En France, l'Eglise se porte mal. On le sait. Même les évêques, d'habitude assez optimistes, le reconnaissent. La pratique dominicale est en chute libre; les vocations sacerdotales sont au plus bas... deux signes qui ne trompent pas.
Reste à savoir pourquoi l'Eglise se porte si mal.
N'a-t-on pas suivi et accepté les consignes et les orientation pastorales que nous donnaient nos évêques ? Si. Et c'est peut-être de là que vient une bonne partie des problèmes. Petit tour d'horizon de ces orientations épiscopales :
- pour que les fidèles comprennent mieux la liturgie, nos évêques ont demandé que les célébrations soient progressivement débarrassées du latin. Fiasco !
- pour que les fidèles puissent participer davantage à la messe, ils ont veillé à ce que le chant grégorien soit remplacé par des petits refrains. Fiasco !
- pour que les fidèles puissent mieux voir ce qui se faisait à la messe, ils ont généralisé la célébration "face au peuple". Fiasco !
- pour que les prêtres puissent être plus proches des gens, ils ont accepté l'abandon de l'habit ecclésiastique. Fiasco !
- pour que les prêtres soient davantage dans le monde, ils ont encouragé l'engagement social des clercs au détriment de leur engagement spirituel. Fiasco !
- pour relancer les vocations sacerdotales ils ont imaginé des séminaires transformés en colonies de vacances pour adolescents attardés. Fiasco !
- pour affirmer l'autonomie de l'Eglise en France, on a passé sous silence les textes magistériels. Fiasco !
- pour attirer les jeunes, ils ont encouragé les "messes-rock". Fiasco !
- pour inciter les fidèles à prendre eux-mêmes en mains la vie de prière des communautés paroissiales, ils ont mis en place des ADAP. Fiasco !
- pour relancer la pratique, ils ont inventé les "messes anticipées du dimanche". Fiasco !
- pour inciter les fidèles à recevoir le sacrement du Pardon, ils ont largement autorisé les absolutions collectives. Fiasco !
- pour intéresser les jeunes au catéchisme, ils ont édité "Pierres Vivantes" et les parcours catéchétiques. Fiasco !
- pour rendre les messes plus "participatives", ils ont encouragé la création d'équipes d'animation liturgique. Fiasco !
Non contents d'avoir essuyé autant d'échecs, nos évêques s'épuisent à présent dans la création de "secteurs paroissiaux", dans la nomination d' "équipes d'animation pastorale", dans l'organisation de "dimanches-où-il-n'y-a-qu'une-messe-pour-tout-le-secteur", de "dimanches a-liturgiques", de "funérailles sans prêtres", dans la fabrications de CD style "boys band façon catho" (1)... Et puis, il y a les derniers "trucs" à la mode qui sont assurés de faire un "flop" de plus : le "dimanche autrement" et la "messe qui prend son temps". On remarquera que le "dimanche qui est un dimanche" et la "messe qui est une messe" sont toujours ignorés de nos pasteurs. S'il y a crise dans l'Eglise qui est en France, n'est-ce pas parce qu'on a précisément réalisé servilement ce que les états-majors épiscopaux nous demandaient de réaliser, avec la naïve prétention de croire que ce qu'on faisait était nettement plus efficace que ce que le Magistère demandait de faire? Certes, des fidèles ont tiré le signal d'alarme et on attiré l'attention des évêques sur le fait que bien de leurs orientations pastorales s'éloignaient dangereusement des enseignements des Souverains Pontifes; mais à ces fidèles-là, il fut répondu qu'ils n'étaient pas dans "l'esprit du Concile" et qu'il leur fallait choisir entre se soumettre ou se démettre. Beaucoup ont choisi (mais s'agissait-il vraiment d'un choix ?) de se démettre: à quoi bon discuter avec des pasteurs - évêques, curés - qui ne veulent rien entendre et donnent l'impression de cheminer dans le monde d' "Alice au pays des merveilles" où tout est paradoxal, absurde et bizarre ? Beaucoup ont donc choisi... de "laisser tomber". Et tandis qu'ils prenaient leurs distances d'avec l'Eglise - ou plus exactement d'avec un certain clergé, mais les deux se confondent souvent - et que, du fait d'un mouvement généralisé, les messes dominicales étaient de plus en plus désertées, ils ont entendu des pasteurs leur dire : "Nos assemblées ont gagné en qualité ce qu'elles ont perdu en nombre." Il fallait oser le dire !
Il faut donc bien reconnaître, pour conclure, que si l'Eglise se porte mal en France, c'est en grande partie parce qu'on s'est appliqué pendant des années à mettre en oeuvre des orientations pastorales qui ont poussé les fidèles à progressivement ignorer les véritables enseignements du Concile, tels que les Pontifes romains demandaient de les recevoir. Tels que Benoît XVI, aujourd'hui, nous demande de les mettre en oeuvre. Si ça va mal, c'est bien parce qu'on s'est appliqué à faire très exactement ce que nous demandaient de faire certains de nos évêques, lesquels n'ont jamais tenu compte de ce que disait le pape. Là-dessus, on relira les pages de Mgr Gaidon où il est question du fonctionnement de la Conférence des Evêques de France: c'est éclairant !
(1) Prudence : La pro-pilule "Soeur Sourire" a connu les
"problèmes" qu'on sait après des années de succès.