« Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer » (Luc 2, 1-4). Par ces paroles, les Actes des Apôtres décrivent l’Evénement de la Première Pentecôte de l’Eglise, celle promise par Jésus avant de monter au Ciel (cf. Luc 24, 49). Le Saint-Esprit devait venir, mais aucun des disciples n’aurait pu imaginer comment il serait venu. Du reste, le Seigneur Jésus, parlant de l’action de l’Esprit dans l’âme, l’avait comparée au « vent » (cf. Jean 3, 8), comme pour souligner que cette action était imprévisible, incontrôlable, qu’elle ne pourra jamais être enfermée dans nos schémas humains et dans nos projets humains, qu’elle échappera toujours à contre « compréhension » parce que, pourrait-on dire, l’Esprit est la Liberté Infinie de Dieu.
L’Eglise, depuis toujours, est dans les mains du Saint-Esprit. Ce ne sons pas les hommes qui décident de son cours et de son développement, mais l’unique Protagoniste de ses jours, de ses célébrations, des évènements qui tiennent du mystère, de ses œuvres fécondes… C’est toujours et seulement Lui : le Saint-Esprit qui est l’âme de l’Eglise : « L’Eglise est incessamment modelée et guidée par l’Esprit de son Seigneur. C’est un Corps vivant, dont la vitalité est précisément le fruit de l’invisible Esprit Divin » (Benoît XVI, homélie de la Pentecôte, 31 mai 2009). Jésus avait annoncé que ce serait le Saint-Esprit qui introduirait les disciples dans la Vérité tout entière, « étape par étape (cf. Jean 16, 13). Cela se réalise de manière ininterrompue depuis deux mille ans, depuis qu’il a commencé à agir avec puissance dans le cœur des Apôtres, depuis le jour de la Pentecôte. Depuis ce jour, ce sera le Saint-Esprit qui, avec son Onction, donnera une force irrésistible à leur annonce. Quand on lit par exemple les Lettres de Saint Paul, on ne peut pas ne pas être surpris par la profondeur extraordinaire de ses paroles, par l’ampleur et par l’actualité des questions qu’il aborde ; elles touchent le cœur et l’intelligence de celui qui les écouter sans préjugés, mais avec l’esprit ouvert à la Vérité. Malheureusement il semble qu’il y ait parfois, chez nous, les catholiques, peu de conscience que ces lettres, comme les Evangiles et les autres Ecrits du Nouveau Testament, ont été écrits sous la puissance de l’Esprit du Christ Ressuscité ! C’est Lui le véritable auteur de ces pages. Si l’on devait parler de « droits d’auteur » de ces écrits, il ne faudrait certainement pas les attribuer à Mathieu ou à Marc, à Luc ou à Jean, à Pierre ou à Paul…, mais au Saint-Esprit qui les inspirés ! Il ne s’agit pas de simples écrits, qui semblent « gonflés, exagérés », dans le but de faire du bien, mais ils sont la « Parole de Dieu, et pas des « paroles d’hommes ». Voilà pourquoi leur harmonie étonne elle aussi : Jean ne contredit pas Pierre, Paul ne contredit pas Marc, et ainsi de suite. Comment pourraient-ils se contredire, si l’Auteur est le même : dans les Lettres de Pierre comme dans celle Paul ! « Jésus, en effet, avait promis solennellement à ses disciples : « Le Consolateur, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon Nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14, 26). Le Saint-Esprit « leur aurait annoncé les choses futures » (Jean 16, 13), et « aurait parlé en eux » (Matthieu 10, 20), dans les moments de persécutions ! Ainsi, les Apôtres de Jésus durent « s’exercer » à accueillir l’inspiration du Saint-Esprit, à prendre des décisions avec Lui, jamais seuls. Pierre, après la Pentecôte le déclare sans ambiguïté : « Nous avons décidé, nous et le Saint-Esprit » (Actes 15, 28). « Nous et le Saint-Esprit, voilà la « formule d’action » de l’Eglise, voilà son secret, dans les débuts comme à présent. « Nous et le Saint-Esprit » : jamais seulement nous sans Lui, jamais seulement Lui sans nous, mais toujours tout par Lui, avec Lui, soumis à Lui ». Si nous voulons glorifier le Seigneur Jésus, nous avons besoin de l’action du Paraclet dans nos âmes, autrement la gloire, au lieu de la donner à Dieu, nous la retenons pour nous ! Tous les Apôtres, après avoir été fortifiés par le Saint-Esprit, ont mis de côté leurs ambitions, la recherche de la gloire humaine, qui, comme la nôtre, est plus ou moins cachée, pour faire place à la Gloire de Dieu. Avec la Pentecôte, Jésus entrait triomphalement dans leurs âmes : « Portes, élevez vos frontons, Ouvrez-vous toutes grandes portes antiques, et qu’il entre le Roi de la gloire » (Psaume 23, 7). Oui, les portes, fermées ou entrebâillées des premiers disciples de Jésus, avec la venue du Saint-Esprit s’ouvrent en grand au Christ. Il fallait ce « vent impétueux », une brise légère n’était pas suffisante. Il fallait bien autre chose, pour ouvrir le cœur et l’esprit des disciples qui, comme les nôtres, ont mille résistances et réserves envers le Seigneur, souvent cachées. Il fallait le « feu » du Saint-Esprit que Jésus était venu apporter sur la terre (cf. Luc 12, 49).
Une seule créature, présente dans ce Cénacle, connaissait un tel Baptême, connaissait cette « puissance qui vient d’En-Haut » : c’était la Très Sainte Vierge Marie. Elle en avait fait l’expérience à Nazareth, lors de la toute première Pentecôte, quand l’Esprit descendit sur elle et la fit devenir Mère du Rédempteur ! Sans la Pentecôte de Nazareth, il n’y aurait pas eu la Pentecôte de Jérusalem. La Sainte Vierge était au milieu des disciples, intercédant comme Avocate auprès de Dieu, pour attirer sur l’Eglise du présent et du futur la venue du Paraclet : l’Epouse appelait l’Epoux ! La Mère de Jésus était là, comme elle se trouvait au pied de la Croix, pour rendre témoignage à Jésus, pour Lui donner l’offrande d’une foi pure, sans l’ombre d’un doute que cela serait accompli comme l’avait annoncé son Fils. Elle seulement avait une telle foi. Elle seule pouvait l’avoir. Les Apôtres, avec Marie, se sentirent en sécurité. Il y avait l’Avocate au milieu d’eux, comme aux Noces de Cana, quand le vin vint à manquer. Ce fut elle qui obtint de Jésus le signe de la transformation de l’eau en vin. Ainsi, la Gloire de Dieu se manifesta, et les disciples crurent au Seigneur (cf. Jean 2, 11). Au Cénacle de Jérusalem, il fallait obtenir une transformation beaucoup plus grande, celle du cœur et de l’esprit des Disciples de Jésus ! Et le miracle se produisit ! Que se répète pour nous aussi, par l’intercession de cette même Mère qui est notre Avocate, le miracle de la transformation dans le Christ, qu’Elle peut et qu’Elle veut nous obtenir : « Veni Sancte Spiritus, Veni per Mariam ».