En ce début de Carême, « que chacun de nous examine à quel degré il se trouve, et efforçons-nous de faire tous les jours de nouveaux progrès, car ce n'est qu'en nous avançant de vertu en vertu que nous verrons le Dieu des dieux, dans la céleste Sion. Mais c'est surtout pendant ce temps que nous devons nous appliquer à vivre en toute pureté, pendant ce saint temps, dis-je, où il a été accordé un nombre de jours certains mais courts, à la fragilité humaine, pour qu'elle ne désespère point. Car s'il nous est dit en tout temps : veillez à mener une vie toute de pureté, qui ne désespérerait point d'y réussir ? Or, nous sommes invités à cette époque de courte durée à réparer les négligences du reste de l'année, et à vivre de manière que, le reste du temps, on voie briller, dans notre conduite, des traces de cette sainte quarantaine. Efforçons-nous donc, mes frères, de passer ce saint temps dans les exercices d'une entière piété, et de travailler, en ce moment, à remettre en état nos armes spirituelles. En effet, à cette époque de l'année, il semble que l'univers entier marche en bataille rangée, contre le diable, sous la conduite du Sauveur. Heureux ceux qui auront vaillamment combattu sous un tel chef » (Extrait du 7ème Sermon pour le Carême, par Saint Bernard de Clairvaux). Introït de la Messe : « Miseréris ómnium, Dómine, et nihil odísti eórum quae fecísti, dissímulans peccáta hóminum propter paeniténtiam et parcens illis, quia tu es Dóminus Deus noster. Ps. Miserére mei, Deus, miserére mei : quóniam in te confídit ánima mea. Glória Patri… » (« Vous avez pitié de tous, Seigneur, et vous ne haïssez aucun de ceux que vous avez faits : vous dissimulez les péchés des hommes pour leur laisser le temps de la pénitence, et vous leur pardonnez ; car vous êtes le Seigneur notre Dieu. Ps. Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi ; car mon âme se confie en vous. Gloire au Père… »). Confiteor + Kyriale XVIII (Deus genitor alme)
« Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent
en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux
hommes qu'ils jeûnent […]. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et
lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais
seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu
fais dans le secret : il te le revaudra » (Matthieu VI, 16-18)
En faisant commencer le Temps du Carême par "le mercredi des cendres", la Liturgie de l'Église nous rappelle que nous ne sommes "rien" si nous n'acceptons pas la présence de Dieu dans nos vies, si nous refusons Sa grâce et si nous préférons les choses périssables du monde aux valeurs impérissables que Son Divin Fils nous propose. La cendre, obtenue en brûlant les rameaux bénis au Dimanche des Rameaux de l'année précédente, est l'image du péché et de la fragilité de l'homme, de ce qui reste du corps après que s'y soit éteint le souffle de la vie : « Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris » ; « Homme souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Genèse 3, 19). Si l'Église a établi le jeûne et l'abstinence du Carême (cf : canons), c'est pour honorer et imiter Jésus-Christ dans le désert qui a réussi à vaincre toutes les tentations du démon. A son exemple parfait, nous devons rentrer en nous-mêmes pour mieux comprendre le caractère transitoire des choses terrestres, mais aussi, rejeter toutes les tentations démoniaques qui y régnent (cf : 1 Jean 15, 19). Pendant ces 40 jours, prenons donc des moyens radicaux (mortification, pénitence, sacrifice, aumônes, etc.) en vue de détruire le péché qui infecte bien souvent notre pauvre vie. Il ne s'agit pas de faire des choses "extraordinaires" (attention à l'orgueil !) mais simplement de prendre au sérieux notre vie en ayant toujours plus conscience que nos actions ici-bas jugeront notre sort éternel (Enfer ou Paradis). Sans ce combat spirituel contre le démon, le monde et nous-mêmes, il nous sera difficile de ressusciter avec Lui au matin de Pâques. Le Carême n'est donc pas un temps de deuil mais un temps de joie et de lumière. En effet, c'est la particularité du repentir chrétien : la reconnaissance de ses propres péchés n'est pas une occasion de sombrer dans le désespoir, mais c'est au contraire la possibilité de ressentir la Miséricorde infinie du Seigneur. À la vue d'un pécheur qui demande à Dieu Sa Miséricorde, Satan et ses anges déchus hurlent de haine et de désespoir. Pourquoi ? Car notre âme se dirige vers les places éternelles du Ciel qu'ils ont eux-mêmes perdues à cause de leur révolte orgueilleuse contre Dieu (cf : Apocalypse 12, 4).
RÉSUMÉ LITURGIQUE POUR LES CENDRES
(SELON LE MISSALE ROMANUM, ANNÉE 2002)
POUR PLUS DE PRÉCISIONS, LIRE LES COMMENTAIRES DU CÉRÉMONIAIRE
Entrée dans le Temps du Carême, la Liturgie de l'Église fait disparaître "l'Alléluia" et le "Gloria" de ses célébrations
(pour les fêtes et solennités, on gardera le "Gloria", mais pas "l'Alléluia"). Exceptés pour le Dimanche Lætare,
les fêtes et les solennités, les fleurs sont interdites. Le Missale Romanum 2002 permet d'utiliser l'orgue
SEULEMENT pour "soutenir" le chant. L'orgue se fera donc le plus "discret" possible, le jeu "en solo"
n'étant pas autorisé (Instruction "Musicam Sacram", §66). La Liturgie doit se montrer "austère".
Cependant, si elle se montre "lugubre", c'est que nous sommes infectés de la plus grande des
hérésies anti-liturgiques car on oublie que la Liturgie est œuvre de Dieu. La Messe de ce
Mercredi des Cendres est célébrée en ornements violets. Antique tradition quadragé-
simale, la plus récente édition du Missel ajoute une oraison "super populum" :
• TEXTES LITURGIQUES (Tempus quadragesimæ - Feria quarta cinerum)
- Joël 2, 12-18 : Appel à la pénitence
- Psaume 51, 3 : Pitié, Seigneur, car nous avons péché
- 2 Corinthiens 5, 20 - 6, 2 : "Laissez-vous réconcilier avec Dieu"
- Matthieu 6, 1-18 : L'aumône, la prière, le jeûne comme Dieu les aime
• AD BENEDICTIONEM ET IMPOSITIONEM CINERUM :
Selon le Missale Romanum (2002), après l'Évangile et l'homélie du prêtre, il faut bénir
(aspersion obligatoire) et imposer les cendres. En imposant les cendres (les fidèles sont
traditionnellement à genoux sur les bancs de communion), le prêtre trace un signe de croix
sur chaque front avec le pouce trempé dans les cendres et dit : "Memento, homo, quia pulvis
es, et in pulverem reverteris" ("Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras
poussière" (Gn 3, 19). Le Graduale Romanum propose plusieurs antiennes. Plus facile pour les
paroisses "ordinaires", nous pouvons chanter l'hymne quadragésimale de L'ATTENDE DOMINE.
• AD LITURGIAM EUCHARISTICAM (OFFERTOIRE + COMMUNION)
Introït de la Messe : "Misereris omnium"
Illustration : Julian Falat (Popielec, 1881), artiste polonais
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