27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 09:31

1. L'Encyclique Humanæ vitæ démontrant le mal moral de la contraception, approuve en même temps pleinement la régulation naturelle de la fécondité et, en ce sens, approuve la paternité et la maternité responsables. Il faut exclure ici que l'on puisse qualifier de « responsable » au point de vue éthique la procréation dans laquelle on recourt à la contraception pour pratiquer la régulation de la fécondité. Le vrai concept de « paternité et maternité responsables » est au contraire intimement lié à une régulation de la fécondité qui soit honnête du point de vue éthique.

 

2. A ce propos, nous lisons dans l'encyclique : « Une pratique honnête de régulation de la natalité exige avant tout des époux qu'ils acquièrent et possèdent de solides convictions sur les vraies valeurs de la vie et de la famille, et qu'ils tendent à acquérir une parfaite possession d'eux-mêmes. La maîtrise de l'instinct par la raison et la libre volonté impose sans nul doute une ascèse pour que les manifestations affectives de la vie conjugale soient dûment réglées, en particulier pour l'observance de la continence périodique. Mais cette discipline, propre à la pureté des époux, bien loin de nuire à l'amour conjugal, lui confère au contraire une plus haute valeur humaine. Elle exige un effort continuel, mais grâce à son influence bienfaisante les conjoints développent intégralement leur personnalité, en s'enrichissant de valeurs spirituelles... » (HV 21).

 

3. L'Encyclique illustre ensuite les conséquences de ce comportement, non seulement pour les époux eux-mêmes, mais aussi pour toute la famille, entendue comme une communauté. Il faudra revenir sur ce sujet. L'Encyclique souligne qu'une régulation des naissances, honnête éthiquement parlant, exige des époux avant tout un comportement familial et procréatif bien précis : elle exige qu'ils « acquièrent et possèdent de solides convictions sur les vraies valeurs de la vie et de la famille » (HV 21). A partir de ces prémisses, il a fallu faire une réflexion globale sur la question, comme l'a fait le Synode des évêques de 1980 (De muneribus familiae christianae). Ensuite, la doctrine relative à ce problème particulier de la morale conjugale et familiale, dont traite l'Encyclique Humanæ vitæ, a trouvé sa juste place et sa perspective exacte dans le contexte global de l'Exhortation Apostolique Familiaris consortio. La théologie du corps, vue en particulier comme pédagogie du corps, plonge ses racines, en un certain sens, dans la théologie de la famille et, en même temps, elle y conduit. Cette pédagogie du corps, dont la clé se trouve aujourd'hui dans l'Encyclique Humanæ vitæ, ne s'explique que dans le contexte complet d'une vision correcte des valeurs de la vie et de la famille.

 

4. Dans le contexte dont on vient de parler, le Pape Paul VI parle de la chasteté conjugale et écrit que le fait d'observer la continence conjugale périodique est une forme de maîtrise de soi dans laquelle se manifeste « la pureté des époux » (HV 21). Entreprenant maintenant une analyse plus approfondie de ce problème, il faut tenir compte de toute la doctrine sur la pureté entendue comme vie de l'Esprit (cf. Ga 5, 25), que nous avons déjà étudiée, pour comprendre ce que dit l'encyclique au sujet de la « continence périodique ». C'est cette doctrine qui demeure en fait la vraie raison, à partir de laquelle l'enseignement de Paul VI définit la régulation de la natalité et la paternité et maternité responsables comme éthiquement honnêtes. Même si la « périodicité » de la continence se fait, en ce cas, selon ce qu'on appelle les « rythmes naturels » (HV 16), il reste que la continence est en elle-même une attitude morale précise et permanente, c'est une vertu et, par conséquent, toute la façon d'être guidé par elle acquiert un caractère vertueux. L'encyclique souligne assez clairement qu'il ne s'agit pas ici d'une « technique » donnée mais de l'éthique au sens propre du terme qui signifie la moralité d'un comportement. L'encyclique met donc à juste titre en relief, d'une part la nécessité de respecter dans ce comportement l'ordre établi par le Créateur et, d'autre part, la nécessité d'une motivation immédiate de caractère éthique.

 

5. Par rapport au premier aspect, voici ce que nous y lisons : « User du don de l'amour conjugal en respectant les lois du processus de la génération, c'est reconnaître que nous ne sommes pas les maîtres des sources de la vie humaine, mais plutôt les ministres du dessein établi par le Créateur (HV 13). » « La vie humaine est sacrée - comme l'a rappelé notre Prédécesseur de sainte mémoire Jean XXIII dans l'Encyclique Mater et Magistra - dès son origine, elle engage directement l'action créatrice de Dieu. » (AAS 53, 1961; cf. HV 13.) Quant à la motivation immédiate, l'encyclique Humanæ vitæ demande qu'il y ait « pour espacer les naissances de sérieux motifs dus soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints, soit à des circonstances extérieures... » (HV 16).

 

6. Dans le cas d'une régulation moralement droite de la fécondité, réalisée par la continence périodique, il s'agit clairement de pratiquer la chasteté conjugale, c'est-à-dire d'adopter un comportement éthique précis. En langage biblique, nous dirons qu'il s'agit de vivre de l'Esprit (cf. Ga 5, 25). La régulation moralement droite est aussi appelée régulation naturelle des naissances, car elle se fait en conformité avec la « loi naturelle ». Par « loi naturelle » nous entendons ici l' « ordre de la nature » dans le domaine de la procréation, dans la mesure où celui-ci entre dans le cadre de la raison droite : cet ordre est l'expression du plan du Créateur sur l'homme. Et c'est justement ce que l'encyclique, et avec elle toute la tradition de la doctrine et de la pratique chrétienne, souligne d'une façon particulière : le caractère vertueux du comportement qui s'exprime dans la régulation « naturelle » de la fécondité est fonction non pas tant de la fidélité à une « loi naturelle » impersonnelle que plutôt à la personne du Créateur, origine et Seigneur de l'ordre qui se manifeste dans cette loi. A ce point de vue, la réduction à la seule régularité biologique, détachée de l' « ordre de la nature », c'est-à-dire du « plan du Créateur », est une déformation de la pensée authentique de l'encyclique Humanæ vitæ (cf. HV 14). Ce document suppose certainement cette régularité biologique, elle exhorte même les personnes compétentes à l'étudier et à l'appliquer de façon encore plus approfondie, mais l'encyclique entend toujours cette régularité comme l'expression de l’ « ordre de la nature », c'est-à-dire du plan providentiel du Créateur, de l'exécution fidèle duquel dépend le vrai bien de la personne humaine.

 

Audience générale de Jean-Paul II, le 29 août 1984 (DC 1984 p. 1009)

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