« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)

A l’origine des tensions liturgiques

Selon un document publié sur le site internet de "L'Eglise catholique en France" et repris par d'autres sites à l'occasion de la visite de Benoît XVI à Paris et à Lourdes, "la réforme liturgique a provoqué, notamment en France, des tensions entre les fidèles adoptant cette réforme et une petite minorité qui a souhaité rester attachée à l'ancien rite, presque inchangé depuis le concile de Trente au XVIe siècle." Nous nous inscrivons en faux contre ce qui est affirmé là.

 

 

 

En effet : de nombreux documents et témoignages attestent qu'au lendemain du Concile, la tension n'est pas née entre les fidèles qui avaient accepté et adopté les principes de la réforme liturgique voulue par Vatican II et ceux qui les refusaient, mais d'abord entre les fidèles qui voulaient que le Concile soit appliqué sans être trahi, et ceux qui, au nom du même Concile, ont orchestré une désacralisation totale de la liturgie, tant dans les séminaires diocésains que dans les paroisses. Qu'on se souvienne : quand des fidèles se plaignaient de la disparition du chant grégorien, du retournement systématiquement des autels, de l'improvisation de parties entières de la liturgie, de l'arrachage des bancs de communion, de la démolition des confessionnaux, de la mise au rancart des statues, des chasubles, des ostensoirs, des encensoirs... etc., des "spécialistes" en pastorale liturgique leur répondaient : « Mais c'est le Concile qui veut ça; il faudra vous y faire ! ». Cette désacralisation faite abusivement au nom du Concile a conduit à une « dévastation » généralisée (le mot est du Cardinal Ratzinger) de la liturgie qui a entraîné la généralisation, dans nos paroisses, de messes fades, plates, insipides... parfois accompagnées de gadgets tels que rondes autour de l'autel, collage de papiers multicolores dans les sanctuaires, omniprésence de laïcs et de laïques "indispensables" dans les chœurs... etc. Tout ce que n'avait jamais ni voulu ni même envisagé le Concile ! Certains fidèles se sont habitués à de telles liturgies qu'on leur a fait prendre pour un résultat positif de Vatican II; d'autres non. Parmi ces derniers, certains ont réclamé à temps et à contretemps l'authentique liturgie issue du Concile et qui leur était - qui leur est toujours - refusée tandis que d'autres, voyant que leurs requêtes adressées aux évêques n'aboutissaient jamais, ont préféré refuser purement et simplement la liturgie restaurée à la suite de Vatican II.

 

Les tensions sont donc nées de la constatation que des évêques ne faisaient rien pour garantir aux fidèles la liturgie célébrée à partir du missel romain actuel. A cela il faut ajouter qu'au lendemain de Vatican II, il était interdit dans les séminaires diocésains - oui, interdit ! - de respecter le missel romain : les chants, les prières, les rites... devaient être recomposés par l' "équipe" de séminaristes responsable de la liturgie pour la semaine. Et le séminariste qui osait se plaindre de telles "divagations", était considéré comme n'ayant pas la vocation. Son ordination était alors différée jusqu'à temps qu'il comprenne lui-même qu'elle n'aurait jamais lieu et décide de quitter les lieux. Tel fut le vrai motif des tensions dans l'Eglise de France dès les lendemains du Concile. Plusieurs ouvrages font état de ces faits. Citons pour mémoire : Histoire des crises du clergé contemporain, 1976, éd. Téqui (très bien documenté); Ecône ou Rome : le choix de Pierre, 1998, éd. Fayard; Lettre aux Evêques; 1992, éd. Fayard; La liturgie confisquée, 2000, éd. Téqui; Un évêque français entre crise et renouveau, 2007, éd. de l'Emmanuel; la blessure, 1998, éd. Clovis.

 

Pro Liturgia

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article