Certaines personnes - au nombre desquelles des "catholiques" - se disent choquées par les décisions prises et les propos tenus par le pape Benoît XVI. Or ce qui aurait dû choquer, ce ne sont pas les propos du Saint-Père mais bien les positions timorées de l'épiscopat français face aux attaques dirigées contre l'Eglise et contre le Successeur de Pierre. Car tout le monde peut le constater : pas un seul évêque n'est monté franchement aux créneaux ! Pas un seul n'a exigé des médias qu'ils publient l'intégralité de ce qu'à dit Benoît XVI et non un passage auquel on a fait dire n'importe quoi ! Pas un seul évêque n'a eu des arguments forts à opposer à ceux qui dénigrent l'Eglise en passant sciemment sous silence ce qu'elle fait dans les écoles, les dispensaires, les hôpitaux... On a attendu une déclaration commune des évêques pour soutenir le pape. En vain. Il n'y a pas si longtemps, nos évêques aimaient à répéter qu' "il faut oser une parole forte". On se demande aujourd'hui ce qu'ils attendent pour se mouiller en osant eux-mêmes cette "parole forte" qui aille à contre-courant de la désinformation orchestrée par les médias. Oh, il y a bien eu quelques déclarations par-ci par-là; elles furent timides, comme gênées. Aucune affirmation massive pour dire : "Nous, évêques de France, nous sommes avec le pape et nous faisons nôtres ses déclarations." Certes, il arrive que nos évêques fassent de belles déclarations. Elles sont généralement consensuelles et leurs auteurs ne risquent guère d'essuyer des critiques. Mais dès qu'il s'agit de faire bloc autour du Saint-Père, d'expliquer ses propos, de dénoncer les professionnels de la désinformation ... alors là, on ne trouve plus grand monde. Aujourd'hui, le Saint-Père est surtout défendu par des fidèles laïcs s'exprimant sur des blogs et des sites indépendants où l'on ne s'encombre pas de la bien-pensance des ecclésiastiques néo-gallicans. En paraphrasant André Frossard, disons qu'un tel silence épiscopal relève d'un christianisme poltron que seule une compréhensible retenue de style empêche de qualifier de foireux. En France, ce christianisme-là semble être devenu notre lot : nous sommes priés de nous en satisfaire en nous tenant à l'écoute, en cheminant, en bêlant avec la masse, en nous laissant interpeller, sans jamais laisser entendre que l'Eglise pourrait détenir une vérité quelconque... (Cf. Défense du pape, éd. Fayard)
Pro Liturgia