19 décembre 2006 2 19 /12 /décembre /2006 17:10

Pour les fidèles français, rien ne changera. En revanche, les catholiques de langue italienne, espagnole, portugaise, allemande et anglaise vont devoir s’habituer à entendre une prière eucharistique légèrement modifiée. Le cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin, dans une lettre adressée le 17 octobre aux présidents des conférences épiscopales, a attiré l’attention sur la traduction de la « formule » de consécration, au cœur de l’Eucharistie.

 

 

 

 

 

Traduction plus précise de la formule « pro multis » en langue vernaculaire

 

Dans tous ces pays, en effet, la traduction en langue vernaculaire, depuis le Missel défini par Paul VI après Vatican II, de la formule de la consécration du sang du Christ (« …qui pro vobis et pro multis effundetur ») s’énonçait jusqu’ici « …le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour tous » : « per tutti » en italien, « für alle » en allemand, « for all » en anglais, « por todos los hombres » en espagnol... Les francophones, en revanche, ont traduit par « pour vous et pour la multitude », une formulation plus proche du texte latin. Après consultation des conférences épiscopales en 2005, le cardinal Arinze (photo ci-contre) leur a demandé de préparer les fidèles « à l’introduction d’une traduction précise en langue vernaculaire de la formule “pro multis” ». La modification n’est pas exigée immédiatement. Mais elle devra figurer dans les traductions que préparent actuellement toutes les conférences épiscopales, y compris celle de la France, de la troisième édition du Missel romain, dont l’édition typique en latin est parue en 2002. Il s’agit donc du processus normal des travaux en cours de cette traduction, qui impliquera pour tous les pays d’autres retouches. L’insistance mise par cette lettre sur le « pro multis » signifie simplement que, sur ce point, Rome sera inflexible.

 

 

 

 

 

Pourquoi ce changement ?

 

La lettre du cardinal Arinze est très nuancée. Le préfet nigérian rappelle qu’« il n’y a aucun doute quant à la validité des Messes célébrées en utilisant (…) une formule équivalente à “pour tous” ». En effet, poursuit-il, la formule « pour tous » correspond à une interprétation correcte : « C’est un dogme de foi que le Christ est mort sur la Croix pour tous les hommes et femmes. » Mais, en argument central pour cette modification, le cardinal avance une plus grande fidélité aux Évangiles synoptiques, et notamment le grec « peri pollon » (Matthieu, 26, 28 et parallèles). Ces paroles du Christ renvoient aussi à Isaïe, évoquant la figure du « serviteur souffrant », en qui la tradition chrétienne voit une préfiguration du Christ, lui qui « portait le péché des multitudes et intercédait pour les criminels » (Is 53, 12). Enfin, et c’est sans doute l’argument de fond, l’expression « pour tous » peut laisser croire, explique encore le cardinal, que le salut est donné « d’une façon mécanique, sans qu’on le veuille ou qu’on y participe ». Alors que l’expression « pour la multitude » reste, elle, ouverte « à l’inclusion de chaque personne humaine », tout en reflétant également « le fait que le croyant est invité à accepter dans la foi le don qui lui est offert ».

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