15 juillet 2007 7 15 /07 /juillet /2007 06:59

Marie révèle l’amour de la mère, elle dévoile l’amour que la mère voue à ses enfants et l’amour que les enfants doivent vouer à leur mère.  Saint Joseph révèle l’honneur du père : il montre quelle est la fonction constitutive du père, et ce pourquoi il est honoré. Dans le contexte moderne de « meurtre du père » et « d’effacement de l’homme (viril) », cette leçon est prodigieusement actuelle : l’honneur du père, c’est d’enraciner par l’exemple, et de faire croître par l’éducation. Le père enracine par l’exemple. Alors que la mère donne des racines à l’enfant dans l’amour surtout par le dévouement, le père enracine l’enfant dans la vérité surtout par l’exemple. Il le met en contact avec ses propres origines, il est la mémoire des sources de son être, il fait accepter à l’enfant d’être : par sa piété filiale par rapport à Dieu, aux ancêtres, à la patrie naturelle et surnaturelle ; par sa fidélité à l’épouse ; par sa constance au devoir. Les racines offertes par la mère sont féminines, à dominante d’affect. L’enracinement procuré par le père est viril, à dominante de raison, même informulée. La mère est aimée, le père admiré. Nous soulignons une tonalité structurante, nous n’affirmons évidemment pas une spécialisation univoque. Le père est celui qui montre en acte à l’enfant la loi de l’être créé : celui-ci est reçu d’un autre, et il appelle la reconnaissance. Et le devoir épanouit le fils d’homme dans la vérité, comme une noblesse qui oblige. 

 

Joseph est celui qui, humainement, met Jésus dans la Loi, rayonnement de la raison de Dieu : « quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi » (Ga 4, 4). Cet « homme juste » (Mt 1, 19) est au croisement des trois dimensions de la Parole de Dieu : il observe amoureusement la Torah, comme on le voit lors de la Présentation et du pèlerinage au Temple (Lc 2, 22 et 41) ; il est le réalisateur des Prophéties, car c’est par lui que Jésus est le fils de David (Mt 1, 20) et naît à Bethléem (Lc 2, 4) ; et il vit dans la Sagesse, qui lui inspire la sainte et juste attitude devant la grossesse mystérieuse de son épouse (Mt 1, 18-25). Le père fait croître par l’éducation. La mère fait croître par la sécurité, l’enfant est rassuré d’être « quelque chose de sa mère ». Le père aide l’enfant à croître par l’abnégation : il le pose en face de lui comme quelqu’un de distinct, qui doit collaborer, à sa façon originale, au bien commun. Il dit la loi, ordination de raison en vue du bien commun : il rend autonome dans la responsabilité. Sans ce rôle « séparant » du père (l’être qui doit savoir dire non), le rapport à la mère (l’être qui est oui à l’enfant) devient fusionnel. Immature, il étouffe la raison dans l’affectif et le gratifiant ; l’accession à l’effort constructeur, à la raison qui impose abnégation pour progresser, ne se fait pas. 

 

C’est le père qui, dans la culture classique, « nomme » l’enfant : par l’imposition du nom de famille, il transmet l’héritage ; par la désignation du prénom, il signifie la séparation. L’imposition du nom symbolise la parole d’abnégation que porte le père : un père doit au moins nommer son fils pour qu’il soit « reconnu ». Joseph nomme Jésus (Mt 1, 21) : il lui donne officiellement, au milieu de son peuple, le nom que Marie a connu, la première, dans le secret de son coeur. Joseph, lors de la circoncision, fait couler le premier sang de Jésus, prélude à ce que son nom signifie : Sauveur. Joseph, humainement, éduque Jésus : en le « sauvant » lors de la fuite en Egypte et du retour à Nazareth ; en lui apprenant le Hallel (prière d’action de grâces ou de louange composée des psaumes 113 à 118), que Jésus récitera à la Cène avec ses apôtres ; en répondant à la question que Jésus pose lors de la pâque juive : « Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les nuits ? » ; en lui enseignant le beau métier de charpentier. Joseph, modèle des évêques, des chefs et des pères, donnez-leur le courage de nous dire la parole d’abnégation qui nous dispose au salut : donnez-leur, dans une société excessivement féminisée, qui n’aime guère l’intelligence et la force, d’être des hommes." 

 

Fr. Louis-Marie de Blignières (Fraternité Saint Vincent Ferrier)

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