23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 14:32

Dans de nombreuses Lettres Pastorales, on ne cite plus le Pape comme étant le point de référence de l’authenticité et le garant de la catholicité de l’enseignement épiscopal, mais, le Cardinal, ou le théologien, ou le laïc, même non croyant, ou le moine de renom du moment, en les considérant comme des interprètes autorisés de l’enseignement officiel de l’Eglise. En outre, on donne parfois l’impression que l’on pense que l’une de leurs déclarations, même si elle diffère de la Vérité Catholique, a un poids égal à celui d’une intervention pontificale. On procède de même dans le domaine œcuménique et interreligieux, en considérant que la voix d’un rabbin ou d’un imam puisse exprimer la pensée de tout le peuple juif, ou de tout le monde musulman, alors qu’ils n’ont pas une « hiérarchie », mais seulement des spécialistes ou docteurs « privés », n’étant ni prêtres ni « Evêques » :

 

 


Que s’est-il passé ? En oubliant que "Lumen Gentium" a réaffirmé que l’Eglise était le Peuple de Dieu, ordonné hiérarchiquement, on se livre à une soustraction et à une sourde opposition au Magistère de l’Eglise, constitué par le lien inséparable et nécessaire entre l’Evêque d’une Eglise particulière et le Pasteur Suprême de l’Eglise Universelle. Comme si on pouvait concevoir une « responsabilité locale » non en dépendance étroite et en étroite relation théologique, et donc juridique, avec le Pasteur Suprême. Les historiens considèrent que tout cela a commencé en 1968, avec la contestation de l’Encyclique "Humanae Vitae" de Paul VI. Même si, grâce aux moyens de communication de masse, quelques bribes - sans queue ni tête - de la parole du Pape arrivent à domicile, les fidèles communs ont, toutefois, le droit de la recevoir dans son entier de la part des Pasteurs des Eglises particulières, et des prêtres et des laïcs, leurs collaborateurs. Depuis les Apôtres, ce qui a fait « fonctionner » l’Eglise, a été l’assiduité à l’enseignement, une des conditions pour devenir un seul cœur et une seule âme. C’est la « Traditio » ou transmission de la foi qui se réalise de manière massive dans la catéchèse et dans la liturgie, en particulier dans les homélies. Sans Tradition de la foi, il n’y a pas de réception de la part des fidèles. Le paradoxe auquel on en est arrivé, c’est que l’on parle beaucoup de réception des documents œcuméniques, mais que, dans le même temps on met le « silencieux », ou pire encore, on censure le Magistère Pétrinien. Il est toujours bon de se rappeler que le magistère de l’Evêque n’est authentique que s’il est en communion effective (et affective) avec celui du Pape. Cinq ans après le Concile, le 8 décembre 1970, le Pape Paul VI mit en garde contre « une tendance à reconstruire, en partant des données psychologiques et sociologiques, un Christianisme étranger à la Tradition ininterrompue qui le relie à la foi des Apôtres, et à mettre en relief une vie chrétienne privée d’éléments religieux ». Un tel phénomène produit des divisions et des oppositions dans l’Eglise. Les catholiques ont-ils été peut-être contaminés par l’autocéphalie orthodoxe, ou par le libre arbitre protestant ? S’est-on mis à croire qu’il existait, comme en politique un duumvirat ou un triumvirat entre Rome, Constantinople et Moscou ? Mais cela n’a rien à faire avec les principes catholiques de l’œcuménisme, énoncés par le Concile Vatican II. Que l’on doive attaquer l’Eglise à partir du monde est physiologique, mais que cela doive venir de l’intérieur est préoccupant. Cela conditionne en effet, au moins du point de vue humain, l’efficacité de l’évangélisation. Il n’est pas rare que les fidèles quand ils entendent prêcher un prêtre ou un Evêque, d’une manière différente de celle du Pape, souffrent de la confusion que cela engendre, et demandent l’uniformité de l’enseignement ! C’est une opposition, et parfois un mépris pour l’Eglise actuelle au nom de l’Eglise future, une herméneutique qui marche toujours avec un Pape de retard : ils exaltent aujourd’hui Jean-Paul II, ceux qui l’ont catalogué de réactionnaire et de conservateur quand il était en vie. La désobéissance est un péché à confesser, par le fait aussi qu’il finit par entraîner chez les fidèles l’indifférence envers le Magistère, sans oublier la confusion et la désorientation. Seul le Magistère vivant du Pape et des Evêques en communion avec Lui - nous soulignons « en communion avec Lui » - constitue l’orientation sûre de la barque de l’Eglise même à notre époque, afin d’aider à former le jugement de foi et de morale, pour choisir le bien, et refuser le mal, à la lumière de la Vérité du Christ. Il a confié à Pierre « mes brebis », c’est-à-dire toutes. C’est là l’herméneutique catholique.

 

Fides

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