13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 12:50

« Bien-aimés, voici donc le Christ exalté par la croix; le regard de l’âme ne doit pas être frappé seulement par l’aspect extérieur qui se présenta aux yeux des impies, de ceux pour qui Moïse dit : « Et ta vie sera suspendue devant tes yeux et tu craindras jour et nuit sans pouvoir croire en ta vie » (Deutéronome 28, 66). Ces hommes, dans la crucifixion du Seigneur, en effet, ne purent penser à rien d’autre qu’à leur forfait; et s’ils ont de la crainte, ce n’est pas celle qui justifie la vraie foi, mais celle qui tourmente la mauvaise conscience. Pour nous, que notre intelligence, illuminée par l’Esprit de Vérité, accueille d’un cœur pur et libre la Gloire de la Croix qui rayonne au ciel et sur la terre; que son regard intérieur contemple le sens de ces paroles du Seigneur sur l’imminence de sa passion: « C’est maintenant le jugement de ce monde; c’est maintenant que le Prince de ce monde va être jeté dehors; et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tout à moi » (Jean 3, 14).

 

0 puissance admirable de la Croix ! 0 gloire ineffable de la Passion ! Là se trouve le Tribunal du Seigneur, le Jugement du monde, le pouvoir du Crucifié ! 0ui, tu as tiré tout à toi, Seigneur, et, lorsque tu « étendais les mains tout le jour vers un peuple incrédule et obstiné à te contredire » (Isaïe 65, 2), le monde entier reçut l’intelligence pour confesser ta majesté. Tu as tiré tout à Toi, Seigneur, lorsque, pour maudire le crime judaïque, tous les éléments prononcèrent une sentence unanime; les luminaires célestes s’obscurcirent et le jour se changea en nuit; la terre elle-même fut ébranlée de secousses insolites et la création entière se refusa à servir des impies ! Tu as tiré tout à Toi, Seigneur, parce que, le voile du temple déchiré, le Saint des Saints s’est retiré loin de pontifes indignes : la figure se changea alors en Vérité, la prophétie en manifestation, la Loi en Évangile.

 

Tu as tiré tout à toi, Seigneur, afin que partout le culte de toutes les nations célébrât par un sacrement plénier et manifeste ce qui se cachait sous l’ombre des figures dans un seul temple de Judée. Maintenant, en effet, l’ordre des lévites est plus illustre, la dignité des anciens plus élevée, l’onction des prêtres plus sainte : car ta croix est source de toute bénédiction, cause de toute grâce; par elle, les croyants tirent force de la faiblesse, gloire de l’opprobre, vie de la mort. Maintenant aussi la diversité des sacrifices d’animaux prend fin et l’offrande unique de Ton Corps et de Ton Sang consomme tous les rites de sacrifices : car tu es le véritable « Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde » (Jean 1, 29), et tu achèves en toi tous les mystères; ainsi, de même que toutes les victimes font place à un seul sacrifice, tous les peuples ne forment plus qu’un seul royaume ».

 

Homélie de Saint Léon, pape (Sermon 59, 6-7 : PL 54, 340-341 - CCL 138A, 356-359 - SC 74, 60-61)

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