La marche de protestation organisée samedi par l’Eglise catholique contre la ratification par le gouvernement camerounais du « Protocole de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme », encore appelé le « Protocole de Maputo », a connu un grand succès populaire à Douala avec la participation de plus de dix personnes d’après les organisateurs. A l’appel de l’archevêque de Douala, le cardinal Christian Tumi, de nombreux fidèles catholiques, à qui se sont joints les Eglises protestantes, la Communauté musulmane, des associations de défense des droits de l’homme, ont organisé des « marches silencieuses » pour dénoncer ce protocole. Il s’agit en occurrence, de l’article 14 qui fait état des « droits reproductifs » et qui, selon les manifestants, « demandent implicitement aux Etats signataires de lever toutes les barrières juridiques et d’abolir les restrictions à la pratique de l’avortement, et promeut l’homosexualité, ce qui constitue un danger pour les bonnes mœurs et pour la préservation de la vie dans notre société ». Habillés pour la plupart en tee shirt noirs sur lesquels on pouvait lire, « non à l’avortement », « l’homosexualité est une abomination », « préservons la morale et la culture africaine », les manifestants ont convergé vers la cathédrale Saints Pierre et Paul de Douala pour une messe « d’actions de grâces ». Dans son homélie, l’archevêque de Douala a demandé au chef de l’Etat camerounais de ne pas engager le Cameroun dans « le chemin de la déperdition », non sans l’encourager à abroger cette ratification. « Nous osons à présent espérer, que vous ne prendrez pas les mesures d’application comme ce texte vous le demande, et même que vous ferez adopter une autre loi, l’abrogeant tout simplement. Tel est le cri des milliers de camerounais qui vous regardent ». Le protocole de Maputo adopté par l’Union africaine le 11 juillet 2003 a été ratifié il y a moins de deux mois par le Cameroun, d’où la levée de boucliers actuelle, l’Eglise catholique a d’ailleurs initié en juin dernier, une pétition visant à recueillir cinquante mille signature contre « les droits reproductifs ». Un nombre « largement dépassé », selon les organisateurs qui ont indiqué avoir recueilli « près du double ».