L’Église a toujours marqué un intérêt particulier pour le mariage et la famille. Après avoir fermement défendu l’indissolubilité du lien matrimonial au cours des siècles lorsqu’il était menacé par des croyances religieuses ou séculières erronées, l’Église a continué à défendre le mariage et la famille aux XIXe et XXe siècles. En discernant les signes des temps, les papes Pie XI dans Casti Connubii (31 décembre 1930) et Paul VI dans Humanae Vitae (25 juillet 1968) ont tous deux réaffirmé la sainteté du mariage et de la famille, en insistant tout spécialement sur ce qui la menace à l’époque moderne, à savoir le contrôle artificiel des naissances…
Le mariage est une institution divine. Pie XI écrit « ce fondement qui doit rester intact et inviolable : le mariage n’a pas été institué ni restauré par les hommes, mais par Dieu ; ce n’est point par les hommes, mais par l’auteur même de la nature et par le restaurateur de la nature, le Christ Notre Seigneur, que le mariage a été muni de ses lois, confirmé, élevé ; par suite, ces lois ne sauraient dépendre en rien des volontés humaines, ni d’aucune convention contraire des époux eux-mêmes » (Casti Connubii, n. 5). Bien entendu, le libre vouloir et le consentement des époux est nécessaire pour que le mariage soit valable, « mais la nature du mariage est absolument soustraite à la liberté de l’homme, en sorte que quiconque l’a une fois contracté se trouve du même coup soumis à ses lois divines et à ses exigences essentielles » (CC, n. 6). Paul VI écrit que le mariage « et une sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour. Par le moyen de la donation personnelle réciproque, qui leur est propre et exclusive, les époux tendent à la communion de leurs êtres en vue d’un mutuel perfectionnement personnel pour collaborer avec Dieu à la génération et à l’éducation de nouvelles vies. De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la dignité de signe sacramentel de la grâce, en tant qu’il représente l’union du Christ et de l’Eglise » (HV, n. 8). Citant Saint Augustin (De Genesi ad litteram, livre 9, chap. 7, n. 12), Pie XI identifie les trois biens du mariage comme étant les enfants, la foi conjugale et le sacrement (CC, no. 10). Le premier bien, et le plus grand, est la procréation des enfants (CC, n. 11-18 ; voir Gn 1, 28 et 1 Tm 5, 14). Par la procréation, le mari et la femme coopèrent intimement avec Dieu en assurant la continuité de la race humaine. Ils se chargent d’élever et d’éduquer leurs enfants. En raison de la nature noble du mariage, les nouveaux enfants de Dieu sont confiés aux mains de leurs parents. Le deuxième bien du mariage est la fidélité conjugale (CC, n. 19). Dans le mariage, le mari et la femme sont unis si intimement qu’ils deviennent « une seule chair » (Mt 19, 3-6 et Eph 5, 32 ; cf. Gn 1, 27 et 2, 24). Par la chasteté conjugale et l’exclusivité absolue, le mari et la femme harmonisent toute leur vie dans le soutien mutuel, le don de soi et le service de Dieu (voir 1 Cor 7, 3 ; Eph 5, 25 ; Col 3, 19 ; et CC, n. 20-30). Paul VI écrit à propos du mariage : « C’est ensuite un amour total, c’est-à-dire une forme toute spéciale d’amitié personnelle, par laquelle les époux partagent généreusement toutes choses, sans réserves indues ni calculs égoïstes. Qui aime vraiment son conjoint ne l’aime pas seulement pour ce qu’il reçoit de lui, mais pour lui-même, heureux de pouvoir l’enrichir du don de soi » (HV, n. 9). Le troisième bien du mariage est la dignité sacramentelle. Le Christ a élevé l’institution du mariage contracté entre deux baptisés à la dignité de sacrement, ce qui en fait un instrument de la grâce sanctificatrice et une représentation de l’union du Christ et de son Église (voir CC, n. 31-43 ; et HV, n. 8). Comme l’écrit Saint Paul, citant Gn 2, 24, « Car nul n’a jamais haï sa propre chair ; on la nourrit au contraire et on en prend bien soin. C’est justement ce que le Christ fait pour l’Église ; ne sommes-nous pas les membres de son Corps ? Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair ; ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église » (Eph 5, 29-32). Et Pie XI ajoute : « Par le fait même, par conséquent, que les fidèles donnent ce consentement d’un cœur sincère ils s’ouvrent à eux-mêmes le trésor de la grâce sacramentelle, où ils pourront puiser des forces surnaturelles pour remplir leurs devoirs et leurs tâches fidèlement, saintement, persévéramment jusqu’à la mort » (CC, n. 40 ; cf. HV, n. 8 et 9).
Ces trois bénédictions, la procréation des enfants, la fidélité mutuelle et, pour les baptisés, la grâce sacramentelle, sont fondamentales et inséparables dans le mariage. Puisque la question à l’ordre du jour n’était ni la fidélité ni la grâce, Pie XI et Paul VI soulignent la menace que représente le contrôle artificiel des naissances, qui détruit la première bénédiction du mariage. Encore une fois, Pie XI cite une phrase de Saint Augustin : « Même avec la femme légitime, l’acte conjugal devient illicite et honteux dès lors que la conception de l’enfant y est évitée. C’est ce que faisait Onan, fils de Judah, ce pourquoi Dieu l’a mis à mort » (De adulterinis conjugiis, livre 2, n. 12 ; cf. Gen 38, 8-10 ; CC, n. 55 ; HV, n. 11-14).