« Sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l'homme intérieur... » (Charette)

Vérité de l’ordre établi par Dieu, par Jean-Paul II

1. Nous avons parlé précédemment de la régulation droite de la fécondité conformément à la doctrine contenue dans l'Encyclique Humanæ vitæ (HV 19) et dans l'Exhortation Familiaris consortio. La qualification de « naturelle » que l'on attribue à la régulation moralement correcte de la fertilité (suivant le rythme naturel, cf. HV 16), s'explique parce que s'y conformer correspond à la vérité de la personne et donc à sa dignité : une dignité qui revient « naturellement » à l'homme en tant qu'être raisonnable et libre. Être raisonnable et libre, l'homme peut et doit examiner avec perspicacité ce rythme biologique qui appartient à l'ordre naturel. Il peut et doit s'y conformer afin d'exercer cette « paternité-maternité responsable » qui, selon le dessein du Créateur est inscrite dans l'ordre naturel de la fécondité humaine. Le concept de régulation moralement correcte de la fécondité n'est autre chose que la relecture du « langage du corps » dans la Vérité. Les « rythmes naturels mêmes, inhérents aux fonctions génératrices » appartiennent à la Vérité objective de ce langage que les personnes intéressées devraient comprendre dans son plein contenu objectif. Il faut tenir compte du fait que le « corps parle » non seulement par toute l'expression externe de la masculinité et de la féminité, mais aussi par les structures internes de l'organisme, de la réactivité somatique et psychosomatique. Tout ceci doit trouver la place qui lui revient dans ce langage avec lequel les conjoints dialoguent comme personnes appelées à la communion dans « l'union du corps ».

 

2. Tous les efforts qui tendent à la connaissance toujours plus précise de ces « rythmes naturels » qui se manifestent par rapport à la procréation humaine, tous les efforts des conseillers familiaux et enfin ceux des époux intéressés eux-mêmes, ne visent pas à « biologiser » le langage du corps (à « biologiser » l'éthique comme certains le croient à tort) : leur but exclusif est d'assurer la vérité intégrale de ce « langage du corps » par lequel les époux doivent s'exprimer avec maturité face aux exigences de la paternité et de la maternité responsables. L'Encyclique Humanæ vitæ souligne à plusieurs reprises que la « paternité responsable » est liée à un effort, à un engagement continus, et ceci au prix d'une ascèse précise (cf. HV 21). Toutes ces expressions et d'autres semblables indiquent que dans le cas de la « paternité responsable », c'est-à-dire de la régulation moralement correcte de la fécondité, il s'agit de ce qui est le véritable bien de la personne humaine et de ce qui correspond à la vraie dignité de la personne.

 

3. Le recours aux « périodes infécondes » dans la coexistence conjugale peut devenir une source d'abus quand les époux cherchent de cette manière à éluder sans raison valable la procréation, l'abaissant au-dessous du niveau moralement juste des naissances dans leur famille. Ce juste niveau, il faut l'établir en tenant compte non seulement du bien de sa propre famille, de même que de l'état de santé et des possibilités des époux eux-mêmes, mais aussi du bien de la société à laquelle elle appartient, de l'Église et même de l'humanité tout entière. L'Encyclique Humanæ vitæ présente la « paternité responsable » comme l'expression d'une haute valeur éthique. Elle n'est d'aucune manière orientée unilatéralement vers la limitation et moins encore vers l'exclusion de la progéniture; elle signifie aussi la disponibilité à accueillir une progéniture plus nombreuse. Surtout, comme le dit l'Encyclique Humanæ vitæ, la « paternité responsable » réalise « un rapport plus profond avec l'ordre moral appelé objectif, établi par Dieu et dont la conscience droite est fidèle interprète » (HV 10).

 

4. La vérité de la paternité-maternité responsable et sa mise en œuvre sont unies à la maturité morale de la personne, et c'est ici que se manifeste bien souvent la divergence entre les éléments auxquels l'encyclique attribue explicitement la primauté et ceux auxquels l'attribue la mentalité commune. L'encyclique met au premier plan la dimension éthique du problème, soulignant le rôle de la vertu de tempérance (CEC : N°1809)  correctement comprise. Dans les limites de cette dimension il y a aussi une « méthode » adéquate selon laquelle agir. Suivant la manière commune de penser il arrive souvent que la « méthode », détachée de la dimension éthique qui lui est propre, soit mise en œuvre de manière purement fonctionnelle et même utilitaire. Si l'on sépare la « méthode naturelle » de sa dimension éthique, on cesse de percevoir la différence qui existe entre elle et les autres méthodes (moyens artificiels) et on arrive à en parler comme s'il s'agissait simplement d'une autre forme de contraception.

 

5. Du point de vue de la doctrine authentique qu'exprime l'Encyclique Humanæ vitæ, il est donc important de présenter correctement la méthode elle-même à laquelle fait allusion ce document (cf.HV 16) ; il est surtout important d'examiner en profondeur sa dimension éthique, car c'est dans ce cadre que la méthode acquiert, en tant que « naturelle », la signification de méthode honnête, « moralement correcte ». C'est pourquoi, dans le cadre de la présente analyse, il convient de fixer l'attention principalement sur les affirmations de l'encyclique concernant le thème de la maîtrise de soi et de la continence. Sans une pénétrante interprétation de ce thème nous n'atteindrons jamais ni le noyau de la vérité morale ni le noyau de la vérité anthropologique du problème. Nous avons déjà relevé précédemment que ce problème enfonce ses racines dans la théologie du corps ; c'est celle-ci (quand elle devient, comme il se doit, pédagogie du corps) qui constitue en réalité la « méthode » moralement correcte de la régulation des naissances, entendue dans sa signification la plus profonde et la plus pleine.

 

6. Caractérisant ensuite les valeurs spécifiquement morales de la régulation « naturelle » des naissances (c'est-à-dire l'honnêteté, la rectitude morale), l'auteur de Humanæ vitæ s'exprime en ces termes : « Cette discipline... apporte à la vie familiale des fruits de sérénité et de paix et facilite la solution d'autres problèmes ; elle favorise l'attention envers l'autre conjoint, aide les époux à bannir l’égoïsme, ennemi du véritable amour, et elle approfondit leur sens de la responsabilité. Grâce à elle, les parents acquièrent la capacité d'une influence plus profonde et plus efficace pour l'éducation des enfants ; l'enfance et la jeunesse grandissent dans la juste estime des valeurs humaines et dans le développement harmonieux de leurs facultés spirituelles et sensibles. » (HV 21).

 

7. Les phrases que nous avons citées complètent le cadre de ce que l'Encyclique Humanæ vitæ entend par « droite pratique de la régulation des naissances » (HV 21). Comme on le voit, celle-ci est non seulement une façon de se comporter dans un domaine déterminé mais aussi une attitude qui se fonde sur l'intégrale maturité morale de la personne et, en même temps, la complète.

 

Audience générale de Jean-Paul II, le 5 septembre 1984 (DC 1984 p. 1010)

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