1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 08:17

religion2.jpg« En 2004, le pape Jean-Paul II a promulgué l'Instruction Redemptionis Sacramentum afin de mettre un peu d'ordre [dans la liturgie]. Mais beaucoup l'ignorent, voire la rejettent. Quelle en est la raison ? Dans sa Règle, S. Benoît recommande de ne rien préférer à l'Office divin : "Nihil operi Dei praeponentur (43, 3)" L'idée que la liturgie soit oeuvre divine, Opus Dei, qui descend du ciel ou, comme l'affirme l'Orient chrétien, "le ciel sur la terre", s'est évanouie. Nous la fabriquons. Les autels sont devenus de petites consoles qu'il faut approcher le plus possible du peuple et non plus des sommets vers lesquels il faut monter pour le sacrifice du Christ et le nôtre. Nous ne cherchons plus à conquérir le ciel en nous élevant, comme le recommandait Simone Weil, vers les sommets, mais le ciel doit descendre jusqu'à nous. Seule la foi en la présence du Seigneur Jésus au milieu de nous peut rétablir cela. S. Ambroise rappelle au fidèle qui a reçu le baptême ce qu'il doit croire : « Crois donc que la divinité est présente en toi. Comment peux-tu croire à son action et ne pas croire en sa présence ? Comment son action pourrait-elle se produire si elle n'était précédée de sa présence ? » (S. Ambroise, De mysteriis, 8, SCh 25 bis, 158). Le mystère de la présence divine est présent du premier au dernier livre de la Bible. Beaucoup priaient Jésus afin de« les laisser simplement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui touchèrent furent sauvés ». (Matthieu 14, 36). Sa chair, offerte dans le Sacrement, est la vraie source de la vie qui guérit et transfigure l'homme : « Toute la foule cherchait à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous » (Luc 6, 19). Les causes de la crise actuelle de la foi sont multiples : dans les séminaires, on étudie Karl Barth et Karl Rahner plus que S. Augustin et S. Thomas. La spécificité de la pensée catholique n'est plus reconnue et on lui substitue une compilation de réflexions vaguement religieuses. La philosophie et la théologie sont confondues, l'ordre naturel et l'ordre surnaturel n'étant plus distingués. On tente d'imposer une foi sans dogme. Une nouvelle catégorie de "martyrs du dialogue" tend à remplacer les martyrs de la foi, manifestant ici que, pour beaucoup, le dialogue a une importance plus grande que l'annonce de la Vérité qui ouvre aux païens la richesse du mystère du Christ. L'Eglise n'est plus maîtresse mais un simple acteur dans le monde. L'autorité épiscopale est remplacée par la démocratie et la collégialité devient un régime d'assemblée. Des évêques, voire des conférences épiscopales, produisent des documents en désaccord avec ceux émanant du Siège apostolique. L'Eglise n'est plus à l'unisson pour enseigner la doctrine. Il n'est plus de bon ton d'affirmer des certitudes mais bien plutôt d'avancer des doutes. Le cogito ergo sum cartésien laisse penser que le premier acte de la raison serait le doute. C'est l'exact contraire de l'éblouissement qui agit dans la liturgie, qu'elle doit créer en nous. Cette interprétation signe la modernité. (...) Le Second concile du Vatican est considéré par les groupes progressistes comme un "super-dogme", la considération des conciles antérieurs n'ayant plus qu'un vague intérêt scientifique et historique. Dans le même temps, des groupes réactionnaires en font la source de tous les maux de l'Eglise contemporaine. Ces deux extrêmes s'accordent à répéter que le Concile fut seulement pastoral. Ils s'opposent sur la lecture des documents mais tous deux s'entendent pour les couper du contexte de la tradition catholique. (...) Heureusement que les chrétiens, outre les Saintes Ecritures, ont dans le Pape un très efficace antidote contre le conformisme. Le « pasteur de l'Eglise qui vous guide », rappelle Dante dans le Vè chant du Paradis, « celui-ci vous suffit pour votre salut ». C'est seulement dans l'obéissance que l'on peut accomplir, avec certitude, la volonté de Dieu. Il est vrai qu'un supérieur peut parfois errer, mais non pas le Pape. Celui qui lui obéit ne se trompe jamais. Le Pape est le Vicaire de Jésus-Christ et a reçu de lui les clés; on ne peut prétendre entrer dans la gloire du Père sans lui obéir, surtout dans les questions sacramentelles : « Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux » (Matthieu 16, 19). S. Ambroise rappelle que ceux qui ne reconnaissent pas la foi de Pierre n'ont pas de part à l'héritage de Pierre ». (Cf. Mgr Nicola BUX, La foi au risque des liturgies, Ed. Artège, 2011, pp. 17-21)

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