10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 16:00

« (…) L'historien Emmanuel Leroy-Ladurie me disait que les classes les plus touchées par Mai 68 avaient été les intellectuels, les membres du corps enseignant, les universitaires, les magistrats, mais aussi et surtout le clergé. C'est une page de l'histoire de l'Eglise très douloureuse, qui n'a pas encore été écrite - peut-être précisément parce qu'elle est très douloureuse (…) Mgr Pézéril, ancien évêque auxiliaire de Mgr Marty à Paris, que j'interrogeais sur le sujet, m'a confié : "La crise a été générale, profonde, terrible. Des années entières de jeunes ordonnés ont quitté le sacerdoce, etc. Ce fut épouvantable." Je crois qu'on estime le nombre des départs de prêtres et de religieux à 1500 pour la seule année 68. Entre 1971 et 1975, 960 prêtres quitteront le sacerdoce. Du jamais vu ! Une hémorragie terrifiante sur laquelle on a préféré couler une dalle de silence (...) Lorsque Mgr Vial, évêque de Nantes, pourtant plutôt "progressiste" reçoit une délégation d'Echanges et dialogue (l'organisation des prêtres contestataires), il est tellement submergé par la violence de leurs propos qu'il s'évanouit ! (...) C'était surréaliste, tout le monde parlait "marxien" ! Cela allait d'ailleurs durer l'été de la Saint-Martin : quelques jours... et puis le marxisme allait s'effondrer. Sauf dans l'Eglise. Là aussi se tient une des clés du mutisme actuel : la honte d'avoir été en retard alors qu'on se croyait en avance. (...)

 

Extrait d’un article de Famille chrétienne, N°1581

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