même de l’Eglise.
« Défini de façon dérisoire comme "l’Encyclique de la pilule", le document pontifical est cohérent avec les nouveautés conciliaires importantes sur le concept du mariage, mais malgré cela elle fut noyée par les polémiques », souligne encore le directeur du quotidien du Saint-Siège, spécialiste du pontificat de Paul VI qui était son parrain. « Aujourd’hui face aux développements inquiétants de l’ingénierie génétique, le texte d’Humanæ vitæ apparaît lucide et prémonitoire », insiste-t-il. Pour Gian Maria Vian, « l’opposition sans précédent » contre l’enseignement pontifical qui « décida le pape à ne plus utiliser la forme solennelle de l’Encyclique » est liée « à la situation culturelle complexe de ces années et aux énormes intérêts en jeu ». Pour sa part, le cardinal Francis J. Stafford, pénitencier majeur, rappelle dans un article intitulé “1968 : l’année de l’épreuve“, « la déchirante dissension doctrinale autour de l’Encyclique de la part de certains prêtres et théologiens américains ». Le 10 mai 2008, en recevant en audience les participants au Congrès international organisé par l’Université pontificale du Latran à l’occasion du 40e anniversaire de l’Encyclique, Benoît XVI avait dénoncé une sexualité qui deviendrait « une drogue » et rappelé qu’aucune « technique » ne pouvait remplacer l’acte de procréation fondé sur l’amour. Le souverain pontife avait ainsi rappelé la condamnation de toute contraception artificielle et de la procréation médicalement assistée, en appelant à « une éducation adéquate à la sexualité » des jeunes. A cette occasion, le pape avait aussi rappelé que « ce document devint vite un signe de contradiction. Elaboré à la lumière d’une décision douloureuse, il constitue un geste significatif de courage dans le rappel de la continuité de la doctrine et de la tradition de l’Eglise ». Benoît XVI avait aussi regretté que l’Encyclique ait souvent été « mal interprétée » et « fit beaucoup parler parce qu’elle s’imposait à l’aube d’une profonde contestation qui a marqué la vie de toute une génération ».